Une canaille et demie – Iain Levison

Par Raymond Pédoussaut

unecanailleetdemieDate de publication originale : 2006 (Tiburn) levison
Date de publication française : 2006 (Liana Levi)
Genres : Thriller, humoristique
Personnages principaux : Elias, professeur arriviste – Dixon, braqueur de banques – Denise, policière du FBI

Elias White est professeur d’histoire à Tiburn Collège. Son objectif e est de publier des articles sur sa spécialité, l’Allemagne de l’entre-deux-guerres, qui le feront remarquer. Il rêve de participer à des talks show et d’obtenir une chaire universitaire. A l’occasion Elias couche avec sa jeune voisine, une fille effrontée d’à peine 16 ans. Phil Dixon, à peine sorti de prison, braque une banque en compagnie de trois de ses acolytes. Il est assez malin, ses équipiers ne le sont pas. Lors du braquage il réussit à s’enfuir après maintes péripéties, emportant un grand sac plein de billets de 100 dollars. Les autres se sont fait arrêter par la police. Dans sa fuite Dixon a été blessé. Sa cavale l’amène jusqu’à Tiburn et plus précisément à la maison d’Elias. Là il surprend les ébats du professeur et de sa jeune voisine. C’est l’occasion pour lui d’exercer un chantage sur Elias : il faut l’héberger le temps qu’il se soigne et se remette de sa blessure sinon il va divulguer à tout le monde qu’Elias saute des mineures. Elias et Dixon finissent par tomber d’accord : Dixon se cachera deux semaines dans la cave. Elias se taira sur la présence chez lui d’un braqueur recherché par la police et Dixon gardera le silence sur les galipettes d’Elias avec des mineures. Denise Lupo est agent du FBI. Elle souhaite devenir profiler. Elle n’a pas obtenu le poste souhaité qui a été attribué à un homme. Bien qu’elle ait les compétences requises, il lui manque la seule qualification qui a valu le poste à un autre : elle n’a pas de pénis. Pour la calmer et la faire taire, la hiérarchie lui a affecté un jeune et beau stagiaire qu’elle appelle Wonder Boy. Mais Denise se morfond et quand le FBI apprend que des billets de 100 dollars, dont les numéros correspondent à ceux du braquage de banque, ont fait leur apparition dans le New Hampshire à Tiburn, Denise propose d’aller enquêter sur le terrain, prétextant que ce serait bon pour la formation du jeune stagiaire. Denise et son stagiaire se retrouvent aussi à Tiburn où l’histoire va se dénouer.

Les personnages de ce roman se distinguent surtout par leur cynisme. Elias, Le professeur d’histoire, déteste enseigner. Il ne pense qu’à se faire remarquer avec des articles provocateurs qui feront sensation et seront repris dans les médias, qui feront le buzz selon une expression actuelle. Il est populaire sur le campus parce qu’il ne donne pas de mauvaises notes et qu’il réserve les meilleures notes aux jeunes filles du premier rang qui portent une jupe. A part ça, il n’hésite pas à coucher avec les jeunes filles, ses étudiantes ou sa voisine. Il possède également la plus belle collection de lettres de rupture, ses petites amies ne s’attachent pas longtemps à lui. Dixon est braqueur de banque par vocation. À peine libéré de prison il attaque de nouveau une banque. Il est intelligent et observateur. Il est fin psychologue, il sait évaluer les gens et prendre les bonnes décisions. Mais il peut aussi se tromper lourdement. Son rêve à lui c’est d’amasser suffisamment d’argent pour acquérir une ferme en Alberta où il pourra faire de l’élevage. Dixon, le bandit, est le personnage le plus humain et le plus positif du roman. Ça va lui jouer un mauvais tour. Quant à la policière Denise, elle est désabusée, ses compétences ne sont pas reconnus dans ce club de vieux garçons machos qu’est le FBI. L’enquête sur le terrain avec Wonder Boy sera le prétexte pour se défouler : elle picole, fume des joints et baise. Elle a compris que son avenir n’est pas dans la police. Ajoutons à ces portraits celui des jeunes américaines, ambitieuses et délurées qui préfèrent jouer judicieusement de leurs charmes pour obtenir ce qu’elles veulent plutôt qu’engranger un savoir inutile dans les universités.

Iain Levison ne nous montre pas l’image idéale de la Grande Amérique. Il est un observateur goguenard des ambitions et des bassesses humaines. Le ton sarcastique et l’humour permanent rendent la lecture très agréable. Pour corser le tout une fin inattendue et totalement immorale, peut faire grincer les dents de certains.

Dans son premier livre Un petit boulot, Iain Levison avait pas mal bousculé les valeurs morales en nous racontant la reconversion réussie d’un chômeur en tueur à gages. Ici il récidive, en pire ! À tel point qu’il n’a pas trouvé d’éditeur aux États-Unis. Heureusement les éditions Liana Levi ont accepté le roman qui a d’abord été publié en France. Une canaille et demie est un pavé jeté dans la mare du rêve américain. Il fait rire, sourire et parfois grimacer, surtout si on est Américain.

Extrait :
Ann était à côté de la plaque. Dans l’université, il y avait un truc qu’elle ne pigeait pas. Elle passait son temps à étudier. Elias savait que ça lui porterait tort dans sa carrière. L’étude et le savoir n’entrent guère en ligne de compte une fois assimilés les principes de base. Si vous avez étudié suffisamment pour pouvoir situer la Pologne sur une carte et si vous connaissez le nom des trois derniers présidents, le reste est surtout une question de conviction. Tout tient à l’assurance avec laquelle vous vous exprimez. Il avait essayé quelquefois de brancher Ann là-dessus et ça se terminait toujours par une dispute. L’astuce n’est pas d’être la personne la plus intelligente de la salle. Après le primaire, ça ne compte plus. L’astuce c’est de se faire remarquer.

Ma note : 4 out of 5 stars (4 / 5) unecanailleetdemie-amb

 

 

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4 réponses à Une canaille et demie – Iain Levison

  1. Fabe dit :

    Celui-là je ne l’ai pas mais tu me fait envie pour aborder l’auteur. J’en ai trois autres dont ton suivant !
    Je vais essayer ça entre des « noirs » ça me fera du bien 🙂

    • Ray dit :

      Avec Iain Levison on reste dans le noir : dans l’humour noir qui n’est pas apprécié par tout le monde. Cet auteur américain a dû se trouver un éditeur en France. Les Américains choqués ont refusé le livre. Pour aborder cet auteur, je te conseillerais plutôt « Un petit boulot ».

  2. belette2911 dit :

    Bon, il est plus que temps que je mette la main sur un de ses livres, moi !!! 😉

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