Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2024 – Michel Lafon
Genres : Historique, guerre
Personnage principal : Simo Häyhä, tireur d’élite
Finlande, 1939.
La Russie a décidé d’annexer une partie des territoires de la Finlande. Des négociations interminables ont lieu, elles échouent. La mobilisation générale est décrétée en Finlande. Une des plus grandes puissances militaires du monde attaque alors une des plus petites nations de la planète. Côté russe, on est très confiant : on a prévu deux semaines au maximum pour balayer la petite armée finlandaise et envahir le pays. À la surprise générale, l’armée formée essentiellement de paysans et d’ouvriers inflige de cinglantes défaites à l’armée Rouge pourtant suréquipée. Trois mois après le début des hostilités, les Russes n’ont pas réussi à avancer. Parmi les soldats finlandais, un jeune paysan se distingue particulièrement par son adresse au tir, c’est Simo Häyhä, vingt ans. Ses exploits font de nombreuses victimes dans les rangs russes. Il est surnommé Belaya Smert, la mort blanche, il devient une légende. Devant la résistance acharnée des Finlandais, les Russes sont obligés d’utiliser les grands moyens.

Belaya Smert, la mort blanche
L’auteur a construit son roman sur un épisode peu connu, du moins en France, de ce qu’on a appelé la Guerre d’Hiver entre la Finlande et la Russie qui s’est déroulée de novembre 1939 à mars 1940. Il y a beaucoup de récits de combats épiques, mais l’auteur s’est appuyé sur des documents d’archives, il se veut fidèle à l’histoire, il tient à préciser qu’aucun fait d’armes n’a été inventé, ni aucune anecdote. Aucun acte de bravoure n’a été exagéré. Et des actes de bravoure, il y en a beaucoup dans ce livre. Tout d’abord ceux du petit paysan Simo Häyhä, passé de chasseur habile à redoutable sniper au point de devenir une légende dont le seul nom effraie l’ennemi : Belaya Smert, la mort blanche. Ceux aussi du légionnaire Aarne Juutilainen, surnommé l’Horreur du Maroc, ou, plus familièrement l’Horreur qui défie en permanence la mort dans des opérations à haut risque. Et aussi la Lotta (volontaire féminine de l’armée finlandaise) Leena qui soigne les blessés, n’hésitant pas à venir sur le front, elle a sauvé la vie à Simo Häyhä au péril de la sienne. Beaucoup d’autres aussi se sont distingués par leur courage et leur détermination.
L’auteur met aussi en évidence que face au courage et à l’intelligence des soldats finlandais, c’est l’incompétence de l’armée russe qui, bien que disposant d’énormes moyens, subit de gros revers. Alors que les Finlandais en uniforme blanc se confondent avec le paysage neigeux, les Russes en uniforme vert se détachent bien sur la neige, offrant ainsi de belles cibles. Cette armée dont la stratégie est pilotée par la Stavka, la direction politique de l’armée Rouge, formée d’hommes mi-politiques, mi-bureaucrates, complètement déconnectés des réalités du terrain. Les postes d’officiers sont doublés : chaque officier militaire est contrôlé par un officier politique chargé de remonter au Chef suprême, Staline, ce qui se passe sur le terrain. Pour complaire, ces courtisans écrivent des rapports mensongers et laudateurs magnifiant l’armée Rouge, mais sur le champ de bataille c’est beaucoup moins brillant, à tel point que les difficultés rencontrées par l’armée russe attirent l’attention d’Hitler qui décidera d’anticiper l’opération Barbarossa et d’envahir la Russie en juin 1941.
Ce roman est édifiant et captivant. La Guerre d’Hiver date de plus de quatre-vingts ans, mais elle renvoie à des évènements actuels. On ne peut pas lire ce livre sans faire le rapprochement avec l’actuelle guerre entre l’Ukraine et la Russie.
Les Guerriers de l’hiver a reçu le Prix Renaudot des lycéens et le prix Jean Giono pour l’année 2024.
Extrait :
Des colonnes de chars contre de vieux fusils. Un million de soldats rouges contre des ouvriers et des paysans. Mais les conflits passés racontent qu’il faut cinq soldats entraînés pour affronter un homme seul qui se bat pour sa terre, sa patrie et les siens, les mains accrochées à sa carabine, sentinelle derrière la porte de sa ferme barricadée.
Et un homme seul peut changer le cours de l’Histoire.
Au cœur du plus mordant de ses hivers,
au cœur de la guerre la plus meurtrière de son histoire,
la Finlande vit naître une légende.
La légende de Simo Häyhä, La Mort Blanche.
Il y avait pourtant eu des jours heureux, une paix chérie.
Il y avait eu un avant, un peu avant l’enfer.

Soldats finlandais
Niveau de satisfaction :
(4,3 / 5)
Je viens de lire Les brumes de Capelans de cet auteur, que j’ai beaucoup aimé, et celui-là est sur ma pile ! J’avais des a priori a son sujet (sans doute liés à son statut d’ex flic..) mais je vois qu’il est vraiment légitime en tant qu’écrivain…
J’étais comme toi, pas fan des anciens flics reconvertis en écrivains, mais il faut reconnaitre qu’Olivier Norek a fait ses preuves en tant qu’écrivain. Son dernier roman, Les guerriers de l’hiver maintient la qualité qu’on trouve dans ses précédents.