L’ombre de la nuit – Marco Pianelli

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2021 – Éditions Jigal
Genre :
Thriller
Personnages principaux :
Paco Sabian, mystérieux et redoutable vagabond – Mathis, lieutenant de gendarmerie  – Myriam, mère d’un fils disparu

Un homme marche sur une route déserte depuis l’aube. Il fait du stop, mais aucune des rares voitures ne s’arrête. Il pleut des cordes et il fait nuit. Et puis miracle : une voiture stoppe. Il monte, c’est une femme seule qui conduit. Elle s’appelle Myriam, elle parcourt cette route dans l’espoir insensé d’y retrouver son fils de 17 ans disparu il y a cinq ans à cet endroit. Elle l’amène chez elle, ils finissent dans le même lit après qu’il lui ait fait la leçon sur son imprudence. Paco, c’est le nom du vagabond, pour remercier son hôtesse va se pencher sur le dossier de la disparition du fils. Il va rapidement s’avérer qu’il a des connaissances et une expérience qui vont lui permettre de relancer cette affaire oubliée. Tellement que tout ce qui était enfoui depuis cinq ans va ressurgir. Ce qui va devenir extrêmement dangereux.

L’intrigue est centrée sur le mystérieux vagabond, nommé Paco Sabian. Cet individu passait par là par hasard et en quelques jours il va réveiller une affaire classée depuis cinq ans et il va mettre le feu à toute la région. Faut dire qu’il est exceptionnel Paco : un sens de l’observation très affûté, une intelligence supérieure, des qualités physiques exceptionnelles, la maîtrise totale des techniques de combat. Et en plus dans l’intimité, il est tendre et il baise bien. Quelle chance elle a eue Myriam de tomber sur un gars de cette trempe qui va lui dénouer vite fait l’affaire de la disparition de son fils tout en la faisant monter au septième ciel ! Si je me permets l’ironie, c’est parce que l’auteur en fait des tonnes dans ce sens. Paco c’est le mâle alpha dans toute sa splendeur. Puissant physiquement, très intelligent, fort dans tous les domaines presque un surhomme. C’est caricatural et un peu anachronique : ce genre de héros, le mâle dominant, existait dans les romans des années 1960 (James Bond, OSS 117 …) : le type inoxydable, se sortant de tous les pièges, sûr de sa force et de ses talents. Aujourd’hui même dans les polars, on ne voit guère ce genre de personnage. Les hommes montrent leurs faiblesses et les femmes ne sont pas que des faire-valoir. Il y aussi un côté personnage de western dans Paco : le justicier solitaire qui arrive on ne sait d’où, on ne sait qui il est, il fait justice et redresse les torts, il reprend finalement sa route solitaire dans le soleil couchant (accompagné de la musique mélancolique appropriée) on ne sait pour quelle destination. Bref, Super Paco m’a saoulé ! Ce qui n’est pas le cas du lieutenant Mathis, plus humain, plus vulnérable, beaucoup plus « normal », et finalement plus attachant. Les truands eux aussi sont campés de façon plus réaliste, surtout le parrain Bianchi. Les hommes de main sont toujours des malabars d’une bonne centaine de kilos, méchants et vicieux, que Super Paco se fait un plaisir de dérouiller. Il y a aussi un homme politique véreux, sans scrupules et lâche qui tire les ficelles dans l’ombre. Un bon cocktail de personnages pour un polar classique.

Hormis le personnage irritant de Paco,  ce roman a les qualités d’un bon thriller : intrigue solide, de l’action, du rythme, des retournements de situation, du suspense. L’ensemble fait qu’on est bien pris par cette histoire et que le livre se lit avec plaisir.

L’ombre de la nuit est un thriller agréable qui n’a d’autre ambition que de fournir une bonne distraction. Toutefois le personnage principal est trop caricatural.

Extrait :
Bianchi ne parvenait pas à dormir. Il reprit alors place derrière son bureau, alluma l’ordinateur, se servit un cognac et s’offrit un nouveau cigare. Il ne remettrait pas la main sur le sommeil de la nuit, il le savait, alors autant agrémenter son insomnie.
Aucunes nouvelles de son équipe en Ardèche. Ce n’était pourtant pas compliqué d’envoyer un message ! Mais à travers le brouillard du havane, la vérité faisait jour. Sabian. La vraie complication. Un homme dont on ne savait rien, ça l’agaçait autant que le mutisme de ses troupes.
Il n’avait jamais beaucoup lu mais se souvenait de légendes orales, ou était-ce des films ? Peu importait finalement. Ça racontait l’histoire d’un étranger de passage qui provoquait la chute de la puissance en place. Ce souvenir tournait maintenant à l’obsession. Était-il d’origine biblique, ou simplement issu d’un western ? Il vérifierait une autre fois de toute façon. Pas le temps de s’instruire, il devait agir. Il décrocha son téléphone et à trois heures du matin réveilla son nouveau bras droit. Son fils.

Niveau de satisfaction :
3.9 out of 5 stars (3,9 / 5)

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