Lucia – Bernard Minier

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2023 (Pocket) et 2022 (XO)
Genres :
Enquête, thriller
Personnage principal :
Lucia Guerrero, inspectrice (Guardia Civil, Espagne)

Il y a trente ans (1989), près de Graus, au nord-est de Madrid, un jeune couple est assassiné et leur enfant disparaît. En 2015, à Ségovie, un autre couple est massacré à coups de couteau. En 2018, à Benalmadena, un couple de touristes est poignardé alors qu’ils étaient encore au lit. Tout dernièrement, enfin, le sergent Sergio Castillo Moreira est retrouvé, collé sur une croix, nu, les bras écartés, tailladé à coups de tournevis. Sa partenaire, la lieutenante Lucia Guerrero, qui va mener l’enquête, est toute chavirée après avoir examiné la scène de crime particulièrement hallucinante.

La police a très peu d’indices. À l’université de Salamanque, par contre, le professeur de criminologie Salomon Borges anime et dirige un groupe d’étudiant(e)s de moins de trente ans, qui ont mis au point une sorte d’intelligence artificielle de criminologie, nommée DIMAS, qui a pu établir des liens entre ces quatre assassinats : les scènes de meurtre étaient toutes inspirées de tableaux de la Renaissance, et on avait utilisé la même sorte de colle pour fixer la position des personnages. Le mobile n’était toujours pas très clair : on ne tue tout de même pas des gens parce qu’ils semblent heureux ! Salomon et Lucia enquêtent d’abord sur celui qui a emprunté à la bibliothèque un livre qui recense plus de deux cents tableaux peints en Italie, en Espagne, en France et dans les pays du Nord entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIIe : les trois premiers meurtres sont des copies exactes de peintures qu’on y trouve. Puis, sur un suspect du premier meurtre qui les conduit dans un repaire de pédophiles où se serait retrouvé l’enfant disparu.

Quand les enquêteurs approchent de la solution, deux jeunes du groupe de recherche sont assassinés et il semble que ce soit maintenant Lucia et le professeur qui sont dans la mire du tueur.

Ce n’est pas l’action qui manque dans ce roman. Minier connaît les trucs du métier et il aime se rapprocher de ses lecteurs : il espère qu’on joue à deviner ses fausses pistes et à découvrir le coupable. Il intègre des références culturelles (littéraire, cinématographique, musicale et picturale) pour montrer qu’un polar peut être plus qu’un simple divertissement. Ça permet de lire assez facilement les 500 pages, mais il ne faut pas essayer de découvrir le fin fond de l’histoire avant Lucia. L’auteur, en effet, multiplie les revirements et le mobile des principaux assassinats relève d’une tendance psychologique rarissime.

Extrait :
Le regard que Lucia posait sur le psychiatre était de la couleur d’un ciel d’hiver. On en revenait toujours à l’enfance. Quels que soient les actes de ces monstres, le petit enfant était toujours l’excuse.

─ Le trouble se caractérise souvent par des amnésies, des trous de mémoire : on a la preuve de choses qu’il a faites, y compris illicites, mais le patient a oublié qu’il les a faites. Ou bien un de ses alter s’en souvient mais pas les autres, comme c’est le cas ici.
─ Illicites ? gronda-t-elle. Illicites ? Il a massacré mon coéquipier, docteur. Il lui a planté un foutu tournevis dans le cœur ! Il l’a collé à une saloperie de croix ! Trous de mémoire, mon cul ! Il n’est pas question qu’il aille se bourrer de pilules dans un asile en attendant qu’un psychiatre irresponsable le remette en liberté !

Université de Salamanque

Niveau de satisfaction :
4.1 out of 5 stars (4,1 / 5)

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