Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2016 (Free Fall)
Date de publication française : 2020 (Alire)
Traduction (canadien anglais) :
Pascal Raud
Genres : Thriller, suspense
Personnage principal : Kate Page, journaliste chez Newslead , New York
Un autre très bon Mofina : un avion s’apprête à atterrir à LaGuardia, lorsque les moteurs ne tournent plus rond, les pilotes n’ont plus le contrôle, l’appareil est comme devenu fou, les passagers se bousculent cul par-dessus tête. Dans la salle de rédaction de Newslead, la journaliste Kate Page entend le message de détresse de l’équipage et fonce vers l’aéroport. Alors que plusieurs parlent de perturbations atmosphériques redoutables et que d’autres mettent en cause la compétence du pilote, Kate reçoit un message signé Zarathoustra, qui revendique la responsabilité de l’incident, et qui en promet d’autres si on ne reconnaît pas officiellement sa supériorité dans le contrôle du trafic aérien. Les autorités policières (y compris le FBI), les directeurs de journaux et, surtout, les compagnies d’aviation préconisent le silence : il s’agit probablement d’un fou ou d’un perturbateur d’occasion.
Puis, un autre appareil en direction de Londres tombe en panne, atterrit tant bien que mal, et, cette fois-ci, les dégâts sont énormes et il y a des morts et quantité de blessés. Or, le système électronique de pilotage a été mis au point, dans les deux cas, par la compagnie Richlon-Titan qui aurait omis, pour des raisons financières, de corriger leur système, comme l’avait recommandé un des créateurs du système en question. Mais on continue de rejeter l’hypothèse d’un acte criminel ou terroriste.
Jusqu’à ce que Kate reçoive un autre message de Zarathoustra qui promet une démonstration de force pour très bientôt. Son message est étudié par les autorités compétentes, qui finissent par le prendre un peu au sérieux, mais il est peut-être trop tard : deux avions de plus de 500 passagers semblent avoir perdu le contrôle de leur vol et paraissent avoir été programmés pour entrer en collision.
Newslead verra les choses de près parce que Kate est justement dans un de ces avions.
Mofina sait comment appâter son lecteur : tensions dans la direction de Newslead et au niveau des journalistes, tensions également au NTSB (National Transportation Safety Board, Conseil national de la sécurité des transports) entre l’expérimenté Bill Cashill et le brillant Jake Hooper; entre la pirate et l’ingénieur qui a conçu le système… À tout moment un conflit risque d’éclater. La grande opposition c’est, évidemment, entre la journaliste Kate Page, dont l’objectif est la vérité, et les propriétaires des compagnies d’aviation ou de concepteurs des pièces qui cherchent à détourner le sujet et à nier leur responsabilité. La journaliste Kate Page, maintenant responsable de sa fille et de sa sœur, ne fonce plus dans le tas quitte à écraser bien des pieds; elle a pris de l’expérience, ménage ses contacts, cherche à apprivoiser les hautes gommes. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir la persévérance et la hargne du pitbull.
Toujours informé de près, Mofina suit une recette qui semble facile; en tout cas, elle est efficace. Ce roman n’est pas seulement un tourneur de pages; c’est un empêcheur de dormir.
Un avion passe; les émotions surgissent.
Extrait :
À l’approche de Heathrow, les passagers du vol Shikra Airlines 418 pouvaient voir la métropole londonienne défiler sous leurs pieds.
Le vol de six heures qui avait décollé de la capitale du Koweït avait été sans accroc pour le commandant Fahad Al-Anjari, l’équipage et les deux cents passagers du Starglide Blue Wing 250 (…)
Al-Anjari avait sorti le train d’atterrissage (…)
Cinquante secondes avant d’atteindre la piste. Al-Anjari, maintenant en contrôle de l’appareil, commanda une plus grande poussée des deux moteurs. Ceux-ci répondirent tout d’abord, mais, de façon inquiétante, semblèrent presque aussitôt réduits à un mince filet de puissance.
– Que se passe-t-il ?
Trente-cinq secondes. Al-Anjari et Marafi se dépêchaient d’identifier les raisons de la perte de puissance.
– Je ne sais pas ! dit Marafi. Nous perdons rapidement de la vitesse ! Nous n’arriverons pas à atteindre la piste !
Il examinait tous les instruments. Le niveau de carburant était OK, les pompes étaient OK, pas d’indicateur de feu, pas de dérèglement.
– Nous avons une double panne des moteurs ! Ils ont été coupés !
– Coupés ? Mais comment ? Ce n’est pas nous qui avons fait ça ! Essaie de les faire redémarrer !
Ils entrèrent la commande. Aucune réponse. Rien ne fonctionnait (…)
– MAYDAY ! MAYDAY ! MAYDAY ! Shikra quatre un huit.
Cinq secondes avant l’impact.
Niveau de satisfaction :
(4,4 / 5)