Par Michel Dufour
Date de publication originale :
2006 à 2022
Date de publication française : 2022 (Matin Calme)
Traduction (coréen) : Kwon Jihyun et Rémi Delmas
Genres : Thriller
Personnage principal : Jeong Mi-yeon, femme au foyer
Seo-Mi-Ae est une des brillantes écrivaines de la Corée du Sud. Elle est aussi scénariste et plusieurs de ses écrits ont été adaptés à la télévision et au cinéma. La présentation visuelle de ce roman est, cependant, pour le moins ambigüe : d’abord, il ne s’agit pas d’un court roman de 150 pages, mais de 5 nouvelles; deuxio, le titre correspond à la première nouvelle mais, dans les autres cas, il ne s’agit pas toujours de l’assassinat d’un mari.
Ceci dit, c’est écrit avec simplicité et humour. La première nouvelle (Trente façons d’assassiner son mari) inclut une finale assez prévisible, mais les autres sont plus originales. La deuxième (Si c’est comme ça, je vais te manger) met en évidence la résistance d’enfants menacés. La troisième (Un choix atroce) dresse un portrait impitoyable d’une victime de la paranoïa. La quatrième (Concerto pour meurtre) est un petit chef-d’œuvre de contre-finalité : comment atteindre un but en tâchant d’y renoncer. La dernière (Un happy end, en quelque sorte) illustre la réaction positive d’une femme qui n’est plus seule.
D’abord, même si la Corée du Sud semble assez loin de nous, on y observe des comportements humains qui n’ont, pour nous, rien d’étranger ou de mystérieux. La description d’un harceleur-manipulateur de femmes correspond aux trop nombreux mâles dominateurs qui ont déjà tué une quinzaine de femmes depuis janvier au Québec. Et, corrélativement, la solitude des victimes semble, ici comme là-bas, la condition par excellence dont profite l’abuseur de femmes.
Ces descriptions sont élaborées sans hargne, avec un certain humour, parfois noir, et un espoir certain. Malgré un sujet délicat, la lecture reste agréable et favorise la compréhension du phénomène. Bref, une auteure que j’aurai du plaisir à retrouver.
Extrait :
Elle sentit la présence de son mari derrière son dos, des frissons la parcoururent. Elle ferma précipitamment son carnet de dépenses et tourna la tête vers lui.
─ Je t’embête ? demanda-t-il.
Il n’avait pourtant pas l’air désolé, pas le moins du monde. Comme se c’était normal pour lui de déranger sa femme à tout moment, et même un droit.
Vingt et une heures. À cette heure-ci, normalement, il regardait son émission préférée dans le salon. Vautré devant l’écran géant occupant presque le mur entier, il montait tellement le son qu’elle avait du mal à le supporter; c’en était assourdissant. Mais elle ne lui demandait pas de baisser le volume. Elle savait trop bien qu’il ne l’écouterait pas. Au contraire, à la moindre remarque, il augmenterait encore le son, jusqu’à ce que les voisins, exaspérés, tambourinent contre le mur.
Son mari était un tyran qu’elle n’osait jamais contrarier.
Niveau de satisfaction :
(4 / 5)