L’Accompagnateur – Sebastian Fitzek

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2020 (Der Heimweg)
Date de publication française :
2022 (L’Archipel)
Traduction (allemand) :
Céline Maurice
Genre : Thriller, noir
Personnage principal :
Jules Tannberg, accompagnateur – Klara, l’accompagnée

Fitzek passe pour l’auteur de thrillers le plus populaire en Allemagne. C’est la première fois que j’ai l’occasion de le lire.

Tempête de neige à Berlin. Jules est responsable d’un service d’accompagnement téléphonique qui vient en aide aux femmes en danger. Il tente actuellement d’entrer en contact avec Klara, qui ne parle pas beaucoup, mais qui finit par lui apprendre qu’elle est une femme violentée par son mari et par son amant, qui lui a ordonné de tuer son mari sans quoi il la ferait mourir dans d’atroces souffrances tel jour à telle heure. Elle juge sa situation désespérée et, malgré qu’elle ait une fille de 6 ans, Amélie, elle cherche à se suicider. Et elle avertit Jules que, comme elle lui a communiqué ces informations, Yannick voudra le tuer lui aussi. Le téléphone s’éternise; Klara s’efforce maladroitement de se tuer sans y parvenir; Jules persiste inlassablement à lui faire la conversation; et on ne comprend pas très bien pourquoi Klara ne ferme pas la ligne.

Bon ! La femme battue pas très futée qui en redemande, et le bon samaritain qui éprouve un besoin maladif de s’occuper des autres, c’est un refrain connu et, après 100 pages, on se demande ce qui a pu faire la réputation de Fitzek.

Puis, des événements apparemment anodins se produisent : un couteau accroché au mur de la cuisine est disparu. Jules semble tellement mêlé dans ses papiers que ça n’a peut-être pas d’importance. Mais il entend du bruit et quitte Klara momentanément pour s’occuper d’une fillette qui dort dans sa chambre. Or, comme lui fait remarquer Klara, sa fille Fabienne est supposée être morte, d’après ce qu’il lui aurait dit. Elle a sans doute mal compris.

Klara, malgré une cheville amochée, court encore dans la tempête et se fait heurter par un homme déguisé en Père Noël. Il semble vouloir l’aider, mais, méfiante, elle le menace d’une arme pour lui voler son automobile. Hendrik se défend et la ligote, mais son mari Martin surgit et entreprend de la livrer à quelques hommes sadiques.

Jules est toujours au téléphone avec Klara, mais il a des problèmes de saignements de nez et il a l’impression que quelque chose cloche dans l’appartement. Il parle aussi sur un autre téléphone avec son père pour des raisons peu claires. Chose étrange également, il découvre des médicaments dans son verre de jus d’orange.

Bref, on n’est plus du tout dans la petite histoire banale d’un bon samaritain qui vient en aide à une pauvre femme. En fait, on ne sait plus du tout dans quelle histoire on est rendus. Et, au cas où le lecteur ne serait pas suffisamment mêlé, quelques rebondissements se produisent : Klara devra affronter Yannick et Jules découvrira un jeune homme sous le lit de la fillette.

Au début, on tourne rapidement les pages parce qu’on veut en finir tôt avec cette histoire banale. Puis, on tourne rapidement les pages parce qu’on veut voir le dessous des cartes, comprendre enfin le sens caché (fort habilement) de ces événements.

Bref, c’est un récit bouleversant, si on veut dire par là une intrigue qui nous oblige à changer complètement notre point de vue au cours de la lecture, avec l’impression d’avoir été roulé copieusement dans la farine. Chapeau !

Extrait :
Klara se demanda si, malgré la douleur, elle serait capable de se relever pour regagner la forêt au pas de course, mais le temps de formuler cette pensée, il était déjà trop tard. L’ombre grandit au-dessus d’elle. Les pas se rapprochèrent.
Elle réussit à rouler de côté, à se remettre debout et même à repousser la main qui venait de lui saisir le bras. Puis elle trébucha sur un caillou, une branche, ou était-ce ses propres pieds ? Son propre corps lui paraissait étrangement engourdi; de nouveau étendue sur le dos, elle articula à grand peine :
Fiche-moi la paix, Yannick ! Dégage, espèce de salopard !
Mais le tueur ne recula pas d’un centimètre. Il se pencha au-dessus d’elle, l’air de l’observer à la lueur des phares. Elle plissa les paupières, éblouie.
─ Finis-en vite, au moins, supplia Klara.
Elle rouvrit les yeux aussi grand qu’elle le pouvait.
Et ce qu’elle vit la fit définitivement douter d’avoir encore toute sa raison.

Berlin sous la neige

Niveau de satisfaction :
4.3 out of 5 stars (4,3 / 5)

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