La forêt des disparus – Olivier Bal

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2021 – Éditions XO
Genre :
Thriller
Personnages principaux :
Paul Green, ancien journaliste – Charlie adolescente de 13 ans – Lauren, adjointe au shérif de Redwoods

Redwoods, Oregon, 1204 habitants, est une des bourgades les plus isolées de l’état. Située entre l’Océan Pacifique et une forêt millénaire à laquelle la ville doit son nom, elle pourrait être un patelin anonyme et sans histoire. Mais ce lieu détient le record du plus grand nombre de disparitions des États-Unis. Chaque année, ce sont plus d’une vingtaine de personnes qui s’évaporent dans la forêt. Paul Green, ancien journaliste, s’est installé dans un vieux chalet il y a cinq ans. Pour les habitants de Redwoods, il reste l’Étranger. Un soir une gamine de treize ans frappe à sa porte. Elle est affolée, le visage griffé, les mains en sang et les vêtements déchirés. C’est Charlie, une adolescente à part, un peu sauvage. Elle implore Paul de la cacher chez lui pendant quelque temps. Elle est effrayée mais ne veut pas dire pourquoi. Avec réticence Paul accepte de l’héberger pour la nuit. Il ne le sait pas encore, mais pour lui c’est la fin de la tranquillité.

Le cadre dans lequel l’histoire se déroule tient une part importante. Il s’agit d’une forêt dense dans laquelle trône un immense séquoia. C’est à la fois le cœur de la région, ce qui fait l’identité de la ville qui porte le même nom et un lieu maudit dans lequel disparaissent des randonneurs de passage. D’ailleurs, ce n’est que des étrangers qui s’évanouissent dans cette forêt. C’est toujours le même scénario : un randonneur ou un touriste en virée, s’est engagé dans les bois, on ne l’a plus revu, les recherches sont lancées, elles sont infructueuses et la vie continue jusqu’à la prochaine disparition. Le fait que ça ne soit pas quelqu’un du coin qui se volatilise est considéré par les autochtones comme un moindre mal, cela ne les touche pas vraiment. Personne ne veut savoir ce qui se passe réellement. Les habitants préfèrent se noyer dans le déni plutôt que faire face à la réalité. Au passage l’auteur fait en creux la critique de la xénophobie et du refus des étrangers.

La jeune Charlie a vu quelque chose qui la terrifie et elle sent qu’elle ne peut faire confiance qu’à quelqu’un qui n’est pas de Redwoods, un étranger : Paul Green. C’est un ancien journaliste qui s’est retiré dans ce coin qu’il imaginait tranquille pour fuir les cicatrices du passé. Paul finit par se prendre d’affection pour cette gamine bizarre qui ne veut rien dire. Finalement, les anciens réflexes de journaliste de Paul vont reprendre le dessus. Il y a quand même quelqu’un natif du coin qui veut faire la lumière sur ces événements, c’est Lauren, la première adjointe du shérif. C’est elle qui a pris en charge le dossier des disparus de Redwoods. Elle n’est pas vraiment aidée, mais sa ténacité va faire avancer les choses.

La forêt des disparus est un roman choral à multiples voix qui permet de comprendre, à partir de plusieurs points de vue, les événements présents en remontant jusqu’à la création de la ville. Ainsi les mystères qui entourent Redwoods sont progressivement dévoilés.

Une forêt sombre, un village effondré, des souterrains obscurs, des créatures effrayantes et une divinité encore vénérée de nos jours nous font agréablement frémir dans ce thriller parfaitement maîtrisé.

Extrait :
Il y a un autre enterrement prévu demain, celui de Howard Hale lui-même. Y aura-t-il autant de monde ? Peut-être même plus. Sa complicité dans l’affaire des disparus n’a pas encore été divulguée. Pour tous, c’est un drame terrible qui touche la ville. Perdre ainsi leur maire historique, celui qui dirige Redwoods depuis plus de vingt ans… Personne ne semble chercher à comprendre, personne ne s’interroge vraiment. Les habitants de Redwoods sont prêts à tout pour garder les yeux fermés, encore un peu, quitte à se coudre les paupières pour rester dans le déni… Le monde a beau s’écrouler autour d’eux, tant que leur petite vie bien ordonnée ne vacille pas, ils ne réagissent pas. C’est totalement aberrant…

Pearl Jam (parce que la musique ne s’est pas arrêtée en 1970 !).
Je souris et j’enclenche le morceau.

Des guitares qui tabassent, une batterie qui pousse derrière, une voix qui monte et qui scande : « I’m still alive. »

Pearl Jam – Alive

Niveau de satisfaction :
4.2 out of 5 stars (4,2 / 5)

 

 

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