Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2022 (Triptyque)
Genre : Enquête
Personnage principal : Antoine Guerrier, détective privé
Antoine Guerrier est un détective bien ordinaire qui aimerait être écrivain : il raconte ses aventures dans des cahiers. Peu après la mort annoncée, apparemment un suicide, de l’écrivain Jason Moldov qui se serait immolé par le feu, Guerrier reçoit la visite d’une admiratrice de Moldov, Huguette Nobois, qui est persuadée qu’il ne s’est pas suicidé. Les autorités policières et l’éditeur endossent la thèse du suicide. Guerrier le croit aussi mais il décide de lire les quatre romans de Moldov. Les deux premiers ont été de francs succès, le troisième un semi-échec, et le quatrième, pas encore publié mais confié au détective par l’éditeur Duloc, modifie passablement le style d’écriture, mais est attendu avec impatience par ses lecteurs.
Guerrier ne déduit pas grand-chose de tout ça et sa réflexion est interrompue par une nouvelle cliente, l’élégante et mystérieuse Éva Kermal, obsédée par l’impression qu’on la suit. Elle demande à Guerrier de la suivre pour détecter son suiveur, s’il existe. Éva ne donne pas beaucoup d’informations à Antoine, qui semble subir son charme sans trop de résistance, et accepte sa mission. Il découvre qu’elle est effectivement suivie et se retrouve dans un rôle de garde du corps, ce qui ne lui convient pas parce qu’il n’est vraiment pas costaud. Éva lui demande de livrer une valise d’argent à des malfrats qui auraient enlevé son frère.
En attendant l’heure fatidique de la livraison, Guerrier réfléchit sur la disparition de Jason et une intuition le saisit, confirmée par une information que lui donne l’hypnotiseur qui partage l’appartement où ils ont leur bureau. La livraison s’effectue sans trop de mal. Éva, satisfaite, lui offre une lettre amicale qui, pour le détective, jette un ultime éclairage sur la mort de Jason Moldov.
Guerrier livre ses conclusions à Joseph, son ami policier. Et il règle un dernier compte avant de remettre à sa cliente Huguette le quatrième livre que Duloc lui avait offert pour elle.
C’est un premier roman. L’intrigue ne manque pas d’intérêt, même si les policiers qui ont conduit l’enquête sur la mort de Jason ont raté un aspect important de la situation. La façon de boucler la boucle est assez subtile. Ce qui a nui à ma lecture, et ce ne sera peut-être plus le cas dans les romans suivants parce que Guerrier a gagné en maturité, c’est la manie du détective de commenter continuellement sa façon d’écrire et sa façon d’être. Son autoflagellation devient insupportable et, au lieu d’alléger le récit, l’alourdit.
Extrait :
– Jason Moldov est quelqu’un de très privé. Il vit en dehors de la société, et attend qu’on le rejoigne.
– Vivait
– Là, forcément, je me serais mordu les doigts. À la place, j’ai arrêté de respirer, comme un enfant pris en faute.
(Mauvaise métaphore. Comme si mon manteau s’était accroché dans un miroir sur pied, et que je l’aurais senti bouger. Je me serais arrêté, espérant qu’il ne tombe pas, figé devant le travail de la gravité.)
(Mais le miroir n’est pas tombé, ce qui en fait une histoire inintéressante.)
Bref, j’ai arrêté de respirer. Elle, au contraire, a pris une inspiration. Puis, sincèrement dramatique :
– Oui, vous avez raison.
– Nous nous y prenons mal. Expliquez-moi exactement comment vous en êtes venue à venir me voir.
J’ai vraiment dit ça. « Vous en êtes venue à venir ». J’ai repensé à cette phrase pendant qu’Huguette commençait la sienne, donc j’ai manqué le début.
Niveau de satisfaction :
(3,3 / 5)