Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2020
(42 Grad)
Date de publication française : 2022 – Éditions Hervé Chopin
Traduction (allemand) : Joel Falcoz et Catherine Weinzorn
Genres : Anticipation, thriller, écologie
Personnages principaux : Elsa Forsberg, analyste de données – Julius Denner, étudiant en hydrologie
L’Europe est victime d’une grande vague de chaleur. La sécheresse qui en résulte entraîne de graves conséquences : les feux de forêt se multiplient, les rivières et les lacs s’assèchent, l’eau devient rare. Comme si cela n’était pas suffisant, les centrales de distribution de l’eau fonctionnent mal, des fleuves sont empoisonnés. Des régions entières se retrouvent sans eau provoquant une migration vers les zones où l’eau est encore présente. C’est le chaos, les manifestations et les émeutes se multiplient. Dès le début du dérèglement, Elsa Forsberg, analyste de données à l’Agence européenne pour l’environnement, avait signalé des anomalies dans les départs de feu et l’hydrologue Julius Denner avait prévenu qu’une aggravation de la situation était à prévoir. Ils n’ont pas été écoutés jusqu’à ce que le contexte devienne tellement dramatique que les autorités se décident à faire appel à leurs compétences.
Dans ce livre, Wolf Harlander a concocté une intrigue complexe, mais totalement réaliste qui tient à la fois de l’alerte écologique et du roman d’espionnage. Il a imaginé qu’une pénurie d’eau potable provoque le chaos en Europe et que profitant de cela des groupes terroristes manipulés par un pays hostile, accentuent la panique en procédant à des attentats et des cyberattaques. Admirons au passage les qualités de visionnaire de l’auteur: dans cet ouvrage publié en Allemagne en 2020, il est dit que les troupes russes envahissent l’Ukraine (et la Lettonie et Lituanie) deux ans avant que la Russie n’attaque réellement l’Ukraine en 2022. L’intrigue fait appel à de nombreux personnages et elle se déroule dans beaucoup de lieux différents, ce qui exige une bonne attention de la part du lecteur.
Ce livre est une fiction, mais il est tellement précis et documenté que ça pourrait devenir la réalité de demain. Les récentes canicules et les épisodes de sécheresse qui ont frappé le monde attestent que le scénario présenté est tout à fait crédible. Et c’est bien ce qui rend ce roman effrayant, ce sentiment que tout cela est non seulement possible, mais devient même probable si de grands changements dans la gestion des ressources naturelles n’interviennent pas rapidement, ce qui ne semble pas se présenter pour l’heure.
42 degrés est un roman d’anticipation très bien réalisé, glaçant parce qu’il montre un futur vers lequel on semble se diriger. Espérons qu’il ne soit pas prémonitoire. L’auteur y joue parfaitement un rôle de lanceur d’alerte.
Extrait :
— Oui, en effet. Ici, à Berlin, on a l’impression de voir plus de militaires que de civils dans les rues. Et pourtant, tous les jours, des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre font plusieurs dizaines de victimes.
Titus hocha la tête d’un air songeur.
— Il faut reconnaître une chose : le plan des terroristes était diaboliquement génial. Ils ont profité de la pénurie d’eau potable et l’ont accentuée avec leurs cyberattaques sur les compagnies de distribution. Ensuite, pour couronner le tout, ils déversent des agents biologiques dans les lacs pour faire paniquer la population et intensifier encore la crise.
— L’objectif de ces criminels est manifestement de semer le chaos et de provoquer des insurrections contre les plus hautes instances du pays en démontrant que celles-ci sont incapables d’approvisionner les citoyens en eau potable. Et ils n’ont pas hésité à tuer pour arriver à leurs fins. Les activistes de PON voulaient prouver combien l’accès à l’eau est important et combien notre quotidien en dépend. D’une certaine manière, ils ont gagné leur pari.
Niveau de satisfaction :
(4,3 / 5)