Une mort esthétique – P.D. James

Par Michel Dufour

Date de publication originale :
2008 (The Private Patient)
Date de publication française :
2009 (Arthème Fayard)
Traduction (anglais) :
Odile Demange
Genre :
Enquête
Personnage principal :
A. Dalgliesh, commandant (Police métropolitaine)

C’est l’avant-dernier roman de P. D. James, et la dernière aventure de Dalgliesh.

La journaliste d’investigation Rhoda Gradwyn est admise à la clinique privée du docteur Chandler-Powell pour faire disparaître de sa joue une longue cicatrice. Au Cheverell Manor, elle rencontre son médecin et son assistant le docteur Marcus Westhall; Marcus et sa sœur Candice habitent dans un cottage à deux pas du manoir. On lui présente également Helena Haverland, ou Miss Cressett, l’administratrice en chef, Flavia Holland, l’infirmière principale et Madame Frenshaw, ou Lettie, gouvernante et dame de compagnie d’Helena. Elle connaîtra plus tard les cuisiniers Kim et Dean Bostock, le jardinier depuis toujours Magworthy, et la jeune domestique à tout faire Sharon Bateman.

Quand on apprendra que Rhoda Gradwyn a été égorgée la nuit qui a suivi son opération, c’est parmi ces gens-là qu’il faudra chercher le coupable. Il s’agit pratiquement d’un problème de chambre close. D’où l’importance de connaître ces personnages, ce qui correspond au premier tiers du roman, avant l’arrivée de Dalgliesh. Les habitués de P. D. James connaissent bien Dalgliesh, un policier brillant et consciencieux, travailleur acharné. Il a besoin d’une heure de marche par jour, et il dirige ses adjoints Kate Miskin et Francis Benton-Smith avec politesse et rigueur.

La publicité d’un meurtre dans sa clinique n’a rien d’avantageux pour Chandler-Powell et il semble que, à l’heure du meurtre, il ait été en grande discussion avec Flavia dans ses appartements. Le jardinier Magworthy n’est jamais là où on pense, mais rien ne le relie à Rhoda. Miss Cressett avait-elle le désir de ruiner le chirurgien qui avait racheté le manoir de son père obligé de vendre ? Madame Frenshaw semble bien aimable avec tout le monde; n’est-ce pas une bonne raison pour s’en méfier ? Candice n’habite pas au manoir et son frère Marcus n’était apparemment pas au manoir à l’heure du crime. Les Bostock gèrent la cuisine avec plaisir et il est peu probable qu’ils aient eu intérêt à se tirer dans le pied. Quant à la jeune Sharon Bateman, elle paraît un peu déséquilibrée et avec ces gens-là on ne sait jamais…

Quand nos trois policiers mettent en commun le produit de leurs réflexions sans grand succès, un deuxième meurtre se produit : Robin Boyton, ami de la journaliste et cousin de Marcus, est retrouvé asphyxié dans un vieux congélateur. L’enquête rebondit. Un troisième meurtre est évité de justesse; l’assassin est contraint d’avouer.

Pour Dalgliesh, la vie continue. Il cherche à savoir si le testament du père de Candice est valable, c’est-à-dire si le père de Candice et Marcus est vraiment mort au moins huit jours après la mort du grand-père. Et, deuxième problème important : Dalgliesh aura-t-il le temps d’épouser la jolie Emma qu’il courtise depuis quelques années ?

Ce grand roman est en même temps un sérieux appel à l’optimisme malgré les coups durs que la vie nous impose. Une belle démonstration aussi que toute vérité n’est pas bonne à dire. James nous confie, à la fin de sa vie, une idée fondamentale de sa philosophie à travers le personnage d’Annie, une amie de Dalgliesh qui s’est faite agressée et presque violée : « Si les cris de toutes les créatures vivantes de la terre se rassemblaient dans un unique hurlement de douleur, ils ébranleraient sûrement les étoiles. Mais nous avons l’amour. La défense peut paraître frêle face aux horreurs du monde, mais nous devons nous y cramponner et y croire, car c’est tout ce que nous avons ».

Extrait :
Je sais ce que vous allez me demander. S’agissait-il d’une attirance sexuelle ? Tout ce que je peux vous dire c’est que cette simple idée aurait été sacrilège à mes yeux. Je ne l’ai jamais touchée. Mais de l’amour, oui, c’était de l’amour. N’est-il pas toujours physique dans une certaine mesure ? Pas sexuel, mais physique ? Le plaisir qu’on éprouve à contempler la beauté et la grâce de l’objet aimé ? Vous savez, je suis directeur d’école. Je connais par cœur toutes les questions qu’on va me poser. « Avez-vous eu des gestes déplacés ? » Comment répondre à cela, à une époque où le simple fait de poser le bras autour de l’épaule d’un enfant qui pleure est considéré comme indécent ?

Manoir du Dorset

Niveau de satisfaction :
4.5 out of 5 stars (4,5 / 5)

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