Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2023 (Alire)
Genre : Enquête
Personnage principal : Catherine
Sylvestre adopte un style tellement singulier que les réactions des lecteurs sont tranchées : on aime ou on n’aime pas. C’est Catherine elle-même qui raconte l’histoire où elle figure en la commentant continuellement : c’est comme si elle nous livrait son journal personnel avec des remarques sur ses ami(e)s, des anecdotes, ses jurons préférés, les interventions de ses voix intérieures, tout cela avec un sens de l’humour pas toujours très subtil. Ou bien on trouve attachante cette femme dans la jeune quarantaine, ou bien elle nous énerve.
Son ex-collègue, Jeanne Blanchette, qui travaillait avec elle à la bibliothèque, lui demande d’aider sa sœur Agnès qui reste obsédée par la mort de son amie Mireille, qu’elle n’a pas rappelée après avoir entendu sur son répondeur un message reçu la veille : « Faut absolument que j’te parle, je sais pas quoi faire. J’y repense tout le temps, depuis mercredi … Ça ne me sort pas de la tête ! C’est à cause de la petite fille de la piscine … Seigneur ! J’avais jamais vu une face pareille, j’te dirais … enragée. Entéka. J’peux pas te raconter ça au téléphone, c’est trop bizarre. Appelle-moi dès que tu peux. Bye. »
Mireille est morte en glissant sur un savon dans les douches de la piscine où des femmes suivaient un cours d’aquaforme. Le rapport du coroner a conclu qu’il s’agissait d’un accident. Ce qui n’empêche pas Agnès de se sentir coupable. Catherine doit donc rencontrer plusieurs personnes, et les interroger pour essayer de trouver des éléments susceptibles d’aider Agnès à surmonter sa culpabilité.
Son conjoint vient la rejoindre à Lévis où une tentative d’enlèvement d’enfant s’est produite sans conséquence mais où un autre enfant finit par être enlevé. Yves a enquêté à Laval sur un cas semblable il y a quelques années (un tueur en série qui enlevait des enfants), et son insuccès l’a déprimé. Il compte bien se reprendre cette fois-ci, même s’il est plus ou moins retraité.
Agnès retrouve le sourire; le tueur en série est découvert; mais un grave événement entraîne une finale dramatique. C’est peut-être pour qu’on ne la trouve pas trop légère que l’auteure a noirci la finale…
Extrait :
Vous croyez que j’engueule Yves quand on s’installe dans l’auto ? Que nenni. Je me tais encore. Même ma chorale intérieure est muette, tétanisée. Mon homme ne cherche pas non plus à entamer la conversation. S’il a joué les innocents hier soir, il m’a sûrement vue examiner le paquet dans le coffre, paquet qu’il n’a du reste pas chercher à dissimuler. Durant une cinquantaine de kilomètres, on avale la route comme un sac de chips, du genre qu’on finit par vider sans s’en rendre compte en regardant la télé (…).
Je suis choquée, dans tous les sens du terme : fâchée, en état de choc, interloquée, abasourdie. Mon chum m’a manipulée. Il s’est servi de ce qui devait être un geste de reconnaissance à l’égard de nos hôtes pour leur tendre un piège. Je n’ai pas de mots. Il m’a coupé le sifflet, le souffle, l’esprit.
Niveau de satisfaction :
(3,4 / 5)