Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2022 – Éditions du Caïman
Genre : Thriller
Personnage principal : Skaer, ancien militaire
Skaer avec sa stature puissante et compacte, sa barbe broussailleuse et ses multiples cicatrices, impressionne et inspire la crainte. Il vit à l’écart dans un petit village basque. Il ne fréquente personne, il n’a ni télévision, ni téléphone, ni ordinateur. Il vit comme un sauvage, en autarcie. Un jour, son bel isolement est rompu quand une jeune femme et sa fille s’installent dans la maison la plus proche de sa cabane. Il est contrarié, mais il l’est encore plus quand débarque un homme, le mari, qui ne tarde pas à brutaliser la mère sous les yeux de sa fille. Skaer n’aime pas ça, il décide de régler ce problème à sa façon. Cela l’amènera à sympathiser avec ses nouvelles voisines, surtout avec Celestia, la fille de 10 ans, qui n’a pas la langue dans sa poche, ni ses yeux. Pour Skaer, la vie en ermite est finie.
Dès le début du roman, on se pose beaucoup de questions sur le personnage de Skaer. L’homme entretient une forme physique au plus haut niveau, n’a aucun contact avec les gens, essaie de ne pas se faire remarquer et est en permanence aux aguets. L’auteur dévoile ensuite que cet homme a subi une formation très dure, dans une unité militaire spéciale qui en a fait une redoutable machine à tuer. Reste des questions : Pourquoi se cache-t-il dans ce coin perdu ? Pourquoi cette obsession de rester invisible ? Bien sûr les mystères entourant Skaer seront levés petit à petit.
L’homme a appartenu à une armée de l’ombre, sans identité officielle, sans passé, sans existence. Mais avant de disparaître des radars, Skaer avait une histoire. Il avait même une presque sœur, Justine, avec qui il a été élevé dans un foyer d’accueil. Les deux gamins s’étaient mutuellement aidés, ils avaient grandi ensemble. Justine était le seul être humain que Skaer ait jamais aimé. Justine a eu un fils qui a été enlevé et tué comme quatre autres enfants de cette région. Finalement, Skaer ne s’est peut-être pas installé dans cet endroit tout à fait par hasard.
Outre le terrible Skaer, nous trouvons d’autres personnages pittoresques : le capitaine de police Paul Bourgonges, un vieux garçon dégingandé, qui s’occupe de son père atteint Alzheimer. Burgondes n’est pas satisfait de sa vie et il n’a pas confiance en lui. En outre il culpabilise de n’avoir pas pu arrêter l’assassin d’enfants qui a fait cinq victimes. Il formera une improbable équipe avec Skaer sur une affaire qui leur tient à cœur à tous les deux. Contrairement au policier, Skaer ne s’embarrasse pas de procédures et du respect des lois, ses méthodes sont violentes, mais très efficaces. La petite Celestia n’a que 10 ans, mais elle est drôlement futée, elle a déjà une maturité étonnante, un grand courage et un sens de l’observation aiguisé.
Dans une intrigue bien construite, Philippe Setbon campe des personnages impressionnants par leur force ou attachants par leur fragilité dans ce remarquable thriller plein de mystères, d’action et de suspense.
Extrait :
À chaque question, le visage de Skaer lui apparaissait. Ce masque raturé de griffures, enseveli sous les cheveux et les poils, ces yeux d’hypnotiseur. Et cela la rassurait. Jamais Skaer ne permettrait qu’on lui fasse du mal. N’avait-il pas sauvé Maman de la sauvagerie de son mari… Car Celestia en avait toujours été persuadée : Skaer avait bel et bien tué son père. Pour les protéger elle et Maman. C’était sûr et certain. Il avait vu par la fenêtre ce que Wim faisait subir à sa propre famille et il avait décidé de le punir.
Niveau de satisfaction :
(4,3 / 5)