Un nom sur le tableau – Sam Trudeau

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2022 (Essor-Livres Éd)
Genre :
enquête, historique
Personnage principal :
John Gervais, jeune policier

Dans l’appartement d’un riche condo de l’Île-des-Sœurs, une jolie jeune femme est sauvagement assassinée, le visage tailladé à coups de couteau. Transféré momentanément aux Homicides, le jeune John Gervais prend l’enquête au sérieux, même s’il s’agit probablement d’une escorte, ce dont ne se soucient guère les policiers en général. Avec l’aide de son collègue Michel Laurin, Gervais interroge les voisins de la victime et examine soigneusement son appartement. Les indices sont minces. Les policiers soupçonnent un voisin qui fréquentait assez souvent la jeune femme. Gervais suit une autre piste mais on le retourne à la Moralité. Il décide alors de prendre des vacances et part en France pour suivre la piste d’un mafieux de Marseille et d’un ex-militaire de l’O.A.S. devenu mercenaire. À Marseille comme à Paris, le Québécois est accueilli avec curiosité, sympathie et efficacité. Tandis que, à Montréal, on croit avoir arrêté le coupable, Gervais traque habilement son suspect à Paris et lui tend un piège dans lequel il tombe à pieds joints.

C’est le premier roman de Trudeau, qui est aussi prof d’histoire, ce qui apparaît dans la première partie du roman qui se passe à Montréal, où la jeune recrue John Gervais nous fait voir l’organisation policière et les relations entre les gars (peu de femmes en réalité). On reconnaît la défunte Taverne Magnan (l’action se passe au début des années 80) qui leur sert de quartier général et on côtoie plusieurs types de policiers, assez machos mais plutôt sympathiques. Ce ne sont pas des saints mais, à part quelques violents, ils passent plutôt pour de grands enfants : par exemple, Laurin et Villeneuve qui descendent la piste de ski de la montagne en panier à salade.

Le rythme est bon et le roman est assez court (environ 150 pages). Ça se lit bien. Certains reprocheraient sans doute à l’auteur de traiter John Gervais comme une sorte de jeune héros, ou de gars bien chanceux. D’autres pourraient être agacés par bon nombre d’anglicismes, mais c’était comme ça dans les années 80 et depuis la fin de la guerre. Et le défi consistant à accorder presque autant d’importance à la dimension historique qu’à l’intrigue proprement dite est intéressant à relever. Comme le pense John : « Les flics et les historiens se rejoignent dans leur obsession commune de tout comprendre ».

Extrait :
– Vous pourriez m’introduire au 36 Quai des Orfèvres ? demanda Gervais qui se voyait mal y débarquer avec seulement son plus beau sourire et une (sic)[1] badge de Montréal.
Je vais faire mieux que ça. Je vais vous recommander à des super-flics qui connaissent Paris comme le fond de leur poche. Il s’agit des gars de l’O.C.R.B. (Office central pour la répression du banditisme), l’Antigang quoi. Ils logent au 127 rue du Faubourg Saint-Honoré et sont en compétition constante avec le 36 Quai des Orfèvres. J’ai un contact là-bas, il s’appelle Bauer, il va pouvoir vous aider.
Je vous remercie infiniment Levac, vous êtes un chic type. Dans cette enquête, vous m’avez sorti de la noirceur. Je vous appellerai de Paris, dit Gervais en lui tendant la main.
La noirceur ! Quelle belle expression d’ancien français, vous êtes pittoresque, Gervais, pittoresque, s’exclama Levac en quittant le bistro.

[1] Au Québec, on a tendance à féminiser le mot badge.

Chez Magnan

Niveau de satisfaction :
3.9 out of 5 stars (3,9 / 5)

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