La chance d’une vie – John Grisham

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2021 (Sooley)
Date de publication française : 2022 – Éditions Jean-Claude Lattès
Traduction (américain) :
Carole Delporte
Genres :
roman social, sport
Personnage principal :
Samuel Sooleymon (Sooley) jeune Sud-Soudanais, basketteur

Le Soudan du Sud est ravagé par des guerres ethniques, des gangs attaquent, dépouillent et violent. Dans les moments d’accalmie, le jeune Samuel Sooleymon se livre à sa passion : le basket. Le jeune homme est repéré par un recruteur qui lui propose de jouer dans un tournoi qui aura lieu aux États-Unis sous l’œil des recruteurs universitaires. Tandis que Samuel, avec l’appui de son mentor, intègre l’équipe universitaire des Eagles de Durham, son village du Soudan est attaqué par des pillards. Son père est tué, sa sœur enlevée, sa mère et ses deux frères réussissent à s’enfuir, ils finiront dans un camp de réfugiés en Ouganda. Pendant ce temps, Samuel commence une brillante carrière de basketteur universitaire. Il devient même une célébrité sous le surnom de Sooley. Il est sur le point de passer professionnel et de jouer dans la fameuse National Basketball Association (NBA). Pour lui, c’est la popularité et un fabuleux contrat qui va le rendre riche. N’ayant connu jusqu’alors que la pauvreté, Sooley à 18 ans à peine, se voit offrir la chance de sa vie, mais est-il prêt pour la gloire et la fortune ?

John Grisham nous dépeint deux mondes aux antipodes l’un de l’autre : d’une part les camps de réfugiés où se retrouvent des populations affamées et en haillons et d’autre part le monde du sport universitaire aux États-Unis où des étudiants privilégiés bénéficient de bourses pour suivre les études tout en pratiquant le sport, ce qui pour les plus doués les mènera à une carrière professionnelle lucrative.

La partie consacrée au Soudan du Sud et au camp de réfugiés de Rhino en Ouganda est explicite : la misère et le dénuement sont clairement montrés et rendus palpables par un texte clair et précis. Dans la partie États-Unis, il y a la description de nombreux matchs de basket, l’auteur utilise alors de nombreux termes techniques dont le sens paraîtra obscur à tous ceux qui ne connaissent pas ce sport : alley-oop, swish, lay-up, dunk … Carole Delporte, la traductrice, probablement pas aussi passionnée de basket que l’auteur, a dû en baver pour retranscrire en français le récit des matchs basket. Parmi les particularités du sport universitaire américain, il y a la draft qui s’apparente à une gigantesque foire aux bestiaux où les équipes professionnelles font leur marché parmi les meilleurs jeunes joueurs des universités. Bref, il vaut mieux être américain et fan de basket pour pleinement apprécier.

Malgré la misère et la pauvreté qui règne au Soudan, Grisham nous brosse un monde assez lisse et plein de bons sentiments : les humanitaires sont dévoués et efficaces, les infirmières sont compréhensives, les coachs sont tous humains et se préoccupent sincèrement du bien-être et de la réussite des joueurs, Sooley est très bien traité et considéré comme l’enfant adoptif d’une famille d’accueil généreuse. Même les policiers sont aimables avec les noirs ! Mais, dans cette société bienveillante, le danger est malgré tout présent, il est d’une tout autre nature que celle que connaissait jusqu’alors Sooley.

John Grisham a écrit de nombreux livres, classés dans des catégories variées : romans historiques, judiciaires, sud rural des États-Unis, jeunesse. Ce n’est pas la première fois qu’il aborde le sport dans ses romans : Le dernier match et La Revanche traitaient du football américain, Calico Joe du baseball et dans ce dernier, du basket.

La chance d’une vie tout en étant captivant peut aussi être ressenti rébarbatif pour les non-sportifs ou ceux qui ne s’intéressent pas et ne comprennent rien au basketball.

Extrait :
Il s’empara d’un maillot, le modèle qu’il avait montré à l’équipe en avril.
— Vous l’avez déjà vu. C’est un simple maillot gris avec un short assorti. Pas de logo. Pas de nom dans le dos. Rien qui dise « Regardez-moi ». Nous enfilerons ces tenues simples pour ne pas oublier les origines humbles de notre peuple. Elles nous rappelleront constamment d’où nous venons. Et lorsque nous nous distinguerons sur le terrain, et que l’on nous demandera pourquoi nous portons des vêtements aussi communs, nous leur répondrons fièrement que nous sommes sud-soudanais. Notre pays est jeune et pauvre, mais nous en ferons une belle et grande nation.

Niveau de satisfaction :
4 out of 5 stars (4 / 5)

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