Juste une ombre – Karine Giébel

Date de publication originale : 2012 (Fleuve Noir)
Genres : Roman noir – Suspense
Personnages principaux : Cloé Beauchamp, jeune femme arriviste – Alexandre Gomez, commandant de police à Paris

Cloé Beauchamp, jeune femme de 37 ans, a de l’ambition. Elle postule pour remplacer le Directeur Général qui va partir en retraite prochainement et elle a de fortes chances d’être élue. Sa vie est une succession de combats gagnés et elle vient de rencontrer un homme charmant qui la comble. Tout va bien pour elle, jusqu’au jour où en rentrant tardivement d’une soirée elle est suivie par une ombre, un homme tout en noir avec une capuche. Elle n’est pas directement agressée mais elle a une peur terrible. Ce serait un banal incident qui se terminerait sans dommage si cette ombre ne venait à réapparaître, souvent et de façon inattendue, dans la vie de la jeune femme. L’ombre s’insinue même dans son appartement, change les objets de place, laisse des traces bien visibles de son passage. Cloé en parle à la police qui refuse de prendre en compte sa plainte par manque d’indices matériels. Elle en parle à ses amis qui ne la croient pas tellement les faits paraissent bizarres. Elle en vient à se demander si cette ombre existe vraiment ou si elle n’est que dans son imagination.

Le commandant Alexandre Gomez est un policier atypique : il est incontrôlable, n’en fait qu’à sa tête mais c’est un flic efficace, le meilleur de la division. Mais Alex cache une grande douleur : un amour total et inconditionnel pour sa femme qui va mourir car elle est atteinte de maladie incurable. De plus lors d’une intervention pour arrêter un proxénète tortionnaire, il provoque la grave blessure de son jeune coéquipier qui sera plongé dans un coma indécis quant à ses chances de survie. A la suite de cet accident, le commandant, mis en disponibilité, va être amené à s’intéresser à l’histoire de Cloé.

Toute la première partie du livre raconte en parallèle les vies de Cloé et d’Alex. On devine que ses deux histoires vont finir par se rencontrer. C’est effectivement le cas dans la deuxième partie du roman. Karine Giébel sait installer un suspense tendu. Une fois entré dans l’histoire on a du mal à lâcher le bouquin. L’intrigue rappelle celle d’un autre excellent polar de Pierre Lemaitre dont j’ai rédigé ici un article Robe de marié. Les personnages sont bien décrits : les douleurs et les fêlures des deux personnages principaux sont bien rendues, même si la culpabilité et l’attirance morbide de chacun d’eux sont un peu forcées à mon goût. Le style est dépouillé avec des phrases courtes et percutantes. L’auteur développe la psychologie des personnages principaux : des solitaires ayant chacun des blessures psychologiques profondes. Elle sait rendre palpable leurs souffrances, leur solitude. Comme dans la plupart de ses bouquins, au polar s’ajoute un aspect émotionnel fort. On sort souvent de ses romans un peu ébranlé (voir Meurtres pour rédemption). C’est assez effrayant comme histoire. La fin n’est pas celle qu’on attendait, qui serait celle d’un polar américain, c’est plus sombre avec même un arrière goût amer. C’est tout à fait voulu, Karine Giébel ne conclut jamais ses récits par une happy end. C’est un suspense intense avec frissons garantis. Un polar qui réveille nos angoisses et nos peurs intimes.

Pour terminer, soyez prévenus que le cocktail mijoté par Karine Giébel est corsé et amer, alors ceux qui préfèrent les sucreries hollywoodiennes ne le trouveront pas à leur goût.Les jeunes filles sentimentales qui auraient choisi ce livre parce qu’il est écrit par une femme risquent de finir toutes chamboulées et traumatisées. La douceur féminine n’est plus ce qu’elle était ! Les amateurs de roman noir, eux, apprécieront.

 Ma note :  4,5 / 5 

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