Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2019 (Hunter’s Moon)
Date de publication française : 2021 –
Les Escales Éditions
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Fabrice Pointeau
Genre : Littérature blanche
Personnage principal : Will Treadwell, proprétaire d’un pub, guide occasionnel de chasse et vétéran de la guerre du Vietnam
La lune du chasseur est un roman en sept histoires indépendantes.
Histoire 1 – Protecteurs : Will, fils d’une famille aisée, tombe souvent dans des excès. Ses deux copains, Paul et Tom, sont ses gardiens, ceux qui réparent les pots cassés.
Histoire 2 – Chagrin : Hal, 85 ans vit dans le souvenir de son épouse décédée. Il décide d’aller chasser le cerf avec son fils, mais les deux hommes entretiennent un antagonisme mutuel.
Histoire 3 – Rêveurs : Un jeune délinquant, Lonnie, ne contrôle plus ses nerfs et devient meurtrier. L’affrontement avec Will Treadwell se prépare.
Histoire 4 – La nature de l’amour sur la dernière frontière : Un père et son fils sont partis pêcher en Alaska. Ils s’opposent souvent, mais pour le père c’est l’occasion de mieux connaître un fils qui est encore pour lui un inconnu qu’il apprécie peu.
Histoire 5 – Perdu : Will se perd avec sa chienne dans une forêt qu’il connaît pourtant bien. Contraint de passer la nuit dehors, il fait une rencontre.
Histoire 6 – L’hôte : Lisa, veuve de Will, tient une maison d’hôte. Elle entretient une relation intime avec un client marié.
Histoire 7 – Lignes de départ : Will et son ami participent à un programme destiné aux anciens combattants afin de soigner les traumatismes psychologiques de la guerre.
Le fil qui relie ces histoires est un lieu : la péninsule supérieure du Michigan (sauf la 4 qui se situe en Alaska) et un personnage Will Treadwell, vétéran de la guerre du Vietnam. Ce dernier apparaît parfois comme personnage principal, parfois comme un des personnages secondaires, parfois son nom est juste cité.
Plus que les intrigues ce qui retient l’attention ce sont les relations entre les personnages. Des relations souvent difficiles quand elles ne sont pas conflictuelles. C’est avec beaucoup de finesse et de profondeur que Philip Caputo analyse les rapports entre un père et son fils ou l’évolution des sentiments entre une femme et son amant. Les différents personnages des sept histoires sont tous plus ou moins en crise existentielle. Ils sont dans un certain mal-être, ils se demandent quel est le sens de leur vie. Lisa, dans l’histoire 6, est la seule femme à tenir un rôle important, autrement ce sont des histoires d’hommes, et souvent de chasse.
L’autre point remarquable est la description de la nature. Tel un peintre, l’auteur nous montre toute la beauté sauvage du Michigan ou de l’Alaska. Des scènes de chasse sont le prétexte à de magnifiques descriptions de paysages.
Par sa forme cette œuvre est à mi-chemin entre le roman et le recueil de nouvelles. C’est dans une ambiance à la fois poétique et mélancolique que Philip Caputo révèle la fragilité des hommes et la force de la nature.
Extrait :
Rick a gardé la longe. Nous la coupons en tranches que nous embrochons sur des brindilles de saule taillées en pointe avant de les faire rôtir sur le feu et de les manger avec les mains. Si nous étions vêtus de fourrures, nous ressemblerions à un groupe de chasseurs-cueilleurs du néolithique. Nous sommes tellement affamés que le filet maigre ne nous remplit pas le ventre, alors Rick va chercher un oignon et un poivron vert qu’il mélange à des morceaux d’épaule pour concocter un ragoût. Je ne me rappelle pas avoir déjà mangé quelque chose d’aussi bon. Une petite dose de whisky dans un gobelet en fer-blanc, sirotée tandis que le soleil de fin de journée teinte le haut des montagnes, conclut le repas en beauté.
Niveau de satisfaction :
(4,1 / 5)