Mystères de Toulouse – de rose et de noir – Francis Pornon

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2021 – TDO Éditions
Genres :
Enquête, polar régional
Personnages principaux :
Fleur Cerda, comédienne – Rénat de Saint-Hilaire écrivain – Aymeric Mercadier, dit le Cathare, détective privé – Maria Baldini, cantatrice – Michel Sabat, compagnon de la femme kurde assassinée – Cassandre, secretaire et aventurière … Et la ville de Toulouse

À Toulouse, Fleur Cerda, jeune comédienne est aussi vendeuse à temps partiel pour un complément de revenus. Elle fait aussi à l’occasion des lectures lors des présentations en librairies. C’est ainsi qu’elle rencontre le vieil écrivain Rénat de Saint-Hilaire pour faire la promotion de son prochain roman. C’est en revenant de chez elle que Rénat passe devant un squat incendié. Par curiosité il entre et découvre le corps calciné d’une jeune femme. Plus tard sur les mêmes lieux c’est un manuscrit énigmatique qu’il repère et se l’approprie en douce. Mais ce qui interpelle l’écrivain c’est que dans la presse il est bien fait mention de l’incendie, mais pas du tout du cadavre carbonisé. Rénat décide de mener sa propre enquête pour savoir qui était la victime et pourquoi ce silence sur cette mort. Il fait appel à son ami détective privé Aymeric Mercadier, dit le Cathare, pour tenter d’en savoir plus. Leur équipe sera renforcée de plusieurs autres amis. Cette troupe hétéroclite va mener une enquête à travers la ville de Toulouse, ses environs, son passé et son présent.

Le personnage principal du roman est la ville de Toulouse. L’enquête sur le meurtre d’une jeune femme kurde dans un squat fréquenté par des émigrés est un prétexte qui permet à l’auteur d’examiner l’histoire, passée et actuelle, de la ville. On déambule ainsi le long de la Garonne, du Canal du midi et dans des rues chargées d’histoire : celle des guerres de religion ou celle, plus récente, de l’occupation allemande par exemple. Nous rencontrons des personnages célèbres et d’autres obscurs. Chaque fois l’auteur se fait un devoir d’exhumer leur moment de gloire. L’auteur se plaît à rappeler que Toulouse a été une ville de culture dont une caractéristique est la poésie occitane médiévale, la poésie d’amour. Ainsi nous faisons connaissance avec : Raimon de Miraval, Peire Vidal, Azalais de Porcairagues et autres poètes occitans quelque peu oubliés aujourd’hui. Le plus célèbre d’entre eux, Goudouli, a mérité sa statue sur une place centrale de la ville. Les pigeons et les étourneaux, peu respectueux, la recouvrent régulièrement de fiente. L’auteur n’oublie pas de rappeler la place importante tenue par les troubaïritz, femmes troubadours. Depuis le Moyen-Âge, des poétesses, à côté des poètes, avaient marqué l’Europe de leurs chansons en occitan. La chanson de Claude Nougaro Ô Toulouse est le fil conducteur de cette déambulation.

Ce roman est surtout celui d’un historien et d’un poète, mais il y a aussi un côté polar avec une enquête sur un meurtre. Là, on ne peut pas dire que l’auteur soit aussi à l’aise : ça part un peu dans tous les sens. Il y a des épisodes totalement invraisemblables, notamment quand la secrétaire Cassandre, chevauchant son Harley Davidson telle une amazone moderne, investit le repaire d’un dangereux mafieux, souriante et décontractée. Quelques rapprochements historiques assez hasardeux : « on devrait maintenant remonter au temps des guerres de religion ou même à celui des Cathares pour découvrir ce qui motive le crime actuel et qui peut en être l’exécuteur. » Ah la vache ! Pas facile les investigations s’il faut remonter si loin pour découvrir un criminel d’aujourd’hui ! Ça ne va pas simplifier le boulot de la police.

Vous l’aurez compris Mystères de Toulouse est un hommage d’un auteur à sa ville. L’enquête qui supporte le roman n’est pas la plus importante ni la plus réussie.

Extrait :
« Ici eut lieu une célébration, celle des obsèques du chanteur fétiche de la ville, Claude Nougaro. La foule était bourrée dedans, et dehors énorme, pour entendre le carillon qui sonnait, reprenant la mélodie du carillon des Minimes, la musique de la chanson Ô Toulouse. »

Si l’un me ramène sur cette ville
Pourrais-je encore y revoir ma pincée de tuiles
Ô mon païs, ô Toulouse, ôhooo Toulouse !
Rénat mettait rarement les pieds dans une église. Il avait d’innombrables fois accompli le tour de l’édifice mais n’avait dû entrer qu’à une ou deux reprises dans la plus grande basilique romane conservée en Europe, construite dit-on pour abriter les reliques et le mythe de Saint Saturnin. Cette légende habite le quartier aussi en l’église du Taur.
Ce véritable joyau fut restauré par Viollet-le-Duc sur recommandation de Prosper Mérimée, les mêmes que pour la cité de Carcassonne.

Claude Nougaro – Ô Toulouse

Basilique Saint-Sernin

Niveau de satisfaction :
3.8 out of 5 stars (3,8 / 5)

Ce contenu a été publié dans Enquête, Français, Moyen. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.