Écran noir – Pekka Hiltunen

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2012 (SYSIPIMEÄ)
Date de publication française : 2017 chez Gallimard
Genres : Enquête, Thriller
Personnages principaux : Mari et Lia, jeunes femmes finlandaises installées à Londres

Tout commence par des messages envoyés par le diable. Ce sont des vidéos qui ne montrent qu’un simple écran noir mais qui paraissent angoissantes comme si elles signifiaient une menace. Elles sont bientôt suivies par d’autres films montrant des corps roués de coups de pieds. Des mises à mort réelles, des snuff movies. Juste des images, aucun son. Peu de temps après, trois corps de personnes assassinées sont trouvés dans les rues de Londres. Ce sont ceux des victimes tabassées à coup de pieds montrés dans les vidéos. Les médias sont en effervescence, la police sur les dents. Pendant ce temps d’autres vidéos continuent d’arriver sur Internet : maintenant ce sont des scènes de torture accompagnées des musiques de l’ancien groupe de rock Queen.
Le Studio est la structure rassemblant un petit groupe de six personnes crée par Mari, une Finlandaise installée à Londres. Ces gens agissent secrètement pour changer les choses, rétablir la justice, innocenter les accusés à tord, aider la police, participer à des missions dangereuses, tout en restant dans l’ombre. Ce sont des justiciers clandestins. Le Studio a décidé de démasquer celui que les médias nomment Killer Queen. La traque sera longue, éprouvante et particulièrement dangereuse.

Encore une histoire de serial killer ! C’est ce que j’ai pensé au départ, tellement le sujet me paraissait rebattu. Mais très rapidement, je me suis aperçu que cette histoire de tueur en série n’était pas ordinaire. L’intrigue, bien construite, nous fait voyager de Londres à Zanzibar en maintenant un suspense permanent. L’enquête méthodique, à Londres, se transforme en thriller bien rythmé dans la partie finale qui se déroule à Zanzibar. Jamais le lecteur ne décroche.

Les personnages sont l’autre élément qui distingue ce roman. Le tueur lui-même est impressionnant dans sa folie, sa vénération et son obsession pour Freddie Mercury, le chanteur de Queen. Mari, la patronne et créatrice du Studio, est un amalgame étonnant de force et de faiblesse lui venant d’une éducation marginale particulièrement exigeante. L’autre Finlandaise, Lia, plus ordinaire si on peut dire, n’en est pas moins déterminée dans son engagement dans l’action menée par le Studio. Elle est déterminante dans l’affrontement final.

Il a de nombreuses digressions intéressantes sur :
– Internet et YouTube, leurs dérives et l’utilisation malsaine qu’en font des pervers en mal de reconnaissance et de popularité
– la facilité de détruire une réputation par l’intermédiaire des médias
– la vanité des parents qui à travers l’éducation et la pédagogie utilisent leurs enfants comme des cobayes de laboratoire dans le but d’en faire des surdoués
– le culte de la personnalité, les stratégies et les excès déployés par les adorateurs pour approcher ou ressembler à leurs idoles
– l’homophobie
– les hackers, les bots informatiques, les réseaux illégaux
– et enfin nous en apprenons beaucoup sur Freddie Mercury.

Ēcran noir est un roman dense et captivant. C’est un excellent polar que je recommande à tous ceux qui cherchent un bon thriller se démarquant de la production ordinaire.

Extrait :
Aujourd’hui, tuer était une façon très simple de se faire connaître. La célébrité avait donc commencé à influencer directement les actes. Par exemple, les criminologues s’étaient rendu compte qu’un surnom attribué par la presse et une large couverture médiatique pouvaient accélérer le passage à l’acte d’un tueur en série. De même, on remarquait qu’à chaque meurtre des détails destinés à impressionner le public apparaissaient.

Le tueur en question dans cette affaire avait désormais établi un lien entre lui-même et l’un des groupes les plus célèbres du monde pour se faire une réputation. Il savait dès à présent que toutes ses actions seraient aussi intéressantes pour le public que les faits et gestes d’une star de la pop. Il voulait devenir une star en tuant.

 Le morceau utilisé était Somebody to Love de Queen. C’était l’un des morceaux dont la longueur correspondait précisément à l’une des vidéos noires.

Queen – Somebody to Love

Zanzibar

Niveau de satisfaction : 4.5 out of 5 stars (4,5 / 5)

 

 

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