Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2019 (Estudio en negro)
Date de publication française : 2023 (Actes Sud)
Traduction (espagnol) : Marianne Millon
Genres : Thriller, enquête
Personnages principaux : M.X, Anne McCarey, Dr Conan Doyle
C’est mon premier Somoza depuis une dizaine d’années. Après avoir été fasciné par la Caverne des Idées et La Théorie des cordes, j’avais été aussi séduit par L’Appât, même si j’avais été un peu déçu par un certain manque de crédibilité. Dans le cas de Étude en noir, la crédibilité est nulle et la déception totale.
En 1882, l’infirmière Anne McCarey est engagée dans une institution psychiatrique de Portsmouth pour s’occuper d’un seul patient, Monsieur X, apparemment perdu dans un monde imaginaire. Une série de meurtres est commise autour de l’institution et X semble vouloir les élucider avec l’aide éventuelle d’un jeune médecin qu’on appelle Arthur Conan Doyle.
C’est en grande partie Anne qui raconte l’histoire. Elle est peu sympathique et peu brillante. Monsieur X a des comportements si bizarres (par exemple, jouer du violon sans instrument) qu’il passe pour un fou. Conan Doyle fascine Anne et intéresse X. L’auteur introduit un inspecteur de police, l’imbécile Merton, et son adjoint lèche-…bottes Jamieson, dont le rôle est de se fourvoyer, comme l’exige le cliché habituel. Les victimes semblent plus ou moins en liaison avec une compagnie de théâtre et, dans le contexte choisi, le théâtre semble se réduire à des spectacles vulgaires et exhibitionnistes. Les allusions aux échecs sont superficielles et le diagramme de la Défense Philidor inutile. C’est un exemple de tape-à-l’œil où l’auteur se complaît. Quant au rebondissement final, il est carrément absurde.
Finalement, ce qui n’améliore pas la situation, c’est que l’écriture est discutable (beaucoup de mots ne conviennent pas, par exemple l’utilisation de transcender), mais c’est peut-être un problème de traduction. Et surtout la composition est discutable : des passages incompréhensibles semblent recevoir une explication 50 pages plus loin. C’est sans doute, pour l’auteur, une sorte de jeu, et j’espère qu’il s’est bien amusé !
Bref, à mon humble avis, un Somoza raté.
Extrait :
Je me sentais étrangement sereine. Tête, cœur froids. S’ils devaient me renvoyer, qu’ils le fassent. Je savais que j’avais commis une faute et je savais que je n’avais commis aucune faute. Vous ne me comprenez peut-être pas, mais bon, je ne peux pas mieux dire.
Niveau de satisfaction :
(2,9 / 5)