Les preuves de mon innocence – Jonathan Coe

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2024 (The Proof Of My Innocence)
Date de publication française : 2025 – Gallimard
Traduction (anglais) :
Marguerite Capelle
Genres : politique, satirique, enquête
Personnage principal :
aucun

Les ultraconservateurs britanniques se réunissent dans un vieux manoir pour participer à des conférences sur l’avenir de leur mouvement. Le programme des conférences est interrompu quand on découvre le cadavre d’un participant poignardé de onze coups de couteau. Avant de mourir la victime a réussi à laisser un message énigmatique. Une vieille inspectrice, à la veille de prendre sa retraite, est chargée de l’affaire. La fille adoptive de la victime et une amie vont de leur côté mener l’enquête.

Le résumé du livre laisse à penser que c’est un polar, puisqu’il y a un crime et des enquêtes, mais ce n’en est pas un. C’est un mélange hétéroclite entre critique politique, satire sociale, autofiction et roman policier. Ce n’est pas la quatrième de couverture qui nous éclaire sur la question, elle ne fait qu’une liste de quelques ingrédients du livre : une société secrète d’étudiants, plusieurs morts mystérieuses, une vieille inspectrice gourmande …

L’intrigue est confuse. Elle passe des souvenirs de jeunesse de ceux qui étudiaient à Cambridge, aux idées des ultraconservateurs, à l’enquête de deux jeunes filles, en passant par les grosses bouffes de l’inspectrice. On s’y perd un peu et on a franchement du mal à relier tous les fils.

Ce n’est pas les personnages qui vont apporter la clarté. Ils se ressemblent tous, ils parlent de la même façon, des mêmes choses. Les jeunes enquêtrices sont également interchangeables. Seule la vieille inspectrice se distingue, pas de la façon dont elle mène son enquête, puisqu’elle n’investigue pratiquement pas, mais par son appétit : elle bâfre et boit comme un trou.

L’ambiance est feutrée, on est entre gens bien éduqués, on s’affronte avec des mots dans des salons de châteaux ou de vieux manoirs. C’est l’élite de la nation qui s’y retrouve. Des fachos, mais très classe. On disserte sur la littérature et sur la politique. Même dans le crime, on ne ressent pas la violence.

Une intrigue confuse, des personnages sans relief, une ambiance feutrée et un milieu élitiste produisent ce roman bien fade. Une grosse déception compte tenu de la notoriété de l’auteur et des critiques dithyrambiques qui accompagnent chacun de ses « chef-d’œuvres ».

Extrait :
Par ailleurs, nous avons deux autres suspects dans cette affaire qui sont impliqués dans une organisation politique à laquelle Mr Swann s’intéressait depuis un moment. Il semblait sur le point de publier ses conclusions et, encore une fois, si l’on regarde les révélations qu’il s’apprêtait à faire, on s’aperçoit qu’il y a de grosses sommes d’argent en jeu. On en revient toujours à ça, en général. L’argent. Les gens n’arrêtent pas de parler de valeurs, de nos jours, et de guerres culturelles, mais d’après mon expérience, on s’entre-tue rarement pour des histoires de valeurs ou de culture. On s’entre-tue pour l’argent. Les humains sont des créatures primitives, en réalité.

Université de Cambridge

Niveau de satisfaction :
3 out of 5 stars (3 / 5)

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2 réponses à Les preuves de mon innocence – Jonathan Coe

  1. martin dit :

    Bravo ! Voilà un résumé efficace et édifiant. J’en suis aux 2/3 du roman et, bien que je m’oblige à en lire de longs passages d’une seule traite, à chaque reprise je me perds dans les noms, les narrateurs, les personnages… Au niveau humour franchement je suis restée sur ma faim, à tel point que je me suis demandée si c’était le fait de la traductrice. Sur les dérives discriminatoires de ces universités anglaises je trouvais dans « Normal People » les personnages plus vivants. Ici, tout le monde est interchangeable. Je ne suis absolument pas angliciste et fréquente Coe pour la première fois, ses clins d’œil à la société anglaise, ou à ses lecteurs tout simplement, m’échappent. Votre citation finale résume néanmoins parfaitement le propos du roman.

    • Ray dit :

      Merci, j’apprécie ce soutien. Nous ne sommes pas nombreux à trouver ce roman décevant. J’ai du mal à comprendre le flot de critiques qui encensent ce livre qui m’a paru bien ordinaire et assez pénible à lire.

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