Le bon père – Santiago Díaz

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2021
(El buen padre)
Date de publication française : 2022 – Le cherche midi
Traduction (espagnol) :
Thomas Dangoumau
Genres :
Enquête policière, thriller
Personnage principal :
Indira Ramos, capitaine de police à Madrid

Une femme est sauvagement assassinée de plusieurs coups de couteau. Son mari est retrouvé couvert de sang, un grand couteau à la main. Sa culpabilité paraît évidente. Lors de son procès, il écope d’une lourde peine de prison. Un an plus tard disparaissent : le juge qui l’a condamné, son avocat et une jeune fille qui a témoigné contre lui. La police voit alors arriver un vieux monsieur de 84 ans. C’est Ramón Fonseca Fonseca, le père de l’homme emprisonné pour le meurtre de son épouse. Outre qu’il ne veut parler qu’à la capitaine Indira Ramos, il affirme être le ravisseur des trois disparus. Pour lui ces gens ont été payés pour faire condamner son fils. Il les a donc enlevés et séquestrés chacun dans un endroit différent. Tout est programmé pour qu’il meure un otage par semaine jusqu’à ce que le véritable assassin de sa belle-fille soit arrêté et que son fils soit remis en liberté. L’enquête est réouverte, mais la capitaine Indira Ramos et son équipe ne disposent que de peu de temps pour investiguer. Commence alors une course contre la montre pour sauver les otages.

Le roman s’appuie sur une intrigue sophistiquée qui nous réserve plusieurs surprises. Alors que l’on pense que l’enquête suit une direction bien établie, elle bifurque alors dans des voies tout à fait inattendues. C’est la patte du scénariste de renom pour la télévision qu’est Santiago Díaz.

L’autre élément remarquable du livre est la singularité de son personnage principal, la capitaine Indira Ramos. C’est une femme de 36 ans, pleine de manies et même de phobies. Elle a peur des microbes, elle se lave les mains dès qu’elle a touché un objet quelconque. Elle a horreur de la saleté, elle stresse dès qu’un endroit ne lui paraît pas assez propre. Elle ne supporte pas davantage le désordre, tout doit être parfaitement aligné et symétrique, que ce soit les papiers et les stylos sur son bureau où les tableaux accrochés à un mur. Si ce n’est pas le cas, elle fait une fixation sur cette anomalie et elle n’arrive plus à assimiler ce qu’on lui dit tant qu’elle n’a pas remis les choses en place. Autre caractéristique du personnage : son honnêteté et son intégrité. Elle exige le respect absolu des règles et n’hésite pas à dénoncer des collègues qui ne les respectent pas, ce qui lui vaut l’hostilité de beaucoup de ses collègues. Indira Ramos est isolée à cause de ses particularités, mais elle est efficace. C’est aussi pour ça que Ramón Fonseca l’a choisie comme seule interlocutrice. Indira est flanquée d’un adjoint, le lieutenant Moreno qui est son opposé : il est décontracté et ironique, elle le trouve négligé avec ses cheveux en permanence décoiffés et sa barbe de trois jours et en plus il porte des jeans troués dont les trous ne sont même pas répartis de façon régulière, ce qui est insupportable pour elle. Mais on dit que les opposés s’attirent, c’est vrai pour ces deux-là aussi.

Ce qu’on pourrait reprocher à ce polar, c’est une vraisemblance limite, surtout en ce qui concerne ce qu’accomplit seul Ramón Fonseca, un vieil homme de 84 ans : le kidnapping, le transport, l’enfermement dans des endroits isolés de trois personnes ainsi que la mise au point d’un système qui tue à distance. Il est gaillard le papy ! L’auteur a aussi inclus des scènes de sexe assez crues et détaillées, supposées pimenter la lecture, mais vraiment pas indispensables pour l’intrigue.

Une intrigue dense, bien construite et des personnages originaux rendent ce roman agréable et prenant malgré quelques invraisemblances.

Extrait :
— Dites-moi où se trouvent Juan Carlos Solozábal et Noelia Sampedro.
— Je vous dirai bientôt où est le cadavre de l’un d’entre eux.
— Vous êtes un putain de dingo, vous savez ça ?
— À votre place, plutôt que de m’insulter, j’utiliserais mon énergie pour retrouver l’assassin de ma belle-fille, capitaine Ramos.
Son flegme la frustre tant que l’espace d’un instant, elle perd les pédales :
— Écoutez-moi bien, Fonseca, murmure-t-elle, menaçante. Si ces deux personnes meurent, je vous jure que je m’occuperai personnellement de votre fils pour qu’il ne refoute jamais les pieds dans la rue, même si on découvrait qu’il n’a pas tué la moindre mouche de toute sa vie. C’est compris ?
Ramón Fonseca sourit, toujours aussi calme.
— Je vous ai choisie parce que je sais que vous ne vous le permettriez jamais, capitaine. Ce système corrompu m’a transformé en coupable, mais mon fils est innocent, et vous ne vous arrêterez que quand cette injustice sera réparée. Vous avez toujours été honnête, quelles que soient les circonstances, et ça ne sera pas différent cette fois.

Niveau de satisfaction :
4.1 out of 5 stars (4,1 / 5)

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3 réponses à Le bon père – Santiago Díaz

  1. JEAN-MARC LE FAOU dit :

    C’est étrange, je ne vois aucun avis sur le dernier Luc Baranger  » Dès les palissements de l’aube », alors qu’une partie se déroule au Canada !

    • michel dufour dit :

      Cher monsieur,
      Je n’ai jamais entendu parler de ce roman. Baranger a beaucoup publié au début du 21e siècle. Spehner le définissait comme « le plus connu des écrivains franco-québécois inconnus ». Je n’ai pas encore vu son roman dans quelques-unes des librairies que je fréquente. J’espère finir par mettre la main dessus, parce que la réputation de Baranger est très bonne.

    • Ray dit :

      Mon collègue Michel Dufour publie beaucoup de comptes rendus de romans canadiens, spécialement ceux écrits en langue française, les québécois. Vous comprendrez facilement que nous ne pouvons pas lire tous les auteurs canadiens et encore moins les romans dont toute ou partie de l’action se déroule au Canada. Ça n’a donc rien d’étrange que le livre de Luc Baranger ne soit pas traité dans notre blog.

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