Mortelle Dédicace – Elly Griffiths

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2020 (The Postcript Murders)
Date de publication française : 2021 (Hugo Thriller)
Traduction de l’anglais :
Vincent Guilluy
Genre :
Enquête
Personnage principal :
Lieutenante Harbinder Kaur

À Shoreham-by-Sea, pas loin de Brighton, Peggy Smith, 90 ans, consultante ès meurtres, décède. Une sorte de crise cardiaque, apparemment. À cet âge, c’est normal. Son aide de vie, la jolie Ukrainienne Natalka, apprend à ses amis, Benedict qui tient un Café après avoir été moine, et Edwin retraité de quatre-vingts ans après avoir été journaliste à la BBC, que Peggy se sentait suivie. Comme elle lisait beaucoup de romans policiers et qu’elle conseillait plusieurs écrivains sur les multiples façons de tuer quelqu’un, on met ça sur le compte de son imagination. Jusqu’à ce que Natalka et Benedict, qui examinaient l’appartement de Peggy, soient menacés par un intrus masqué armé d’un revolver, qui s’empare d’un livre et s’enfuit. Alors, on fait appel à la lieutenante Harbinder Kaur qui dirigera l’enquête.

La plupart des romans que possédait Peggy portaient des dédicaces de romanciers qui la remerciaient du coup de main qu’elle leur avait donné. Les amis Natalka, Benedict et Edwin décident de faire leur petite enquête eux aussi auprès des écrivains qui semblaient liés à Peggy. Parmi eux, le populaire Dex Challoner qui anime une rencontre littéraire à Chichester et est retrouvé mort le lendemain. Dex, comme quelques autres écrivains de polars, avait reçu un message « On vient vous chercher ! » Lance Foster, par exemple, et la romancière J. D. Monroe. Natalka interroge Lance, qui avait le même éditeur que Challoner, mais elle a elle-même l’impression d’être poursuivie par des malfrats ukrainiens qui auraient pour mission de récupérer une certaine somme d’argent dont elle s’était emparée dans sa vie antérieure, et/ou de la tuer. Mais c’est Foster qui est assassiné au cours de la nuit. Et Benedict croit l’avoir vu, la veille, avec Nigel, le fils antipathique de Peggy.

On craint maintenant pour la vie de Julie Monroe. Apprenant la mort de Foster, Kaur s’envole pour Aberdeen (Écosse) où Foster donnait sa conférence, et rencontre le lieutenant Harris qui mène l’enquête, et qu’elle connaît déjà. On interroge Julie sur la lettre anonyme qu’elle a reçue. Elle sait que Dex et Lance ont reçu ces messages et commence à se croire en danger. Harris décide de conduire Julie, Natalka, Benedict, Edwin, l’éditeur Miles Taylor et Harbinder dans une maison isolée et surveillée sur la côte. La mer gronde, le vent hurle et on entend des pas dans la nuit.

Personne ne meurt, cependant, au cours de la nuit; le lendemain, Taylor confie à Kaur qu’il a reçu un manuscrit anonyme pour publication, qui est apparemment la copie du roman que Challoner s’apprêtait à publier, et qui tournait autour d’une vieille dame qui vivait dans un foyer-logement et qui aidait à résoudre des meurtres. Peggy en était enchantée. Puis, Julie se brise le poignet; Edwin l’accompagne à l’hôpital. Natalka, Benedict et Harbinder reviennent à la maison et se heurtent à un homme qui menace Miles de son revolver. Un vieux compte à régler. Cet homme et son ami ukrainien ont tenté de rencontrer Peggy, qui les avait aidés en Russie dans le passé.

Des caméras de surveillance apprennent à Neil, l’adjoint de Harbinder, que la nuit où Dex a été tué, l’aide à domicile Maria, qui s’occupe maintenant de la mère de Harbinder, lui a rendu visite vers minuit. Harbinder fonce chez elle, mais Maria est disparue depuis quelques jours. Puis, on découvre d’autres images de vidéosurveillance : devant la demeure de Dex, une femme s’avance, revolver au poing.

Tous ces meurtres ont-ils été commis par la même personne ?

C’est un roman plaisant à lire. Les personnages sont originaux et attachants. L’auteure décrit aussi dans un style fort imagé les atmosphères de petite ville comme Shoreham-by-Sea, les bords de mer et les paysages écossais dont la ville d’Aberdeen. On lit ce roman comme une bonne histoire aux personnages sympathiques et aux multiples rebondissements. D’un point de vue strictement policier, les solutions tiennent plus à la technologie qu’à l’intelligence des enquêteurs. Et je trouve aussi que Griffiths a superposé trop d’intrigues différentes; on finit par s’y perdre même en prenant des notes.

Extrait :
Le vent est toujours aussi agaçant. La porte tremble comme si quelqu’un essayait frénétiquement d’entrer. Tout à coup, Edwin pense à une citation, de Malory probablement. Dans La Mort d’Arthur. « Mon neveu, dit le roi, quel est ce vent sous la porte ? » Il repense aux cartes. Roi, dame, valet. Cœur, trèfle, carreau, pique. Il entend le bruit des vagues qui battent la digue. Dehors, quelque chose s’est renversé, une poubelle, peut-être. Edwin se lève et va à la fenêtre. La route est déserte. Où est la voiture de police censée les protéger ? Dans le jardin, l’herbe de la pampa s’agite furieusement (…)
Il entend un nouveau bruit, un crissement régulier qui s’interrompt, puis recommence. Le son caractéristique de pas sur le chemin de gravier qui entoure la maison. Edwin enfile sa robe de chambre et sort dans le couloir. Il tombe sur Harbinder, encore tout habillée.
« Vous avez entendu ? demande-t-il.
Oui. Ce n’est peut-être rien. Ou peut-être un chat.
Un chat avec des chaussures à clous, alors. »

Shoreham-by-Sea

Niveau de satisfaction :
4 out of 5 stars (4 / 5)

 

 

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