La maison sans souvenirs – Donato Carrisi

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2021 (La Casa Senza Ricordi)
Date de publication française : 2022 (Calmann-Lévy)
Traduction (italien) :
Anaïs Bouteille-Bokobza
Genre :
Noir
Personnage principal :
Pietro Gerber, hypnotiseur

J’ai déjà lu Malefico et Tenebra Roma, que j’appellerais des polars d’ambiance aux problèmes compliqués et aux enquêtes peu convaincantes. Ce qu’il nous reste, par exemple, de Tenebra Roma, c’est la ville de Rome à la fois incendiée et inondée. Carrisi ne nous gagne pas par la subtilité de ses enquêteurs ni par la sympathie qu’on éprouverait pour ses personnages, trop nombreux pour qu’on s’y attache. Il compte surtout sur l’atmosphère trouble qui nous suit même une fois qu’on a terminé le roman.

C’est certainement encore le cas cette fois-ci. Une mère et son fils disparaissent dans les bois. On retrouve leur voiture, mais impossible de savoir où ils sont passés. Huit mois après, le jeune Nico (12 ans) est retrouvé par une éleveuse de chevaux. Elle le ramène chez elle; le jeune ne parle pas et semble complètement perdu. On le confiera au psychologue pour enfants et hypnotiseur Pietro Gerber, dit « l’endormeur d’enfants ». Alors que Nico semble avoir avoué le meurtre de sa mère, Pietro n’en croit pas un mot, et va s’efforcer de comprendre ce qui s’est vraiment passé. D’intuitions en convictions, il finit par conclure que l’ado est sous l’emprise d’un autre hypnotiseur d’enfants, qui parle en lui. Et qui finit par contaminer tout l’entourage de Gerber sans qu’on sache exactement pourquoi et encore moins comment. Gerber lui-même semble avoir été piégé par le grand affabulateur, de sorte que ses certitudes fondent en même temps que notre compréhension.

C’est ici que les appréciations des lecteurs se divisent en deux groupes : ceux et celles que l’irrationalité stimule en auront pour leur argent. Ceux et celles qui aiment bien les mystères dans la mesure où on finit par les éclaircir resteront sur leur faim.

Extrait :
Avec qui avait-il parlé au téléphone, pendant tout ce temps ? La question le taraudait, mais la réponse était aussi simple que la plus simple des ruses. Dans son esprit, la voix de l’affabulateur était devenue celle de Silvia. Évidemment.
En arrivant chez lui, Gerber n’avait même pas retiré son imperméable. Il s’était assis à sa place habituelle sur le canapé, dans le noir, devant le téléviseur éteint.
Son portable à la main.
Après avoir vérifié une dizaine de fois le numéro de son ex-femme dans son répertoire, il avait dû se résigner à l’évidence.
Ce n’était pas le bon.
Quand l’avait-il substitué à l’autre ? Pietro ne doutait pas qu’il l’avait fait lui-même. Sa volonté avait été contournée, enjambée, éludée.
L’endormeur d’enfants avait été endormi.

Valle dell’Inferno

Niveau de satisfaction :
3 out of 5 stars (3 / 5)

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