Le cas Chakkamuk – Roy Braverman

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2022 (Hugo)
Genres :
Enquête, thriller
Personnage principal :
Dempsey, journaliste et écrivain

« Ah, je l’ai trop aimé pour ne le point haïr » [1]

C’est vrai que les trois premiers Braverman que j’ai lus m’ont ébloui. Quelle déception que ce Cas Chakkamuk !

Brian, le mari de Brenda, disparaît. Laureen, la sœur de Brenda, incite son mari, le shérif Doug, à coucher avec sa sœur pour qu’elle ne sombre pas dans la déprime qu’occasionne chez elle l’abstinence forcée. Doug finit par accepter cette mission qui semble satisfaire Brenda. Sauf que, le lendemain, Brenda et Laureen accusent Doug de les avoir violées ! Son adjoint, Taylor, l’arrête. L’ex-shérif Blansky et l’écrivain Dempsey se mêlent de l’enquête. On finit par découvrir le cadavre de Brian. Le FBI intervient avec plus ou moins de succès. Heureusement, notre vieil ami, l’Arménien Mardiros[2], passait par là : il démontre que le problème n’était pas si compliqué que cela.

J’ai été incapable d’embarquer dans cette histoire malgré le point de départ canon. Ça vire rapidement à la banalité. D’abord, les personnages sont très minces : Brenda baise tout ce qui bouge, sa sœur Laureen est niaiseuse, l’ex-shérif Blansky et l’écrivain Dempsey passent leur temps à se promener et à prendre un verre, les deux agentes du FBI, Daimler et Willow, frisent la caricature; le shérif-adjoint Taylor semble plutôt perdu dans cette histoire; Doug paraît jouer à l’homme invisible. Seul Mardiros, même si on passe une bonne partie du temps à le chercher, apporte un peu plus de substance, mais on lui fait jouer un drôle de rôle, comme s’il se trompait d’enquête et qu’il avait un don spécial pour faire parler Laureen, par exemple. Il reste réjouissant et demeure un personnage absolument improbable.

Aussi, les décors, si convaincants dans la trilogie de Freeman et dans Manhattan Sunset, se réduisent à du carton pâle, des reflets dans l’eau, des soleils couchés ou pas encore levés.

Quant aux petits paragraphes qui précèdent chaque chapitre, qui font allusion à des philosophes comme Sartre ou qui empruntent des poèmes comme Rime to an Ancient Mariner, ils ajoutent à la confusion sans apporter grand-chose d’intéressant. Et, parlant de confusion, il est assez bizarre qu’on ait laissé passer : « Brian Ross charge sa voiture et quitte sa femme Laureen… »

[1]  Andromaque

[2] Qu’on retrouve dans plusieurs Braverman précédents.

Extrait :
Daimler plaque le vieil Arménien contre le mur et lui passe les menottes.
Monsieur Mardirossian, je vous arrête pour violation d’une scène de crime, obstruction à la justice et dissimulation de preuves. Le shérif McFly va vous lire vos droits.
Oh, rassurez-vous, je les connais. Vous êtes ma 248e arrestation en quarante ans de carrière. Mais je trouve inattendu le motif de dissimulation, alors que je vous fais justement découvrir des indices.
Ce n’est pas à vous de le faire, Mardirossian, et ces fibres sont désormais suspectes de par votre faute. En cas de procès, la défense aura beau jeu d’affirmer qu’elles ont été placées là par vous dans le but de nuire à sa cliente.
Bon, très bien, alors je ne dirai plus rien. Je vous laisse trouver l’indice suivant par vous-même.
Ne jouez pas à ça avec moi, Mardirossian, vous allez sérieusement aggraver votre cas. Qu’avez-vous trouvé d’autre ?
Un indice très précieux, d’après moi. Disons au prix de ma liberté de mouvement et de la levée de toutes ces méchantes accusations.
Allez vous faire voir, Mardirossian.
Agent Daimler, intervient McFly, si le procureur veut boucler le dossier pour demain…
Daimler ferme les yeux le temps de contenir sa colère et se résout à enlever les menottes des poignets de Mardirossian sans ménagement.
Et pour les accusations ?
C’est bon, Mardirossian, c’est bon, elles sont levées, répond McFly à la place de Daimler.

Lac du Rhode Island

Niveau de satisfaction :
3 out of 5 stars (3 / 5)

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2 réponses à Le cas Chakkamuk – Roy Braverman

  1. belette2911 dit :

    Coucou,

    Je l’ai un peu plus préféré que toi, mais je suis d’accord, les agentes du FBI, surtout une, était une caricature (enfin, j’espère qu’elles ne sont pas ainsi dans la réalité) 🙂

    Bisous !

    • michel dufour dit :

      Tu es bien généreuse. Mais c’est vrai qu’il est plutôt étonnant qu’un bon auteur (en général) en échappe une à ce point. Ça ne m’empêchera pas de continuer à le lire.
      Bon printemps,

      Michel

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