Les Incandescentes – C.J. Tudor

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2021
(The Burning Girls)
Date de publication française : 2022 – Pygmalion
Traduction (anglais) :
Thibaud Eliroff
Genre :
Thriller
Personnages principaux :
Jack Brooks, pasteur à Chapel Croft, petit village du Sussex – Flo, 15 ans, fille de Jack

Le révérend Jack Brooks était pasteur à Nottingham. Suite à un évènement dramatique qui s’est produit dans sa paroisse, il est muté contre son gré à Chapel Croft un petit village du Sussex. Lorsqu’il débarque dans ce patelin, il peut tout de suite constater que le changement avec la grande ville est complet : pas de réseau internet, le téléphone mobile ne passe qu’en certains endroits et la chapelle est vraiment étrange. Mais elle décide de faire contre mauvaise fortune bon cœur et de s’adapter à son nouvel environnement. Car le révérend Jack Brooks, malgré son prénom, est une femme. Une femme dans la quarantaine accompagnée de sa fille de 15 ans, Flo. Dans ce trou du cul du monde, comme le dit Flo, la vie n’y est pas si paisible qu’on pourrait le croire. Elles vont vite découvrir qu’une suite d’évènements traumatisants a secoué cette petite communauté, il y a longtemps, mais aussi beaucoup plus récemment et qu’il est malvenu de mettre son nez dans les secrets des autres, ici encore plus qu’ailleurs.

L’intrigue qui s’annonçait assez pépère au vu des acteurs principaux, un pasteur et sa fille, devient de plus en plus complexe au fil des nouvelles révélations, elle devient palpitante au fur et mesure qu’on avance dans le récit et finit en un thriller haletant. Belle maîtrise de l’intrigue de la part de l’autrice.

L’ambiance mise en place est parfois glauque et toujours pleine de mystères, à l’instar des incandescentes, ces poupées de brindilles qu’on brûle pour commémorer les martyrs du Sussex, ces villageois qui sont morts sur le bûcher durant les purges de la reine Mary Ire contre les protestants. Les incandescentes servent aussi à signifier une menace sourde quand elles sont déposées à l’intention de quelqu’un. Une chapelle qui par sa configuration suscite plus l’angoisse que la sérénité, un prédécesseur qui s’est pendu, des apparitions fantomatiques, une crypte secrète et une maison abandonnée flippante complètent le décor. Une belle atmosphère donc, inquiétante et un brin gothique.

Les personnages sont aussi réussis. Le révérend Jack est avant tout une mère qui essaie de protéger sa fille sans être trop étouffante. Elle essaie toujours de trouver le difficile équilibre entre la prudence et la liberté. On va aussi découvrir que Jack a un lourd passé et qu’elle cache soigneusement quelques secrets. Flo, sa fille est respectueuse de sa mère, mais elle est aussi impertinente et éprouve le besoin de s’affranchir, se mettant ainsi bien involontairement en danger. À côté de ces deux-là, nous trouvons toute une galerie de personnages secondaires plus ou moins fréquentables dont certains, les plus dangereux, cachent bien leur jeu.

L’écriture (et donc la traduction) est claire et précise. Quelques touches d’humour viennent agrémenter la lecture.

Les incandescentes est un thriller enlevé, plein de suspense et de tension. Bien écrit, original par son personnage principal, avec une intrigue solide et une ambiance oppressante. Un bon polar, tout à fait recommandable.

Extrait :
Quel genre de femme suis-je ?
Je voudrais répondre qu’au fond de mon cœur, je suis une femme de bien, une femme qui a essayé de vivre sa vie le mieux possible, d’aider les autres, de répandre la bonté autour d’elle.
Mais je suis aussi une femme qui a menti, volé et tué.
Nous avons tous la capacité de faire le mal. La plupart d’entre nous penseront avoir de bonnes raisons de le faire. Je ne crois pas que quiconque soit né avec le « mal » en lui. L’acquis surpasse l’inné. Cependant, je reste convaincue que certains sont nés avec un plus grand potentiel de malfaisance. Quelque chose de génétique, peut-être, qui, lorsqu’il se combine avec l’environnement, produit des monstres. Comme Grady. Comme Wrigley.
Comme moi ?
Est-ce que je ressens de la culpabilité pour les vies que j’ai prises, pour les mensonges que j’ai proférés ? Est-ce que ça m’empêche de dormir ? Parfois. Mais pas souvent. Est-ce que ça fait de moi une psychopathe ? Ou une survivante ?

Poupées de brindilles

Niveau de satisfaction :
4.2 out of 5 stars (4,2 / 5)

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