Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2004 (The Suspect)
Date de publication française : 2005 (JC Lattès), 2023 (Archipoche)
Traduction (anglais Australie) : Stéphane Carn
Genres : Suspense, enquête
Personnage principal : Joseph O’Loughlin, psychologue
Petite famille anglaise sans histoire : Charlie, petite fille intelligente de huit ans, sa mère Julianne enseigne l’espagnol, et Joseph psychologue qui tient bureau. Mariés depuis 16 ans, sans trop de problèmes sauf que Julianne aimerait bien avoir un deuxième enfant.
Une jeune femme est retrouvée morte près d’un cimetière où Joseph et sa famille sont venus rendre hommage à tante Gracie. Le policier chargé de l’enquête, Vincent Ruiz, rencontre Joseph qui donne une conférence à des prostituées et fait circuler la photo de la morte aux filles et femmes présentes en espérant qu’une d’elles reconnaîtra la victime qu’il soupçonne d’être une prostituée. Puis, il demande l’aide de Joseph. Le lendemain, Joseph retrouve Ruiz à la morgue, qui finit par lui apprendre qu’il s’agit de Catherine Mary McBride, infirmière de 27 ans. Joseph la reconnaît mais ne le dit pas à l’inspecteur.
C’est le début du jeu de cache-cache entre le psychologue et le policier. Joseph est un spécialiste de l’écoute active, mais il a de la misère à s’ouvrir à autrui, qu’il s’agisse de Ruiz ou de sa femme. D’un petit mensonge à un autre, il se retrouve dans un énorme pétrin. On dirait un Boileau-Narcejac. Ça finit d’ailleurs par se retourner contre lui : Ruiz l’accuse de meurtre, et Julianne le met à la porte pour lui avoir dissimulé qu’il avait fait l’amour avec une ancienne prostituée.
Poursuivi par la police et désireux de protéger sa femme et sa fille qu’il croit en danger, Joseph se débat « comme un diable dans l’eau bénite ».
Ce roman est le premier d’une série qui met en scène le psychologue Joseph O’Loughlin. On en a tiré une série télévisée. C’est certain que Robotham ne manque pas d’imagination. Mais son personnage principal m’est carrément antipathique. Je sais bien que Poirot est vaniteux et que Holmes est prétentieux mais, au moins, ils sont intelligents. Ce n’est pas le cas de Joseph dont le jugement, affecté par son orgueil mal placé, manque de lucidité. Heureusement que la chance finit par être de son côté. Enfin, je n’aime pas beaucoup non plus les intrigues dont la solution doit être cherchée dans les complexifications sophistiquées du cerveau humain. Au moins, quand les indices sont matériels, on ne peut pas inventer n’importe quoi.
Extrait :
Certains parlent de « péché par omission », mais qu’est-ce que ça veut dire ? Qui décide de ce qui est ou n’est pas un péché ? Je joue peut-être sur les mots, mais à en juger par l’empressement que mettent certains à se poser en juges et à édicter leurs conclusions, on pourrait croire que la vérité est une, indestructible et inaliénable. Qu’il s’agit d’une chose qu’on peut isoler, fixer, saisir mentalement et se repasser, afin de la jauger, ou de la soupeser, avant de parvenir à un accord unanime.
Mais il n’en est rien. Si je devais vous raconter cette histoire demain, mon récit serait déjà différent de ce qu’il est aujourd’hui. J’aurais eu le temps de passer chaque élément dans le filtre de mes systèmes de défense, de trouver des explications rationnelles à chacune de mes actions. Quoi qu’on puisse en dire, la vérité n’est que nuances, jeux de mots et problèmes de sémantique.
Niveau de satisfaction :
(3,9 / 5)