Conduite dangereuse – Guillaume Morrissette

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2021 (Guy Saint-Jean éd.)
Genres :
enquête, thriller
Personnage principal :
Inspecteur Jean-Sébastien Héroux, police de Trois-Rivières

Ce roman se présente comme une sorte de suite à L’Affaire Mélodie Cormier, le premier polar de Morrissette publié en 2015. Coupable d’avoir enlevé une enfant de dix ans dans le but de ressouder un couple sur le point de s’effriter, Marie-Claude Lanteigne se terre à Toronto depuis deux ans. Lasse de son travail dans un marché du Chinatown et craignant d’avoir été reconnue, Marie-Claude décide de revenir à Trois-Rivières et de se livrer à la police sous certaines conditions.

À Trois-Rivières, elle rencontre par hasard Luc Bellefeuille, condamné pour avoir tué, alors qu’il conduisait en état d’ébriété, Judith Morand, amie et ex-coloc de Marie-Claude; libéré après deux ans de prison pour bonne conduite. Hypersensible aux injustices, Marie-Claude, qui constate d’ailleurs qu’il continue de conduire en étant saoul, décide que Judith mérite d’être un peu mieux vengée : elle le kidnappe ! Elle ne veut pas le tuer, seulement lui faire peur. Ce petit détour retarde le rendez-vous qu’elle a avec l’inspecteur Héroux qui, quasiment en état de panique, monopolise presque toute la police de la région pour la retrouver.

L’intrigue en soi est insuffisante pour faire 400 pages; aussi Morrissette prend soin d’intercaler des parenthèses collatérales : Héroux et son épouse chez eux, Landry et son cancer, l’animosité Héroux/Chamberland et leurs équipes, longues introspections de Marie-Claude… On a déjà observé que Morrissette décrivait avec brio la vie dans un poste de police; dans ce cas-ci, les démarches des enquêteurs sont décrites dans les moindres détails, du tassement d’une chaise à la découverte d’une feuille de papier. Et les enquêteurs sont très nombreux : même si les coéquipiers de Héroux nous sont un peu familiers, ils passent très vite, sauf Jérôme handicapé par un début de cancer, et Brigitte qui entretient une relation ambigüe et plaisante avec le professeur Wilson. Et puis, comme pour créer une ambiance dramatique, l’auteur force le caractère de l’inspecteur Héroux, qui devient rancunier, heurté dans son orgueil, colérique et qui finit par perdre les pédales; « Je deviens émotif comme un adolescent », plaide-t-il.

Bref, l’enquête ne lève pas et ça manque de crédibilité. Un roman fort décevant.

Extrait :
Le lieutenant marcha d’un pas rapide en direction de la salle de rencontre numéro deux. Son intuition lui disait qu’il ne pouvait pas rester les bras croisés à attendre que Lanteigne débarque tout bonnement sur le pas de la porte du poste de police. Qu’avait-elle réellement en tête ? Il fallait prendre les devants. Héroux avait donc décidé de mobiliser l’ensemble des troupes pour un court moment.
Alors que l’équipe était sans capitaine depuis trop longtemps, l’ambiance se détériorait peu à peu dans l’immeuble du boulevard Des Forges; et l’attitude du lieutenant Chamberland n’y était pas étrangère. Ignoré au premier tour pour remplacer Kimpton, il avait encaissé le choc et compris qu’il ne monterait pas en grade dans la police de Trois-Rivières. Personne ne savait s’il avait cherché du boulot ailleurs ou pas, il trouvait toutes les raisons possibles pour s’absenter et ne se gênait pas pour critiquer ouvertement le travail de certains subordonnés.

Parc Laviolette et pont

Niveau de satisfaction :
3 out of 5 stars (3 / 5)

 

 

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