Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2020 (Out of Time)
Date de publication française : 2021 – Les Arènes
Traduction (américain) : Rémi Boiteux
Genre : Thriller écologiste
Personnages principaux : Green Man, terroriste vert – Tom Smith, jeune agent du FBI
La terre souffre, le climat se dérègle, les pôles fondent. Mais la terre a trouvé un défenseur de taille : Green Man, ainsi que l’ont surnommé la police et les médias. C’est un écologiste qu’aujourd’hui on qualifierait de radical. Très radical même puisque c’est à coup d’explosifs qu’il s’en prend aux prédateurs de la nature et aux ouvrages qui la dégradent. Un yacht de milliardaire, une usine polluante, un barrage hydroélectrique, des champs de pétrole du Texas ont été ses cibles. La police a mis d’énormes moyens, la chasse à l’homme a pris une envergure nationale inégalée, en termes de moyens humains et d’expertises en tous genres. Le président des États-Unis en personne suit cette traque. Pourtant malgré les experts au service du FBI, Green Man continue ses attentats. C’est à un jeune policier à l’instinct très développé que l’on doit les avancées les plus notables dans l’enquête.
Ce roman d’abord est un manifeste pour la défense de notre planète en danger. Avant qu’il ne soit trop tard, des mesures draconiennes doivent être prises. Un justicier vert incarne les actions susceptibles de changer le processus inexorable de destruction de la terre. Ces actions sont violentes, elles provoquent des morts. Le sauveur, Green Man, est traqué par la police, mais une partie de la population, surtout les jeunes, l’approuve et le soutient.
L’idée, sans être très originale, est louable. Cependant cette prise de position s’avère empreinte d’une certaine naïveté, d’un idéalisme aveugle et même d’un élitisme assez agaçant. Par exemple, Green Man est diplômé d’une université prestigieuse (Yale). Il possède des compétences de haut niveau dans plusieurs domaines, il n’est pas seulement bon dans des disciplines très différentes, c’est le meilleur. Son fils est formidable au foot, marquant toujours le but de la victoire. Sa fille, elle, est timide, mais quand elle prend la parole devant une foule, elle subjugue son auditoire et naturellement elle convainc tout le monde. Bref, Green Man et les siens, quand ce ne sont pas des génies, sont formidablement talentueux. De même le policier Tom Smith est diplômé d’une grande école et ses études ont été si brillantes qu’il a impressionné ses professeurs qui se souviennent de lui des années après. En plus il est doté d’un instinct quasi-surnaturel. Le gars est à lui seul plus efficace qu’une armée d’experts très pointus dans leur domaine. Le roman ne se distingue pas par la finesse ni la subtilité. C’est dans de gros godillots américains qu’on avance.
Cependant le côté thriller est assez réussi. Il y a du suspense et de l’intensité dans la description des préparatifs des attentats et dans la traque sans merci de la police. Il est aussi à noter que le portrait du Président des États-Unis n’est pas flatteur : c’est un type grossier, vulgaire et coléreux (ça rappelle un certain président), il passe son temps à regarder des matchs de football américain à la télévision.
Les principaux personnages sont tiraillés entre leur sens du devoir et leurs convictions. Green Man part en croisade pour sauver le monde, mais il ne supporte pas que ses actions fassent des victimes innocentes, surtout des enfants. Le jeune policier Tom Smith veut attraper le terroriste tout en approuvant son combat pour protéger la planète. Ellen, l’ancienne maîtresse de Green Man, soutient son action, mais désapprouve la violence.
Finalement, ce sauveur de la planète est montré comme un homme déterminé et plein d’humanité, mais aussi comme un terroriste angoissé, un peu pleurnichard. Green Man est un roman engagé, pétri de bonnes intentions, dont le mérite est d’être d’une actualité brûlante et d’aborder des problèmes fondamentaux, mais dont la réalisation est souvent maladroite et naïve.
Extrait :
« Mais certaines priorités nous dépassent tous. Il est des combats qui nous demandent d’oublier ce que nous sommes individuellement pour embrasser une cause bien plus grande. Attaqués comme nous le sommes, nous sommes sommés de nous défendre. Ce qui est attaqué, ce sont nos vies, la possibilité même de notre existence, notre avenir sur cette planète. Ce sont les générations à venir qui se retrouvent sous le joug de cette menace. Quand on se sent ainsi menacés, on ne reste pas sans rien faire. On passe à l’action. Et le temps est révolu où cette action pouvait en rester aux modestes mesures pacifiques, à la prévention. Malgré sa force redoutable, le tigre du Bengale ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Tout comme l’éléphant de Sumatra, aussi impressionnant soit-il. En tant que prochains sur la liste, nous nous devons de riposter, et avec toute la hargne nécessaire ! »
Niveau de satisfaction :
(3,9 / 5)