Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2022 – Albin Michel
Genres : Historique, religieux
Personnages principaux : Lucie, Henri et Thomas
France, abbaye de Lirey – XIVe siècle.
Thomas Merlin de Sainte-Anne a volé le suaire de Jésus au couvent du Mont-Sion à Jérusalem. Il le ramène en France à l’abbaye de Lirey. C’est le suaire censé avoir contenu le corps de Jésus après sa crucifixion. Il suscite une grande dévotion populaire que Thomas exploite en faisant construire une abbatiale spécialement destinée à exposer le suaire. Les ostensions sont payantes et rapportent beaucoup d’argent.
Italie, Turin – XIXe siècle.
Le suaire quitte Lirey et en 1578, il est transporté à Turin où il restera définitivement. En 1898, le photographe Secundo Pia prend deux clichés du suaire. Au développement, il découvre, en négatif, l’image d’un homme allongé nu, les mains croisées sur le pubis, le visage barbu, les cheveux longs, portant les stigmates de la Passion. L’émotion est considérable et c’est le début d’une furieuse bataille concernant l’authenticité du suaire.
États-Unis, New York – de nos jours.
Trump, battu aux élections présidentielles, ne désespère pas d’un retour triomphal à la Maison-Blanche en 2024. Pour favoriser cela, lui et ses conseillers ont l’idée de faire venir le suaire à Washington et d’organiser une immense manifestation où Trump l’offrirait à la vue du public. Le suaire deviendrait la bannière sous laquelle Trump se placerait, assurant ainsi sa réélection.
Dans une intrigue touffue, l’auteur retrace l’histoire réelle du suaire en y mêlant des éléments romanesques où apparaissent toujours trois personnages : Lucie, Henri et Thomas en France, qui deviennent Lucia, Enrico et Tommaso en Italie et Lucy, Henry et Tom aux États-Unis. Quelle que soit l’époque, on retrouve ces trois protagonistes liés par une relation d’amour contrariée. Les rapports compliqués et tumultueux de ces trois personnages ont tendance à nous faire perdre le fil de l’histoire du suaire. D’autant plus que l’auteur y ajoute des appréciations personnelles sur la force de l’image, l’obscurantisme, le fanatisme, l’antisémitisme et la vérité. Ces réflexions, souvent pertinentes, donnent le sentiment d’être submergé par un tas d’idées parasites et de finalement ne plus savoir si l’intention de l’auteur était de retracer l’histoire extraordinaire du suaire ou si c’était simplement un prétexte pour nous parler de la force de l’image à travers la peinture, la photographie et le cinéma ou encore nous montrer la fragilité de la vérité. Peut-être tout cela à la fois ?
Ecce Homo signifie Voici l’Homme. C’est ce qu’aurait dit le soldat romain en désignant Jésus, l’homme qu’il fallait arrêter. C’est aussi dans le roman le titre du film tourné par Lucy, le film du suaire. Cela me laisse aussi dubitatif que sur les intentions réelles de l’auteur en écrivant ce livre par ailleurs édifiant sur l’histoire du suaire dit de Turin.
Extrait :
En mai 1898, il est présenté au public. Lors de cette ostension, le roi Umberto Ier autorisa Secondo Pia à en prendre deux clichés : quatorze minutes de pose pour le premier, vingt minutes pour le second. En développant ses plaques, le photographe vit apparaître un corps « en négatif », c’est-à-dire avec des valeurs inversées, les blancs étaient noirs, les noirs étaient blancs. Secondo Pia découvrit ainsi l’image d’un homme allongé nu, les mains croisées sur le pubis, le visage barbu cerné de cheveux longs, portant les stigmates de la Passion.
L’émotion fut considérable en Europe.
Tandis que le pape Léon XIII s’interdit de prendre une position catégorique, la publication des photos de Pia provoque une furieuse dispute sur l’authenticité du suaire. La bataille se déroule à fronts renversés. Des laïcs (médecins, physiciens, chimistes, biologistes, criminologues) défendirent l’authenticité du suaire au nom de la Science alors que les religieux leur opposèrent l’exégèse pour combattre les illusions de savants égarés.
Niveau de satisfaction :
(3,8 / 5)