Bien connu des services de police – Dominique Manotti

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2010 (Gallimard) et 2011 (Folio)
Genres : Policier –  Polar social
Personnages principaux : Commissaire Le Muir, Noria policière à l’IGS (Inspection Générale des Services)

Nous sommes en 2005 à Panteuil, ville imaginaire (contraction de Pantin et de Montreuil) dans la banlieue parisienne, le fameux 9-3, où sévit, selon Dominique Manotti, « Une guerre civile de basse intensité ». Au commissariat de Panteuil les flics qui ont de l’ancienneté sont racistes et organisés pour tirer eux aussi un profit des différents trafics qui se déroulent dans la zone. Ils rançonnent les prostituées venues des Pays de l’Est et s’offrent du sexe gratuitement. Les jeunes d’à peine plus de 20 ans, fraîchement sortis de l’école de police sont balancés sans ménagement sur la ligne de front. Leurs illusions seront rapidement pulvérisées par la réalité du terrain et par la politique du chiffre qui veut, par exemple, que l’on ne prenne plus de plainte pour violence conjugale car il y en a déjà eu une dans la journée, cela influerait défavorablement les statistiques du commissariat. Au dessus de ce petit monde règne la commissaire Le Muir, dite La Muraille, ambitieuse jeune femme blonde, qui a une oreille attentive du Ministre de l’Intérieur en ce qui concerne la politique sécuritaire et le nettoyage des banlieues. Pour elle la police n’est pas une institution chargée de faire respecter la loi et de maintenir l’ordre, c’est un instrument au service d’une cause idéologique, proche de l’extrême droite.

Dominique Manotti a longuement enquêté et a repris des évènements qui ont réellement existé en divers endroits pour les rassembler dans cette banlieue imaginaire de Panteuil. Il semble d’ailleurs que Panteuil soit la seule chose imaginaire : les épisodes décrits sont criants de vérité, que ce soit l’attitude des flics, les désillusions des jeunes policiers, les trafics, les arrangements avec la loi, la création de toute pièce de coupables, les faux témoignages, les magouilles immobilières et les ambitions politiques, tout cela semble plus observé qu’imaginé. Et comment ne pas faire aussi le rapprochement avec des personnages bien réels : le Ministre de L’Intérieur qui prépare sa campagne électorale en installant une paranoïa sécuritaire, son copain procureur à qui on confie le soin d’instruire une affaire délicate pour le pouvoir et aussi la commissaire conseillère du Ministre. Des noms de personnages bien réels nous viennent à l’esprit tant ceux du roman sont réalistes. Il faut préciser que Dominique Manotti est une militante, ses livres sont le reflet de ses engagements.

Le livre est court, tendu et sombre. Le style est clair, dépourvu de fioritures. C’est très efficace … et instructif !

Dominique Manotti est née à Paris en 1942, ville qu’elle habite toujours et où elle a enseigné en Faculté l’histoire économique contemporaine. C’est une militante anticolonialiste et syndicale. Auteur engagée, elle chronique notre société à travers tous les aspects économiques, sociaux et politiques. Kop a été adapté pour la télévision. Nos fantastiques années fric est devenu un film sous le titre Une affaire d’état (2009).

Ce livre a reçu le trophée 813 du meilleur roman français 2010. Dominique Manotti est l’un des rares auteurs français a avoir reçu les Dagger Awards pour Lorraine Connection en 2008.

Ma note :  4 out of 5 stars (4 / 5)

 
 
Ce contenu a été publié dans Enquête, Français, Remarquable, Social, avec comme mot(s)-clé(s) , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à Bien connu des services de police – Dominique Manotti

  1. Victoria dit :

    Heureusement qu’il y a la photo sinon le lecteur ou lectrice ne peut savoir si Dominique est un homme ou une femme Alors pour pas adopter « auteurE »
    Victoria lectrice de polar et féministe assumée

    • Ray dit :

      Bonjour Victoria. Il n’y a pas que la photo, il y a aussi le texte : la phrase précédant « Auteur engagée » (EngagéE) est la suivante : « … ville qu’Elle habite toujours et où Elle a enseigné » et puis aussi « … unE militantE anticolonialiste et syndicale … » Bon c’est vrai que j’aurais pu adopter la même orthographe que mes collègues québécois qui utilisent « auteure ». Je le ferai dorénavant. Promis !

Répondre à Ray Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.