Ne faites confiance à personne – T.M. Logan

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2019
(Trust Me)
Date de publication française : 2022
(Hugo Thriller)
Traduction (anglais) :
Vincent Guilluy
Genre :
Thriller
Personnage principal :
Ellen Devlin

Logan n’a pas encore 50 ans; journaliste d’abord, puis écrivain depuis 5 ans. Ses romans ont connu un vif succès. Peut-être à cause d’une écriture simple et d’une intrigue mystérieuse.

Ellen revient à Londres en train où elle rencontre Kathryn, jeune femme dans la vingtaine, qui est accompagnée d’une enfant de quelques mois, Mia. Kathryn confie Mia à Ellen, le temps d’aller donner un coup de téléphone. Mais le train repart et Kathryn n’est pas revenue. Ellen la voit passer sur le quai. Dans un sac qui contient tout ce dont a besoin un bébé, Kathryn a laissé un message : « Protégez Mia, s’il-vous-plaît. Méfiez-vous de la police. Ne faites confiance à personne ».

Ellen et son mari ont justement interrompu leur relation, parce qu’elle ne semblait pas pouvoir avoir d’enfant, ce que le spécialiste qu’elle vient de rencontrer lui a confirmé. C’est donc avec un certain plaisir, « crainte et tremblement », pourrions-nous dire, qu’elle décide d’assumer cette mission de protéger Mia jusqu’au bout. Mais le bout est pas mal plus loin qu’elle ne le pense…

Pas facile de protéger quelqu’un quand on ignore d’où vient la menace. C’est qui ce bébé ? Est-ce que Kathryn est sa mère ? Qui veut s’en emparer ? Son père ? Et pourquoi se méfier de la police ? Pourquoi confier Mia à Ellen plutôt que de la garder ? Les réponses à ces questions apparaîtront à travers plusieurs aventures dont Ellen est victime : d’abord kidnappée avec Mia, puis mise pratiquement en accusation par la police, blessée sérieusement par un pistolet électrique après que sa maison eût été saccagée, continuellement suivie par on ne sait qui, impliquée dans une affaire de tueur en série spécialisé dans les jolies jeunes femmes dont la dernière, à moitié morte, serait peut-être la mère de Mia; enfin probablement menacée par ceux qui prétendent l’aider…

Difficile de laisser tomber ce roman une fois qu’on l’a commencé. Trop de questions simples exigent une réponse claire. Et on se sent inexorablement glisser dans ce qui semble être des sables mouvants impitoyables : dans quel pétrin démesuré Ellen s’est-elle naïvement engagée dans les meilleures intentions au monde avec des moyens vraiment inadéquats. Non pas qu’Ellen soit une faible femme : elle a été formée dans l’armée et elle sait faire face. Mais son besoin d’être responsable de Mia envers et contre tous, nourri par un tenace sentiment de culpabilité, la pousse à foncer tête baissée dans n’importe quel piège.

Cela dit, le thème le l’attachement à un bébé inconnu pourrait être traité de façon bêtement sentimental. Ce n’est pas le cas parce que le bébé, à peine apparu, disparaît. Et aussi parce que la nostalgie et la culpabilité d’Ellen la poussent continuellement dans l’action. Et enfin parce qu’on espère toujours que cette action va finir par nous fournir des réponses essentielles.

Ellen est vulnérable à la manipulation, mais on peut difficilement le lui reprocher quand on s’aperçoit que l’auteur nous a bien manipulés nous aussi.

Extrait :
Il y a un homme derrière la porte.
Pendant cette fraction de seconde où je reste tétanisée, j’ai le temps de remarquer deux choses.
Il est tout habillé de noir.
Il porte une cagoule.
Et puis une terreur liquide, absolue, se déverse de mon ventre à mes pieds, une vague de peur si violente que je perds presque l’équilibre. L’image de l’étranger du train, il y a deux jours, s’impose à moi. Mince. Le regard fixe. Les mitaines. Il m’a retrouvée. Nous nous dévisageons un moment puis il fait un pas en avant, comme une araignée qui sortirait de l’ombre.
Un inconnu masqué chez moi. Un cinglé qui m’a suivie. Un meurtrier, peut-être.
Je fais un mouvement vers la porte ouverte mais sa main jaillit pour la refermer brutalement. Le bois verni  claque contre l’encadrement comme un coup de feu dans le silence. Il hoche la tête lentement – non – , ses yeux sont comme deux têtes d’épingle brillantes au milieu de sa cagoule. Avec ce masque, il a l’air d’un terroriste, d’un assassin, mais il y a quelque chose de familier dans sa façon de se mouvoir, dans l’articulation de ses membres. Je cherche du regard, parmi les objets au sol, quelque chose qui puisse me servir à me défendre. Couvertures, draps, vêtements, coussins, il n’y a rien de dur, rien qui soit susceptible de faire mal.

Niveau de satisfaction :
4.4 out of 5 stars (4,4 / 5)

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