Vies et morts de Stanley Ketchel – James Carlos Blake

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2005 (The Killings of Stanley Ketchel)
Date de publication française : 2021 – Gallmeister
Traduction (américain) :
Elie Robert-Nicoud
Genres :
Aventure, historique
Personnage principal :
Stanley Ketchel (1886–1910), boxeur, champion du monde des poids moyens

Stanislaus Kaicel n’a que seize ans lorsque ne supportant plus d’être tabassé par son père il lui plante une fourche dans le flanc et s’enfuit de la ferme familiale. Il monte dans un train en marche dans lequel il rencontre d’autres clandestins qui lui apprennent les rudiments du vagabondage en train. Il devient un hobo, un SDF se déplaçant en train. Il adopte le surnom de Steelyard Steve et parcourt tout l’Ouest américain. Les rails l’amènent à Butte, ville industrielle baptisée la colline la plus riche du monde. Il devient videur dans un des nombreux saloons de la ville. Un organisateur local de combats de boxe a remarqué sa prédisposition à se servir de ses poings et en a conclu qu’il pourrait se débrouiller sur un ring. C’est ainsi qu’il commence une carrière de boxeur. Il change son nom en Stanley Ketchel. Ses combats victorieux s’enchaînent. Surnommé The Michigan Assassin il finit par devenir champion du monde des poids moyens. N’ayant plus d’adversaire à battre dans sa catégorie il décide de s’attaquer au titre de champion du monde des poids lourds. Ce titre est détenu par Jack Johnson, premier boxeur noir à le remporter. Ce dernier, surnommé le Géant de Galveston, mesure 15 centimètres et pèse 23 kilos de plus que lui, mais ce n’est pas ça qui va l’impressionner. Le combat est conclu, il a lieu le 16 octobre 1909. C’est une étape décisive dans la vie de Stanley Ketchel.

Stanley Ketchel

Le roman retrace la vie de Stanley Ketchel. Il est beaucoup question de boxe, mais ce n’est pas un livre sur la boxe, c’est un livre sur un homme qui était boxeur. Blake fait une biographie romancée de ce sportif qui a eu une vie courte, mais intense. Il montre une trajectoire peu commune : enfance difficile avec un père brutal et alcoolique, vagabond, employé de saloon et finalement champion. L’auteur fait le portrait d’un homme très déterminé, jamais en proie au doute, parfois un peu présomptueux. Son goût de la vie l’a poussé à commettre quelques excès : fêtes copieusement arrosées, parties de poker dans des tripots et fréquentations assidues de jolies femmes, souvent des prostituées. En plus d’être un champion, Ketchel s’est révélé être un admirable chanteur et un danseur hors pair. Succès assuré auprès des dames ! Il en profitait. C’était un homme libre et flamboyant, mais aussi un combattant féroce et dur au mal.

En relatant la vie de Ketchel, Blake montre aussi l’Amérique des années 1900 avec ses hobos, ses cités industrielles, ses salons, ses combats de boxe et surtout le racisme. Un racisme exacerbé quand l’insolent nègre Jack Johnson devint champion du monde des poids lourds en humiliant le champion blanc en titre. C’était si insupportable pour les blancs que l’ancienne gloire Jim Jeffries qui s’était retiré invaincu, se sentit obligé de reprendre les gants et de défier Johnson dans le but de rétablir la suprématie blanche en récupérant le trophée. Il aurait dû s’abstenir, cela aurait évité un affront cinglant pour lui et une vexation supplémentaire pour la population blanche.

Je ne sais pas si ce livre est un triomphe comme le proclame le bandeau dont les mots sont attribués à James Ellroy, mais c’est sans nul doute un livre puissant et captivant.

Extrait :
Puis arriva la nouvelle d’Australie de la défaite humiliante de Tommy Burns, qui cédait son titre à Jack Johnson, le premier Noir à le remporter.

Le colonel en était déprimé et se mit en colère.
— Le champion, un Nègre ! Mon Dieu ! Qui aurait pu croire qu’on en arriverait à une situation pareille, c’est du joli !
La vaste majorité de l’Amérique partageait ce sentiment. On implorait Jim Jeffries de toutes parts pour qu’il remette les gants et aille assommer ce négro du Texas.
La première réaction de Ketchel en entendant la nouvelle fut de maudire cette opportunité envolée de prendre le titre à Burns, car il avait la conviction qu’il l’aurait battu facilement. Contrairement à Burns, Johnson était un véritable poids lourd. Mais même s’ils l’avaient surnommé le Géant de Galveston, il n’était pas aussi costaud que Jeffries.
— Je vais vous dire une chose, déclara-t-il au colonel. Moi, je n’aurais pas eu besoin de quatorze rounds pour me débarrasser de Burns. Ce bamboula n’a même pas pu le mettre K.-O.

Combat Jack Johson contre Stanley Ketchel (1909)

Niveau de satisfaction :
4.4 out of 5 stars (4,4 / 5)

 

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