Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2024 – XO Éditions
Genre : Thriller médiéval
Personnage principal : pas de personnage principal mais de nombreux personnages d’égale importance
Mars 1313 – Vallée du Haut-Razès[i].
Sept ans auparavant, le roi Philippe le Bel a fait arrêter tous les Templiers. Mais la fortune immense de l’ordre des moines-soldats n’a toujours pas été récupérée. Guillaume de Nogaret est chargé par le roi de retrouver l’or des Templiers. Ce trésor aurait été transféré dans le Haut-Razès. Quand un berger découvre une de ses brebis éventrée à côté d’un tas de pièces d’or templières au milieu duquel est plantée une épée tenue par un gant d’armure enveloppant une main tranchée, cela sonne comme un avertissement donné à ceux qui cherchent l’or disparu. Alors qu’à Carcassonne sévit le grand inquisiteur Geoffroy d’Ablis qui terrorise les populations en pourchassant les hérétiques, d’étranges feux apparaissent au sommet d’anciennes tours, signe de ralliement des cathares. Le bruit court que l’or du Temple sert à réveiller l’activité cathare. Dans cette ambiance, la châtelaine Margaux de Dente a des raisons d’être inquiète : son frère a fait partie de ceux qui ont convoyé l’or du Temple jusqu’au Razès et son beau-père Othon d’Aure exerce sur elle un ignoble chantage.
Ce roman s’appuie sur la vérité historique concernant les Templiers, les Cathares et l’Inquisition. Sur ces faits historiques, l’autrice a tissé une intrigue dense et touffue où se mêlent personnages ayant existé et personnages imaginaires. Ils sont nombreux et il est parfois difficile de s’y retrouver, d’autant plus qu’entre eux existent souvent des liens de parenté qui sont difficiles à retenir. La présence de nombreuses jumelles ne simplifie pas les choses : Margaux à une sœur jumelle, elle a aussi deux filles qui sont jumelles. Guillaume de Nogaret a deux sœurs jumelles. Ça fait beaucoup de jumelles pour un seul roman ! À l’époque, la gémellité était considérée comme une malédiction et l’œuvre du diable pour les catholiques, il fallait donc cacher les jumelles pour ne pas subir les foudres de l’Inquisition.
Malgré une complexité due au nombre de personnages, l’autrice utilise parfaitement l’histoire et les légendes attachées aux Templiers, aux Cathares et à Rhedae (aujourd’hui Rennes le Château) pour bâtir un roman plein de suspense, de mystères et de poésie. J’ai moins apprécié une fin inattendue et très frustrante qui ne finit pas l’histoire commencée. Il faut acheter le tome 2 pour connaître un dénouement dont on n’est même pas certain qu’il se produise dans ce livre. D’ailleurs L’or maudit est le prolongement d’une précédente suite de l’autrice : Le Templier de l’ombre. Le genre feuilleton en littérature qui a pour but de garder le lecteur captif me rebute. Dommage, car c’est un bon roman pour se distraire et rêver au trésor que certains continuent de chercher.
[i] Le Razès est une région d’Occitanie dont le centre est Rennes le Château (ex Rhedae) dans l’Aude, à 45 kilomètres au sud de Carcassonne et à 20 kilomètres de Limoux.
Extrait :
Bientôt un chant s’éleva, comme une seule voix dans la froideur du silence. Un chant bercé par le hurlement des loups. Malgré sa terreur, Margaux sentit sa gorge, son cœur se nouer. Ce chant, elle le connaissait. Sa mère le fredonnait. Puis, après sa mort, quelquefois, son père. Avec une émotion douloureuse. Elle eut l’impression qu’un poing lui percutait le ventre. Elle sentit des larmes couler sur ses joues. C’était son enfance. Ses racines. C’était son histoire, l’histoire de sa grand-mère, de sa mère, de sa tante, l’histoire de la persécution, de l’exil, que ces gens en marche racontaient. Comment aurait-elle pu ne pas en être touchée, elle que son père avait élevée dans l’esprit des philosophes, dans le respect des autres et de leurs croyances ?
Hymne des cathares – Lo Boièr (Le bouvier)
Niveau de satisfaction :
(3,9 / 5)