L’Appel du Coucou – Robert Galbraith

Par Raymond Pédoussaut

lappelducoucouDate de publication originale : 2013 (The Cuckoo’s Calling) Galbraith
Date de publication française : 2013 (Grasset)
Genre : Enquête
Personnages principaux : Cormoran Strike, détective privé – Robin Ellacot, son assistante.

Un top model féminin, au sommet de sa gloire, tombe de son balcon et trouve la mort, par une journée d’hiver neigeuse, dans Londres. On conclut au suicide, personne d’autre n’était présent dans le luxueux appartement de la jeune femme, mais rien ne laissait penser au suicide. Trois mois plus tard, le frère de la victime, vient trouver le détective Cormoran Strike, pour lui demander d’enquêter sur cette mort qu’il juge suspecte. Cormoran Strike est en pleine débâcle financière et sentimentale. D’abord réticent, il finit par accepter l’offre : les honoraires généreux proposés lui permettront d’éponger un peu ses dettes. Pour l’occasion il est assisté par une jeune secrétaire intérimaire, Robin, fraîchement fiancée et rêvant secrètement de participer à des investigations. Cormoran Strike commence alors une enquête minutieuse, il va reconstituer les faits, décortiquer la façon de vivre et les relations de la « suicidée ».

L’intrigue est complexe et bien conçue. Quelques fausses pistes permettent d’entretenir un bon suspense. La conclusion est logique et justifie pleinement le titre du roman. En effet le coucou a l’habitude de pondre ses œufs dans le nid d’autres oiseaux, à l’éclosion le petit coucou évacue hors du nid la véritable progéniture pour profiter seul des soins de ses parents adoptifs. Quelqu’un dans cette histoire a adopté les mœurs du coucou.

Le rythme est lent. L’enquête est minutieuse et avance pas à pas. De longues digressions permettent à l’auteur de nous faire pénétrer dans ce monde du luxe et des paillettes dans lequel officient les top models. On y trouve aussi les rock stars avec la meute de paparazzis guettant l’apparition d’une célébrité et le cortège de groupies implorant un regard, un sourire, une attention de la part de leur dieu fait homme. Au passage l’auteure envoie quelques piques bien senties aux membres de la haute société.

Les deux personnages principaux sont sympathiques et attachants. Tout d’abord il y a Cormoran Strike, le détective, en plein marasme au début de l’histoire. Il est couvert de dettes, n’a pas de clients. Sa petite amie vient de le plaquer méchamment en lui collant un œil au beurre noir et en lui griffant le visage. Il n’est pas méchant Cormoran car alors la donzelle n’aurait pas pesé lourd entre les pattes de ce grand gaillard costaud de 110 kilos ! Outre sa stature imposante, il a une autre caractéristique : il porte une prothèse à une jambe. La moitié d’une de ses jambes a été emportée au cours d’une opération en Afghanistan. Bien que ses affaires ne marchent pas fort, c’est un enquêteur méticuleux, patient et compétent. Il va le prouver.

Sa secrétaire est une jeune fille en plein bonheur sentimental. Son fiancé vient de lui offrir une magnifique bague. En attendant de trouver un emploi définitif, elle fait des petits boulots d’intérim. Elle est envoyée par une agence au bureau de Strike. Sa rencontre avec le détective va être brutale : en haut de l’escalier menant au bureau du détective, elle est percutée par un gros malabar qui l’envoie dinguer dans la cage d’escalier. Heureusement au dernier moment, avant de s’écraser sur les marches, elle est retenue, par une grosse patte velue qui agrippe son sein gauche. Voilà comment Strike entre en contact, c’est le mot, avec sa nouvelle secrétaire. Par la suite celle-ci se révèle être discrète, attentionnée, compétente et débrouillarde. En plus, depuis son enfance, elle rêve de travailler avec un détective privé. Elle se passionne donc pour l’enquête confiée à Strike. Son travail lui plait beaucoup, même si les conditions sont assez précaires. Nous ne doutons pas que nous retrouverons cette fine équipe dans les prochains romans de l’auteure.

Même si c’est une lecture agréable, le lecteur exigeant trouvera qu’il y a quand même quelques couleuvres à avaler au niveau de la vraisemblance. Notamment une histoire de testament un peu tirée par les plumes (du coucou) et une explication vaseuse, par une dyslexie, qui fait prendre un nom à la place d’un autre. D’autre part si Strike est très méthodique dans ses recherches, ses déductions et ses conclusions tiennent plus d’un don divinatoire que d’une analyse rigoureuse. Enfin, des longueurs inutiles alourdissent cette histoire qui semble ne plus vouloir finir.

Pour terminer quelques mots sur l’auteur(e). En entête de la chronique, vous avez probablement remarqué que Galbraith n’a pas une tête à s’appeler Robert. En effet Robert Galbraith est le pseudonyme utilisé par J.K. Rowling, la créatrice d’Harry Potter. Quand la véritable identité de l’auteure a été dévoilée, les ventes du livre ont explosé.

L’appel du Coucou est un roman policier classique, assez agréable à lire, qui ne bouleverse pas le genre.

Extrait :
Son assaillant accidentel était une sorte de colosse. Sa taille et son abondante pilosité, associées à une aimable bedaine, lui donnaient l’aspect d’un grizzly. Un de ses yeux était enflé et tuméfié, avec une entaille juste au-dessous du sourcil. Un peu de sang s’était coagulé autour de traces blanches de griffures sur sa joue gauche et sur le côté droit de son cou épais, révélé par sa chemise froissée au col ouvert.
« Vous êtes… vous êtes Mr Strike ?
— Oui.
— Je suis la secrétaire intérimaire.
— La quoi ?
— L’intérimaire. C’est l’agence Temporary Solutions qui m’envoie… »
Le nom de l’officine n’effaça pas l’expression incrédule du visage las de Strike. Ils se regardèrent en chiens de faïence, l’air déconcerté.

— Oui. Kieran, tu veux bien allumer la radio ? J’ai envie d’un peu de musique. Un peu plus fort. Oh, j’adore cette chanson ! »
Telephone de Lady Gaga emplit l’habitacle.

Lady Gaga – Telephone

Ma note : 3.5 out of 5 stars (3,5 / 5) lappelducoucou-amb

 

 

 

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4 réponses à L’Appel du Coucou – Robert Galbraith

  1. Ray dit :

    Tu fais bien de passer ton tour. Ce n’est pas un livre pour toi : pas assez noir.
    Merci pour ton commentaire.

  2. Fabe dit :

    Je n’ai jamais lu d’Harry Potter non plus, ce n’est vraiment pas mon style de lecture. Si tant est que « style » puisse être employé.
    J’avais commencer à lire « Une place à prendre » écrit sous le même pseudo qui m’a fait ch … anger d’humeur. Abandonné avec plaisir.
    Donc, avec tous les livres qu’il me reste à lire, pour celui-ci je passe mon tour.
    Merci à toi Poulette.

  3. Satrape dit :

    Merci pour ta superbe chronique ! Je ne connaissais pas ce livre et ça m’intéresse de voir cet auteur sous un autre genre.

    • Ray dit :

      Merci Carole pour ton commentaire. Je n’ai jamais lu de Harry Potter mais j’imagine que c’est totalement différent de ce dernier polar. Peut être que les spécialistes pourraient y retrouver des habitudes ou des tics d’écriture de l’auteure ?

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