Le Chef – Harry Kressing

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 1965 (The Cook)
Date de publication française : 2021 – Les Éditions du Typhon
Traduction (anglais États-Unis) : Benjamin Huntzer
Genre :
Fable noire
Personnage principal :
Conrad, chef cuisinier

Conrad, homme maigre et cadavérique tout habillé de noir, se rend au manoir des Hill pour présenter sa candidature au poste de cuisinier. Bénéficiant de recommandations prestigieuses, il obtient le poste. Il est tout de suite apprécié pour la qualité des plats qu’il mijote. Il fait des miracles : tout le monde adore sa cuisine, les gens mangent bien et en plus ils maigrissent. L’influence de Conrad ne va cesser alors de s’étendre. Il intervient dans tous les domaines : non seulement pour la cuisine, mais aussi la gestion des dépenses et du personnel et il convertit tout le monde, y compris ses employeurs, à la gastronomie et aux arts de la table. Petit à petit il devient le véritable maître du manoir et du domaine.

C’est un bien étrange roman que voilà ! Toute l’intrigue est centrée sur le personnage de Conrad, un chef cuisinier virtuose dans sa spécialité. Ce véritable génie de la cuisine s’impose par son incroyable talent, mais aussi par son autorité. Conrad réussit la performance d’inverser les rôles entre maître et serviteur. En effet il a des idées sur tout et ses conseils paraissent si judicieux que c’est lui qui finalement pilote le manoir et ses habitants, il est consulté pour la moindre décision. Il faut dire que ses employeurs, qui deviennent ses subalternes, sont d’une médiocrité et d’une naïveté qui lui facilitent bien la tâche.

Conrad est quelqu’un très sûr de lui et même un peu inquiétant. Il ne fait pas bon de ne pas être à la hauteur de ses attentes ou de s’opposer à lui. Il peut se montrer dur et même cruel. Efficacité avant tout, pas de sentiment, pas de pitié chez lui. C’est un manager des temps modernes, ce Conrad ! Un type talentueux, mais pas très sympathique. Pendant toute la lecture de ce roman, on se demande quel est l’objectif de Conrad car il semble bien en avoir un. Mais on est finalement confondu par la conclusion aussi étrange que l’est l’ensemble du roman. L’épilogue rappelle le film La Grande bouffe de Marco Ferreri (1973).

Ce livre a été publié la première fois en 1965. Son auteur est entouré d’un épais mystère, on ne sait rien de lui. En quatrième de couverture il est précisé que cet ouvrage est « publié partout dans le monde, régulièrement réédité dans le monde anglophone, le voici pour la première fois traduit en français. » Malgré ce succès sur le long terme, je n’ai pas accroché du tout à cette histoire et en plus j’ai trouvé ce super cuisinier insupportable par sa suffisance et sa prétention. Cette fable noire qui voit la prise de pouvoir se faire par la cuisine étonne et surprend, mais finalement elle m’a laissé quelque peu dubitatif et pas vraiment emballé.

Extrait :
«Eh bien, je peux le comprendre, dit Conrad. La tenue d’une maison est toujours plus intéressante que n’importe quelle affaire. Sans doute parce que c’est plus personnel. Cela implique notre propre vie. Les affaires sont trop éloignées du quotidien. Elles ne sont là que pour nous donner les moyens de vivre. Ce n’est pas une fin en soi. C’est un moyen. La maison est la véritable fin, car c’est là que la vie se déroule. Ou, pour le dire plus clairement, c’est la vie. »

Niveau de satisfaction :
3 out of 5 stars (3 / 5)

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