L’Évangile de la colère – Ghislain Gilberti

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2022 (Hugo Thriller)
Genres :
Enquête, thriller
Personnage principal :
Seth Kohl, commandant de brigade

Un garçon de six ans est enlevé dans un parc. On le retrouve égorgé. Puis, un agriculteur est enterré vivant. Plus tard, un antiquaire est écrasé sous son stock, les os brisés. Plusieurs autres ont été tués avant ces découvertes; plusieurs autres suivront. Le tueur laisse bon nombre d’indices; il ne figure pas dans les dossiers de la police. On n’a pas encore relié ces meurtres parce qu’on ne voit pas le rapport entre les victimes. Jusqu’à ce le groupe de Seth Kohl, ex-snipper de l’armée, ex-drogué, ex-infiltré, établisse un lien entre ces meurtres et les Simulacres de la mort, un ensemble de 41 gravures de Hans Holbein le Jeune, publié au XVIe siècle : l’ordre des victimes correspond à l’ordre des gravures, chacune étant tuée conformément à chaque représentation.

Seth Kohl n’est pas le premier venu. Mais il se sait menacé. Déjà, son frère, sa femme et sa fille ont été tués.  La commande vient peut-être du chef de la pègre, le gros Licco. Mais peut-être aussi des hauts gradés de la police qui pactisent avec Licco. Seth est aussi susceptible de céder à la cocaïne ou à l’héroïne. En revanche, plusieurs de ses collègues n’hésitent pas à l’appuyer : entre autres, Paul Baptista et sa sœur Asia, qu’il ne faut pas contrarier.

L’enquête permet de déduire que le tueur est un illuminé qui s’imagine réaliser les volontés de Dieu. Faire souffrir ses victimes fait partie d’un rituel dont le but est de montrer que Dieu est aussi celui qui châtie. On finit par lui mettre la main dessus, mais la série de crimes continue. Il semble que l’envoyé de Dieu ait un frère qui continue son œuvre. Seth poursuit l’enquête mais doit se défendre contre un collègue qui a été chargé de le descendre chez lui en pleine nuit. Un peu plus tard, les sbires de Licco mitraillent un groupe de policiers dont fait partie Seth. Il s’en sort mais un policier est abattu. On finit par capturer le tueur qui poursuit l’œuvre de son frère mais, apparemment, il faut chercher ailleurs l’instigateur de tous ces meurtres. Seth trouve le temps de se venger des pégreux et des ripoux qui veulent en finir avec lui, particulièrement celui qui est responsable de l’assassinat de son frère, de sa femme et de sa fille.

Même si les tueries se multiplient, l’ensemble est quand même assez simple. Et les personnages restent aussi assez primaires : le goût de tuer est commun aux psychopathes, aux pégreux, aux ripoux et aux flics. Pas facile de s’attacher aux personnages, pas même à la jeune Céline rongée par la culpabilité même pour des niaiseries, alors qu’elle n’hésitera pas à écraser la joue d’un jeune flic avec une habile rotation du talon, qui vient d’être sauvagement battu par Asia pour avoir menacé un vieux chien inoffensif avec son arme.

Beaucoup de violence, donc, même pas subtile, qui plaira sans doute à ceux/celles qui n’osent pas tenir tête à leur conjoint ou à leur belle-mère.

Extrait :
Kohl fait le tour et ouvre la porte en large en montrant le couloir à la journaliste dont le sourire persiste :

« C’est bon, tu peux te casser d’ici maintenant, dit-il avec son flegme habituel. Mais ne fais pas l’erreur de ne pas prendre tout ça avec le sérieux qui s’impose. On est gentils mais on est aussi dangereux. Ça ne nous plaît pas des masses quand on doit perdre notre temps à jouer à la dînette avec une pisse-copie. »
Alors qu’elle passe devant lui, le chef de groupe passe une main dans le sac de la pigiste et en sort un enregistreur vocal. Celui-ci a manifestement tourné depuis son entrée dans les locaux.
« Merde ! lâche Florence en pinçant les lèvres. J’ai vraiment affaire à des génies de la PJ !» (…)
Seth allume une cigarette, tire dessus d’une longue inspiration et lui recrache la fumée en plein visage avant de lui glisser quelques mots.
« Tu ne veux pas être victime d’un accident regrettable, ni être prise avec trois kilos de bolivienne pure cachés dans ton véhicule ? Donc, sois bien obéissante, de sorte qu’on n’ait pas à se croiser autre part et autrement qu’ici. »

Les simulacres de la mort

Niveau de satisfaction :
3 out of 5 stars (3 / 5)

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