Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2022 – M+ ÉDITIONS
Genres : Enquête policière, thriller, ésotérisme
Personnage principal : La commandante Patricia Lagazzi, officier de la section Alésani, spécialisée dans les phénomènes étranges
1982, Périgord.
Un groupe de soixante-huitards qui s’est installé dans un village isolé du Périgord, dégénère en une secte religieuse dirigée par un petit groupe, les Dignitaires, qui provoque la mort d’une femme après un viol collectif.
2022, Paris.
Patricia Lagazzi, commandante de police et membre de la section spéciale Alésani du Ministère de l’Intérieur, spécialisée dans les phénomènes paranormaux, est envoyée pour enquêter sur des meurtres étranges perpétrés dans un village reculé du fin fond de la Dordogne.
Arrivée sur place, Patricia Lagazzi, s’installe à Brélac-sur-Vézère et entre en contact avec les gendarmes locaux. Les faits se sont déroulés dans un patelin, appelé Anarchia, accessible qu’en véhicule tout-terrain ou à pied, bordé d’une forêt sombre et dense. Ce lieu est maudit, il est bercé de légendes fondées sur des évènements mystérieux, voire démoniaques. Il ne faut jamais s’y aventurer seul. Patricia, habituée à intervenir sur des affaires impliquant des phénomènes inexpliqués, ne croit pas à ces légendes, cependant son enquête mouvementée va la confronter aux présences hostiles, mais bien réelles, qui hantent la forêt.
L’auteur nous plonge dans une enquête pas ordinaire où la réalité et les forces occultes agissent ensemble pour former une ambiance oppressante, hors du temps. La forêt de Brélac est l’endroit où se concentrent tous les dangers. Ce lieu a de quoi inquiéter : en plein milieu de la forêt se trouvent les ruines du sinistre château des Rais, les descendants de Gilles de Rais[1]. À proximité, d’autres ruines tout aussi angoissantes, celles d’un monastère du XIIe siècle, érigé pour lutter contre les forces démoniaques qui régnaient déjà dans la région. Moins de trente ans après la fin de la construction, le monastère s’est entièrement effondré, tuant la totalité des vingt-quatre moines qui l’occupaient. Les forces du mal ont gagné. Dans cette forêt sévissent également des sorciers qui se livrent à des rites démoniques.
La commandante Patricia Lagazzi n’est impressionnée ni par le cadre ni par le contexte. Elle a l’habitude de ces enquêtes où le paranormal intervient et complexifie les investigations. Elle sait que les assassins sont des hommes ou des femmes, pas des fantômes ou des démons. Lagazzi est présentée comme une professionnelle aguerrie, alors il est vraiment énervant de la voir se conduire comme la pire des débutantes : elle va seule dans la forêt interdite alors qu’on lui a bien recommandé de ne jamais le faire, pire elle se laisse prendre par la nuit parce qu’elle a commencé son intervention trop tard, elle trébuche et s’assomme en tombant, elle perd son arme dans sa chute, elle intervient seule dans une cérémonie de trente sorcières, elle se fait courser par la meute des sorcières… On comprend que l’auteur a besoin de mettre en danger son héroïne pour provoquer la tension du lecteur, mais le fait qu’elle se mette seule dans des situations délicates la fait passer pour une gourde plutôt que pour un officier de police éprouvé. Ça devient alors Les Blondes[2] dans la police !
Tous les composants du thriller ésotérique sont ici réunis et l’auteur nous sort le grand jeu pour provoquer le frisson : l’ombre de Gilles de Rais, les sorciers, les ruines lugubres, les cérémonies macabres, la secte des Ghjuvannali, les arcanes du tarot divinatoire, les crucifixions sataniques, les ordalies … N’est-ce pas un peu trop ? C’est comme un cuisinier qui aurait mis trop d’ingrédients dans son plat et finirait par le rendre indigeste.
Ce roman, rythmé et intense, se lit bien, c’est une lecture agréable et une bonne distraction, mais un peu plus de rigueur et de sobriété n’auraient pas fait de mal.
[1] Gilles de Montmorency-Laval, plus connu sous le nom de Gilles de Rais, maréchal de France, vécut au XVe siècle. Il fut l’un des plus fidèles compagnons d’armes de Jeanne d’Arc avant qu’on ne découvre qu’il s’adonnait à des pratiques alchimiques et surtout démoniaques qui pourraient avoir fait de lui le plus grand tueur en série de toute l’histoire de France.
[2] Les Blondes est une série de bandes dessinées humoristiques, retranscrivant la majorité des blagues connues sur les femmes blondes, souvent relatives à leur prétendue stupidité.
Extrait :
Patricia réalisa soudainement l’étrangeté de son enquête. La section Alésani était spécialisée dans les affaires peu classiques mais enquêter dans un village tel que celui-ci, coupé de toute civilisation et qui, apparemment, faisait sa propre loi depuis bien longtemps avait quelque chose d’irréel. Presque de chimérique.
« J’ai l’impression d’être dans une autre dimension, soupira-t-elle. »
Niveau de satisfaction :
(4 / 5)
Pas trop fan des histoires de sectes, de présences et autres paranormalités, je ne lirai pas ce livres mais suis ravie d’en avoir lu une critique claire et nuancée.
Je te remercie pour le compliment. En principe je ne suis pas fan de ces bouquins ésotériques, dans celui-ci c’est plutôt le cadre qui m’a attiré : la forêt mystérieuse, l’ancien monastère maudit, les ruines lugubres …