Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2022 – Michel Lafon
Genres : Aventures, humour
Personnages principaux : Victor, Livie, Tatiana, Greg, Kilian, Valentin, Hubert, Arthur, participants à un stage de survie en milieu hostile
Réveillez l’aventurier qui sommeille en vous ! Ils sont six à avoir reçu cette invitation à un stage d’une semaine en pleine nature pour un retour aux sources et apprendre les techniques de survie en milieu hostile. Le lieu est la montagne et le maquis corse, à proximité du mythique GR20. Ce qui est étrange c’est que l’organisateur, Victor, semble avoir ciblé précisément ces six participants. Mais il a une surprise : une candidature non sollicitée, un vétéran s’est inscrit sans être invité. Après quelques hésitations, Victor l’accepte dans le groupe. Ils seront donc huit avec lui au départ. Et bien sûr ce stage sera plein de surprises et d’imprévus.
Dès le début de l’intrigue on sait que Victor l’organisateur n’est pas net. Il n’est pas le guide professionnel qu’il prétend être. On sait qu’il manigance quelque chose. On s’interroge ensuite sur la composition de son groupe, on ne peut plus hétéroclite. En effet nous trouvons :
- Livie, magnifique jeune femme, mannequin. Elle cache une cicatrice dans son cou et probablement une autre cicatrice psychologique invisible.
- Tatiana, professeure de Yoga. La zénitude incarnée. Elle est végane.
- Greg, un grand gaillard, plein de muscles. C’est un survivaliste qui a construit un bunker pour protéger sa femme de l’apocalypse qui vient. Celle-ci a préféré partir plutôt que de s’enfermer.
- Valentin, grand gaillard aussi, mais sans muscles. C’est un intellectuel. À 25 ans il habite toujours chez ses parents. Aucune vie sociale, toujours le nez dans ses livres.
- Kilian, jeune de banlieue difficile. A eu le choix entre la prison et ce stage. C’est un garçon gouailleur mais toujours prêt à aider.
- Hubert se prend pour un grand reporter. Un peu mégalo, il compte sur ce stage qu’il filme pour relancer une carrière en déclin.
- Arthur, le doyen du groupe. Ne faisait pas partie du plan de Victor, contrairement à tous les autres. Toujours impeccablement mis, il est mystérieux et semble cacher quelque chose.
- Et bien sûr, il y a Victor, l’organisateur et faux guide. Il semble suivre un plan précis. Il est inquiétant.
Bien qu’il y ait du suspense et même parfois de la tension, c’est surtout l’humour qui domine dans ce récit des péripéties des aventuriers du dimanche. Des moments pleins d’émotion dans lesquels apparaissent les fêlures de chacun succèdent à des scènes de grosse farce. Nous apprenons ainsi qu’il y a des ours en Corse, au moins un. Il y a aussi des loups, l’auteur nous révèle le truc à faire quand on est cerné par une harde, ça peut servir aux randonneurs du GR20 ! De plus c’est un livre optimiste, plein de bons sentiments. Il rappelle un peu ces bouquins américains de psychologie positive, mais c’est agréable à lire et ça fait du bien malgré une certaine naïveté du propos. Ce n’est pas un polar contrairement à ce que le début laisserait penser.
Les Égarés est un roman pour se détendre et rire, ce qui n’est pas si mal par les temps qui courent. Et chose rare : c’est un livre qui réconcilie avec la nature humaine.
Extrait :
L’allégresse disparut laissant place à l’angoisse. Ils se consolèrent en se disant que tout ceci serait bientôt terminé. Le lendemain, à cette heure, ils seraient dans un hôtel à se prélasser dans un bain chaud après avoir dénoncé Victor à la police.
Pourtant, à cette pensée, ils ne ressentirent pas le réconfort tant convoité mais plutôt une sorte de lassitude. Kylian retrouverait son paysage gris, Valentin relaterait ses exploits à ses parents perplexes, Greg réemménagerait dans son bunker, Tatiana redeviendrait végétarienne, Livie reprendrait ses défilés et Arthur retrouverait la solitude de sa maison vide.
Tout compte fait, la normalité n’avait peut-être pas autant d’attraits qu’ils l’avaient imaginée. Ils n’étaient pas si mal ensemble dans les bois. Bien sûr, ils avaient faim et parfois soif, leurs vêtements laissaient à désirer et une douche ne serait pas du luxe mais, pour une fois depuis bien longtemps, ils se sentaient véritablement vivants.
Niveau de satisfaction :
(4,1 / 5)