Au bord du précipice – Robert Cappadoro

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2023 – Éditions Ex Æquo
Genres : thriller, romance
Personnage principal :
Arnold Clerc, écrivain et père d’un fils travailleur humanitaire tué en Syrie

Arnold Clerc, soixante ans, écrivain, est dévasté et en colère : son fils, travailleur humanitaire, a été pris en otage et assassiné par des membres de l’État islamique en Syrie. C’est d’autant plus absurde que le garçon participait à un programme d’éducation pour les enfants syriens. Pour répondre à sa façon, Arnold prend en otage sa femme de ménage musulmane et sa fille âgée de six mois. Tout en précisant qu’il n’a rien contre cette femme et le bébé ni contre les musulmans en général, il veut montrer que les prises d’otages des islamistes et leurs assassinats d’innocents sont absurdes. Démonstration par l’absurde d’un comportement absurde. Arnold exige que la vidéo dans laquelle il s’explique soit diffusée sous quarante-huit heures par huit des plus grandes chaînes de télévision sur la planète. S’il n’obtient pas satisfaction, il se fera exploser en compagnie de sa femme de ménage et de son bébé. Décision aussi risquée que résultat incertain.

Ce roman est un curieux mélange de thriller et de romance. Car Arnold en plus de sa prise d’otages et de ses revendications tient à raconter à son fils mort son impossible histoire d’amour entre lui, Occidental athée, et une musulmane trente ans plus jeune que lui. Il a élevé un autel chez lui à la mémoire de son fils et régulièrement il se met face à un grand portrait du fils, il allume une bougie et il lui parle. Il lui raconte notamment la grande passion qu’il a éprouvée pour Radhia, une musulmane, jeune et pratiquante. Cette construction qui permet de faire entrer l’histoire d’amour dans l’intrigue me paraît quelque peu artificielle.

Ce cérémonial du portrait et de la flamme se répète si souvent que le roman en devient verbeux au détriment de la partie thriller de la prise d’otages. D’autant plus que l’auteur en profite pour nous donner son opinion sur les religions, la musulmane en particulier. C’est certes intéressant, mais j’ai trouvé qu’Arnold était bavard, probablement frappé par la déformation professionnelle de l’écrivain. Même au milieu de l’action, face aux hommes du Raid, Arnold trouve le moyen de philosopher sur ce qu’il appelle les « trous », c’est-à-dire les imprévus de la vie, sur la réalité et les illusions aussi. Arnold tient à faire savoir qu’il ne veut pas se venger, il veut démontrer l’absurdité de la mort de son fils. Il s’étonne de ne pas être compris par la majorité de la population.

Cependant, l’auteur arrive bien à captiver le lecteur, le roman est prenant tout en n’ayant pas la noirceur et le suspense qu’on trouve généralement dans ce genre de livre. Il y a beaucoup de bons sentiments, mais on appréciera l’ouverture d’esprit et l’humanisme de l’auteur. En outre le ton chaleureux et spontané donne au livre un aspect rafraîchissant bien agréable.

Cette fiction hybride, entre thriller et roman sentimental, a de grandes chances de satisfaire un large public, mais les amateurs de littérature noire seront peut-être un peu agacés par la couleur rose qui imprègne beaucoup ce roman plein d’amour et de tendresse.

Extrait :
— Je m’appelle Arnold Clerc. Je suis français, j’ai soixante ans. Le soi-disant État Islamique en Syrie a pris en otage mon fils, Mathias, qui était travailleur humanitaire dans ce pays où il participait à un programme d’éducation pour les enfants. Puis ils lui ont tranché la tête. Et moi, pour leur répondre, j’ai pris en otages Madame Leila Boualem, ma femme de ménage, et sa fille Nadira, âgée de six mois. Les islamistes ont pris en otage et tué un innocent qui n’avait rien fait d’autre qu’être occidental et moi, pour leur répondre, j’ai pris en otages deux innocentes qui n’ont rien fait d’autre qu’être musulmanes. Ce que j’ai fait est absurde. M’en prendre à ces deux innocentes est absurde. Je ne l’ai pas fait parce que je voulais me venger, mais justement parce que c’était absurde, pour agir comme les islamistes afin de montrer que leurs prises d’otages et leurs assassinats d’innocents sont absurdes et pour crier qu’ils doivent y mettre fin. Je n’ai absolument rien contre cette femme et cette petite fille, je ne demande pas mieux que de les relâcher. Je n’ai rien contre les musulmans. Je n’en ai pas après l’islam, mais après ceux qui croient juste de tuer des innocents au nom de leur Dieu. Surtout quand ces innocents viennent aider leurs enfants.

Niveau de satisfaction :
3.8 out of 5 stars (3,8 / 5)

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