Bastion – Jacky Schwartzmann

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2025 – Seuil
Genres : Thriller, Humour
Personnage principal :
Jean-Marc Balzan, célibataire retraité

Jean-Marc est un vieux garçon, pas de femme ni enfant, sa seule attache est son ami de toujours : Bernard. Nouvellement retraité, Jean-Marc apprend que Bernard s’est engagé dans l’équipe de campagne d’Éric Zemmour, candidat d’extrême droite, pour la présidentielle de 2027. Estimant que c’est une des sottises dont son ami se rend régulièrement coupable, Jean-Marc décide de le sortir de cette mauvaise situation. Pour lui venir en aide, il ne trouve rien de mieux que d’intégrer le groupe d’ultradroite dont fait partie Bernard, il sera ainsi à ses côtés pour lui éviter tout faux pas. Il réussit si bien son intégration qu’il devient une des chevilles ouvrières de l’organisation d’extrême droite. Il est alors impliqué dans des projets aussi effrayants que dangereux. Il ne sait plus comment se dégager du piège dans lequel il s’est mis lui-même.

Dans ce nouveau roman, Schwartzmann s’attaque à la politique. Mais ici pas de discours, pas de diatribe, pas d’arguments, pas de théorie, juste des observations sarcastiques et grinçantes qui sont la marque de fabrique de cet auteur. La politique lui permet d’aborder beaucoup d’autres sujets de la société, tels que : – les courses des retraités un lundi matin dans un Super U – l’humanitaire blanc – les jeunes d’origine algérienne qui ne se sentent pas français – les prostituées véritables horodateurs à fellations – les bobos et les peoples – les prolétaires et les bourges – les noirs dans le football – le racisme – les cathos intégristes – les chaînes d’information … et j’en passe. Une palette aussi étendue que diverse qui fait qu’on ne s’ennuie jamais à la lecture de ce livre.

De la politique elle-même, il en est aussi question. De la pauvreté des idées de l’extrême droite par exemple : si tu es pauvre, c’est à cause des étrangers. Il y a une critique des idées de Zemmour et de Zemmour lui-même : un grand bourgeois aux ongles incarnés, islamophobe aux fantasmes de pouvoir … son sourire de maigrichon. Plus les types sont gaulés comme du gingembre, plus leur discours est viriliste. Finalement Schwartzmann en déduit que le meilleur responsable politique c’est ChatGPT : une intelligence artificielle disposant d’un savoir total, mais sans idéologie, sans culture particulière, sans goût, sans amitié et, surtout, sans appétit.

Jean-Marc Balzan, est le personnage principal du roman. C’est un retraité, resté célibataire à cause d’une inaptitude au mariage. Il n’en souffre pas le moins du monde, il était tranquille et peinard, l’amitié de son copain Bernard lui suffisait. C’était avant qu’il n’entreprenne la mission de sauvetage de son vieil ami, parce qu’après ça devient beaucoup plus agité et pour tout dire beaucoup plus dangereux. Comme il ne manque pas de ressources, son esprit d’initiative et son imagination le font remarquer par les cadres de l’équipe de campagne de Zemmour, il va devenir un des piliers de l’organisation. Après, il faut sortir de cette situation, c’est le plus délicat et le plus périlleux.

Bastion est en mélange réussi de thriller et de roman humoristique. C’est drôle et enlevé, la gouaille et les critiques féroces s’y côtoient de façon jubilatoire.

Extrait :
C’est drôle à quel point il a des idées sur tout. Il y a tant de sujets sur lesquels je me sens, moi, tout à fait incompétent. Lui, non. Il a son idée, toujours, que vous lui parliez de formule 1, de physique quantique ou de la dynastie des Romanov. Inutile de préciser que le sujet du soir est très ciblé : l’élection présidentielle. Didier. La gouaille. L’analyse de comptoir. Il y a un truc que je ne comprends pas, c’est cette passion pour Zemmour, alors même que Le Pen est quasiment assurée de remporter la présidentielle. Je l’interroge là-dessus :

– Mais pourquoi vous ne vous contentez pas du RN ? Ça y est, c’est leur tour. Et les idées sont les mêmes.
– Tu plaisantes ? Marine attend les sondages pour avoir des convictions. Et Bardella, tu parles d’un meneur… Ça suffit pas d’avoir la gueule d’OSS 117. Le RN, c’est trop tiède. Et franchement, Marine ne dit rien de plus que ce que disait Jean-Pierre Chevènement il y a vingt ans. Je vais te dire, Jean-Marc : la fille Le Pen, c’est comme Mad Max, mais sans les bagnoles. Nulle à chier !

Niveau de satisfaction :
4.3 out of 5 stars (4,3 / 5)

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