Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2020 (Afterland)
Date de publication française : 2022 – Albin Michel
Traduction anglais (Afrique du Sud) : Laurent Philibert Caillat
Genres : Science-fiction, thriller
Personnages principaux : Cole, mère de Miles garçon de 13 ans – Billie, sœur de Cole
Juin 2023.
La plupart des hommes sont morts frappés par le VCH (Virus Culgoa Humain). Le VCH déclenche un cancer de la prostate agressif chez la plupart des hommes, des garçons et de n’importe qui possédant l’organe en question. La vie continue dans un monde de femmes. Les rares hommes survivants sont protégés, étudiés, analysés. Miles, 13 ans, est un des garçons à avoir survécu. Il fait l’objet d’une grande convoitise. Cole, sa mère, le protège. Elle ne veut pas qu’il finisse en esclave sexuel, fournisseur de sperme ou fils adoptif que pourrait se payer quelque riche acheteuse. Par contre Billie, sa tante (la sœur de Cole), voit en lui la possibilité de changer de vie avec les deux millions de dollars que représente la livraison d’un garçon immunisé du VCH. La mère et la tante sont en désaccord sur l’avenir de Miles. Cole tranche ce différend d’un coup de démonte-pneu asséné sur la tête de sa sœur. C’est le début d’une fuite éperdue à travers les États-Unis pour la mère et son fils.
L’intrigue se divise en deux parties qui alternent dans le récit : d’un côté la fuite de la mère et de son fils, de l’autre les recherches de la tante Billie pour essayer de remettre la main sur son neveu et surtout sur les deux millions de dollars que rapporterait la vente du garçon. Il y a beaucoup de péripéties des deux côtés.
Parmi les personnages principaux, Cole, la mère alterne les phases où elle est très combative et celles où elle est à la dérive, complètement paumée. Son fils Miles, treize ans, est perturbé par ses premiers désirs sexuels. Il est partagé entre un devoir d’obéissance à sa mère et un désir d’émancipation. La « méchante Billie » la tante, n’est finalement pas si détestable que ça. Elle essaie de se persuader que Miles vivra heureux comme un pacha chez sa nouvelle mère d’adoption et qu’en plus ça lui rapportera deux millions de dollars. Le personnage de Billie est celui qui apporte le plus de piment et de tonus au récit.
C’est un roman sans hommes ou plutôt avec un seul homme qui n’est pour l’instant qu’un adolescent qui passe pour une fille pendant la majorité du temps. Ce monde de femmes n’est pas meilleur pour autant. Ni pire. Pas grand changement, à part l’abandon de territoires entiers et une activité plus faible. Mais la violence est toujours présente ainsi que les trafics, surtout celui des jeunes mâles survivants. L’autrice a peu approfondi cette idée d’un monde sans mecs.
Le ton et la couleur du récit ne sont pas plombant comme pourrait l’être celui d’une catastrophe planétaire. Au contraire, il est enlevé et allégé par un humour potache. On peut aussi saluer l’imagination de l’autrice avec des trouvailles telles que : – la reprohibition, l’interdiction de faire des enfants – les hommes survivants qui monnayent des services sexuels à dix mille dollars la passe ou encore les nonnes survoltées de l’église Tous les Chagrins.
Le livre est épais de 512 pages, c’est assez lourd pour un roman de ce type. Il part un peu dans tous les sens. Un peu de rigueur et de sobriété avec quelques dizaines de pages en moins n’auraient pas nui à la qualité de l’ouvrage, bien au contraire.
En définitive, Afterland n’est pas un chef-d’œuvre de la littérature, mais c’est un roman agréable, plein d’imagination et de fantaisie. Plus thriller qu’œuvre de science-fiction. Un peu trop long à mon avis.
Extrait :
Cole a accompli les gestes par automatisme, aussi électrifiée qu’engourdie par la terreur, couverte de sang. Sauf qu’elle a lancé le 4 × 4 dans la direction opposée à celle qui était prévue, loin de la côte et des riches mécènes de Billie, qui avaient tout planifié ; vers les terres, vers le désert. Sur les routes les moins fréquentées, les moins évidentes, les moins susceptibles de déboucher sur un barrage tenu par des femmes armées de fusils d’assaut.
Elle a accumulé les délits. On lui enlèvera Miles – pour de bon, cette fois –, on la bouclera, on jettera la clef dans un puits ou pire. Est-ce que, vu le climat actuel, la peine de mort est revenue à la mode, maintenant que l’Accord de Reprohibition est censé préserver la vie ? La mise en danger d’un citoyen mâle est sûrement le pire crime qui soit. Pire encore que ce qui est arrivé à Billie, là-bas. Il y a quarante-huit, non, quarante-neuf minutes. Cole était folle de rage, folle de frayeur.
Niveau de satisfaction :
(4 / 5)