Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2022 (Gökungen)
Date de publication française : 2024 (Actes Sud)
Traduction (suédois) : Susanne Juul et Andreas Saint-Bonnet
Genres : Noir, enquête
Personnage principal : Erica Falck, écrivaine
Je n’avais pas été très impressionné par L’Enfant allemand il y a une dizaine d’années. Mais comme le succès de Läckberg ne cesse de croître, j’ai voulu voir ce qu’elle faisait de bon de ce temps-ci.
Comme dans les autres romans de Läckberg qui mettent en scène l’écrivaine Erica Falck, l’action se passe aux alentours de la petite ville suédoise de Fjällbacka, plus précisément ici dans l’île privée de Skjälerö où le couple Bauer (Elisabeth et Henning) fête ses noces d’or en grande pompe. Parents et amis sont invités : entre autres les fils Bauer, Peter et Rickard, leurs épouses Louise et Tilde, les amis Ole et Susanne Hovland, Erica et son conjoint Patrick Hedström (commissaire de police à Fjällbacka), Vivian, l’épouse du photographe Rolf (qui préfère continuer à préparer son exposition plutôt qu’à participer à la fête), et quelques autres.
Au cours de la nuit, Rolf est assassiné. Le lendemain, Peter et ses deux fils sont massacrés. Le mystère est total : on ne voit vraiment pas qui aurait eu intérêt à tuer Peter et ses fils. Et quel rapport, s’il en est un, avec la mort de Rolf ? Les policiers n’y comprennent rien. Pendant ce temps, Erica est allée à Stockholm enquêter sur la mort de Lola, un transgenre, et sur son fils Pytte, dans les années 80. Lola et Rolf étaient bons amis, mais on ne voit pas de rapport entre la mort de l’un et de l’autre. D’autant moins que l’enquête sur l’assassinat de Lola a été bâclée. On finira par découvrir que l’arme qui a servi à tuer Lola et Peter est la même. Loin de clarifier la situation, ce rapprochement nous jette davantage dans la confusion. Et, pour achever le plat, les parents de Louise se font sauvagement poignarder.
Les mystères se multiplient et captivent le lecteur. Ils seront résolus l’un après l’autre de façon satisfaisante, même si dans certains cas, le motif est plutôt alambiqué. Le suspense est mené avec ruse et intelligence. Les personnages sont nombreux mais Läckberg les décrit avec précision et les rattache habilement les uns aux autres pour éviter qu’on s’y perde. L’intrigue à dénouer est centrale et n’est pas occultée par la défense des transgenres, la critique des classes sociales privilégiées ou les problèmes de couple vieillissant.
Bref, un roman complexe et captivant. [1]
[1] À la page 290, ligne 24, il faut lire Rickard plutôt que Rolf dans la phrase « Selon Louise, Rolf faisait chanter Blanche. »
Extrait :
Le coucher du soleil au large de Fjällbacka était déchirant de beauté. Des rayons orange, roses, rouges et violets se mélangeaient en de larges coups de pinceau sur le ciel tandis que l’astre descendait tout doucement derrière les îles nues de l’archipel. Pourtant, il était encore bien plus spectaculaire lorsqu’on l’observait depuis Skjälerö. Rien n’était plus beau que cela.
Il était bientôt temps d’y retourner. Louise était presque prête. C’était tout un processus, ça l’avait toujours été. Tant de personnes n’étaient pas capables de voir les choses dans leur ensemble, elles vivaient leur vie le regard fixé sur des fragments isolés. Elle, Louise, était douée pour appréhender l’ensemble du puzzle.
Patience. Le mot d’ordre de toute sa vie. Jamais elle n’avait pris de décision hâtive à la suite d’une impulsion, d’une faiblesse ou de quoi que ce soit d’autre. Elle était restée fixée sur son but, qu’elle approchait pas à pas.

Fjällbacka
Niveau de satisfaction :
(4,4 / 5)