Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2018 (The Outsider)
Date de publication française : 2019 – Albin Michel
Traduction : Jean Esch
Genres : Enquête, fantastique, thriller
Personnages principaux : Raph Anderson, policier – Holly Gibney, détective privée
Terry Maitland, habitant connu et apprécié de tous à Flint City, est arrêté en plein match de base-ball par le policier Raph Anderson. Terry était le coach de l’équipe locale. L’arrêter devant tout le monde est une humiliation publique. C’est ce qu’a voulu le policier avec l’aval du procureur. Ils ont voulu montrer à la population que la police et la justice sont intraitables et efficaces quand il s’agit d’un crime aussi horrible que celui commis par Maidland. En effet le corps d’un garçon de 11 ans a été retrouvé violé et affreusement mutilé dans le parc. Des témoignages multiples et accablants accusent sans l’ombre d’un doute le coach. Les empreintes digitales et les tests ADN confirment sa culpabilité. Mais l’accusé dément et affirme avoir été dans une ville voisine située à 120 kilomètres au moment de l’agression. Des témoins le confirment et un enregistrement de télévision le prouve. Finalement on se retrouve dans une situation incompréhensible où des preuves incontestables montrent la présence simultanée en deux endroits du prévenu. Une autre enquête commence, déroutante et beaucoup plus compliquée que celle initialement envisagée.
Dans une première partie l’auteur raconte une enquête policière des plus classiques avec recueil des témoignages, analyse des faits, utilisation des procédés scientifiques (empreintes, ADN). Mais voilà que ces investigations aboutissent à une impasse aussi inattendue que déconcertante. Les enquêteurs se trouvent devant un cas d’ubiquité. Quelques autres éléments troublants sont également apparus. C’est avec l’intervention de Holly Gibney, une modeste détective privée, timide et peu sûre d’elle, que le roman prend une tournure fantastique. Car si Holly est en général réservée et hésitante, elle devient pleine d’assurance et déterminée quand il s’agit de combattre l’Outsider. L’Outsider c’est quelqu’un venu d’ailleurs, une créature surnaturelle, connue depuis la nuit des temps sous forme de légende : c’est El Cuco, une créature maléfique qui boit le sang des enfants et se frotte le corps avec leur graisse, pour rester jeune. Se pourrait-il qu’une telle entité soit derrière les meurtres qui ont été perpétrés ? Non, si vous êtes cartésien et ne croyez pas au surnaturel. Oui, pour Stephen King, qui en plus vous expliquera que l’existence d’El Cuco n’est pas plus inexplicable que certaines choses épouvantables qui se produisent dans le monde. Donc pour apprécier ce roman il faut être ouvert et accepter de suivre l’auteur dans le domaine du fantastique. Ceci fait vous pourrez alors trembler pour nos héros qui vont affronter la créature au fond d’une grotte qui menace de s’effondrer, dans un final hallucinant qui tient à la fois du thriller et du roman d’horreur. Le grand jeu !
Suivant la catégorie de lecteur à laquelle vous appartenez ce roman vous rebutera ou vous ravira. Si vous êtes rationnel, logique, raisonnable, si vous ne lisez que pour vous cultiver, vous instruire, améliorer vos connaissances, découvrir d’autres cultures, d’autres pays … je pense que vous apprécierez peu ce livre. Par contre si la lecture est pour vous une distraction, si vous êtes ouvert au merveilleux, au fantastique, que vous adorez frisonner devant des monstres, des vampires et redécouvrir les frayeurs de l’enfance, ce roman vous réjouira. On peut être l’un ou l’autre de ces lecteurs suivant les moments. Stephen King sait très bien raconter les histoires aussi extraordinaires soient-elles. Avec lui tout est possible … pourvu que vous acceptiez que le surnaturel fasse partie de la vie.
La chaîne américaine HBO a acquis les droits pour une série qui est en cours de production.
Extrait :
Terry Maitland n’a pas tué Frank Peterson et Heath Holmes n’a pas assassiné les sœurs Howard. Ces meurtres ont été commis par quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui se sert de notre science moderne, de notre science médico-légale, contre nous, mais sa vraie arme, c’est notre refus de croire à son existence. Nous sommes formés pour suivre les faits, et parfois nous flairons sa présence quand les faits se contredisent, mais nous refusons de suivre cette piste. Il le sait. Il s’en sert.
– Mademoiselle Gibney, intervint Jeanette Anderson, êtes-vous en train de nous expliquer que ces meurtres ont été commis par une créature surnaturelle ? Une sorte de vampire ?
Niveau de satisfaction :
(4 / 5)