La Religion – Tim Willocks

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2006 (The Religion)
Date de publication française : 2009 (Sonatine) et 2011 (Pocket)
Genres : Épopée – Aventures – Historique
Personnage principal : Mattias Tannhauser, aventurier

En mai 1565 les Turcs débarquent sur l’île de Malte où sont réfugiés les soldats chrétiens et La Religion. On appelle ainsi les chevaliers de l’ordre des Hospitaliers qui se sont donné pour but de défendre les places occupées par la chrétienté devant la montée de la puissance ottomane et de la religion musulmane. Ces hommes sont commandés par le Grand Maître La Vallete. Dans ce contexte de guerre, Mattias Tannhauser, un aventurier au passé de combattant d’élite dans les troupes ottomanes de Soliman, fait son petit commerce d’opium et de pierres précieuses jusqu’à ce qu’il soit attiré vers les rets de la Religion grâce à un appât de charme : la belle comtesse Carla La Penautier et son étrange servante Amparo. Tannhausser va passer dans les rangs des chrétiens pour servir de conseiller de guerre et de capitaine dans les troupes de La Valette. Ainsi il aura combattu des deux côtés.

Le procédé narratif utilise l’ordre chronologique des évènements. La période principale va de mai 1565 à septembre 1565, elle est centrée sur le siège de Malte par les armées ottomanes de Soliman.

Les personnages sont consistants : le héro principal Matthias Tannhauser est un grand gaillard tout en contrastes : féroce dans les combats, il ne fait par de quartier à ses ennemis mais il est ému aux larmes en entendant la viole de gambe. Il est cultivé et sait se montrer délicat et attentionné avec les dames mais c’est aussi un redoutable tueur qui a officié dans les deux camps. Il y a de nombreux personnages secondaires qui ont beaucoup de présence et sont très typés.

L’écriture est magnifique, pleine de poésie par moments. Le style lyrique vous emporte dans le temps. Grand sens épique de l’auteur. Beaucoup de talent et de maîtrise de l’écriture chez Willocks.

Les comptes rendus des combats épiques rendent bien le fanatisme existant des deux côtés, la rage et la détermination avec lesquelles les combattants s’étripent au nom de leur Dieu. La description de ces combats paraîtra peut être un peu répétitive voire lassante à certains mais elle met bien en évidence la lutte acharnée, la fureur des combattants, l’héroïsme des assiégés et le sens stratégique de La Vallette. L’horreur des combats a quelque chose de fascinant dans sa démesure. La cruauté la plus sauvage alterne avec des moments de répit pleins de tendresse.

A côté des combats, l’auteur montre aussi l’ambition, les manipulations, les magouilles des prélats catholiques et le côté obscur de leur force : l’inquisition.

Ce bouquin est un plat consistant, si vous n’avez pas d’appétit il ne faut pas s’y attaquer car vous allez très vite friser l’indigestion. Les longs combats sanglants et la boucherie racontés en détail peuvent paraître rébarbatifs. Si vous n’êtes pas effrayés par les récits de carnages et si avaler un pavé de 950 pages ne vous rebute pas, ce livre vous procurera beaucoup de plaisir et il éclairera d’une lumière particulière un évènement historique assez méconnu.

Pour terminer je précise que ce livre est systématiquement positionné dans le rayon polar (à Toulouse du moins) mais qu’il n’a absolument rien d’un polar. Je ne vais pas m’en plaindre car si je ne l’avais pas trouvé dans ce rayon, je ne l’aurais probablement pas acheté. Ce n’est pas un polar mais c’est un excellent roman.

Ma note : 4.5 out of 5 stars (4,5 / 5) 

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7 réponses à La Religion – Tim Willocks

  1. Jean-Marc dit :

    Moi j'ai tout aimé, adoré même, y compris, et peut-être surtout les combats …
    Et pour les toulousains, Tim Willocks est un des invités du 4° ssalon Toulouse Polars du Sud du 1é au 14 octobre …

  2. ingannmic dit :

    Bonsoir,
    Ravie que cette superbe mais effectivement sanglante épopée vous ait plu… Je dis ça comme si c'était moi qui l'avait écrite, alors que je ne suis en réalité qu'une modeste fan de Tim Willocks !
    (Je vous conseille, si vous ne les avez pas lus, "Green River" et "Bad City Blues, toujours au rayon polar…).
    Bonne soirée.

  3. Athalie dit :

    beaucoup moins, voulais-je dire … Ce que c'est que de ne pas se relire !

  4. Athalie dit :

    Bonjour,
    Un pavé consistant à dévorer saignant …. C'est épique, gros, gras, mais drôlement bon. Tout à fait d'accord sur le côté répétitif des descriptions de combats, des carnages, ce qui fait qu'au bout d'un moment, je les ai survolées vite fait, juste pour vérifier que les héros s'en sortaient … Cette "liberté" ne nuit pas à la qualité de l'écriture que vous soulignez.

    • Ray dit :

      Merci pour votre commentaire, vous avez gagné un lien vers votre site !
      Moi, je n'arrive pas à survoler ou sauter des pages : parfois je souffre mais courageusement je continue … ou alors j'arrête carrément, mais c'est très exceptionnel, il faut vraiment que je n'en puisse plus.

      • Athalie dit :

        Merci pour le lien ! (Je vais faire de même). Je ne parle pas que de polars comme vous l'avez sans doute vu, tout simplement parce que j'en lis beaucoup qu'avant. Mais j'ai noté quelques titres ici qui me disent bien.
        A bientôt donc.

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