Par Michel Dufour
Date de publication originale : 2023 (XO Éditions)
Genres : Enquête, thriller
Personnage principal : Martin Servas, commandant à Toulouse
Matthias Laugier, patient d’un centre hospitalier, se prend pour le démon; il sera bientôt assassiné de façon scabreuse. Il demande au père Eyenga d’apporter un document (une clé USB) à Kenneth Zorn, actif lui aussi dans le cinéma d’horreur. Zorn regarde le document et se jette en bas de son manoir en flammes. Pendant ce temps, à l’hôpital psychiatrique de Toulouse, Stan Du Wels, qui travaillait aussi dans le cinéma d’horreur autour de Morbus Delacroix, est torturé et tué alors que son voisin de chambre disparaît sans qu’on puisse s’expliquer cette disparition. C’est la principale piste que suivra le commissaire Servas de Toulouse, assisté de ses adjoints Vincent Espérandieu et Samira Cheung à l’allure plutôt punk.
Sur une route pluvieuse, la jeune étudiante en esthétique du cinéma, Judith Tallandier, se rend chez le grand réalisateur de films d’horreur, un monstre sacré, et, pour plusieurs, un monstre tout court, Morbus Delacroix, qui a exceptionnellement accepté de la recevoir. Elle sortira de ce court séjour le visage meurtri et elle portera plainte contre Morbus, qui jure n’y être pour rien.
Dans la prison de Seysses, Piotr Souchko est libéré et attend en vain son camarade Florent Cuvilier, tous deux amateurs de films d’horreur. Florent se fait attendre pour la bonne raison qu’il a été victime d’une centaine de coups de couteau. Mais, pour le moment, Servas enquête à Paris, avec son vieil ami le commissaire Pierrat, autour du Cabaret Rouge que fréquentait Du Wels. Les policiers suspectent le méchant Valek d’avoir mis sur pied une sorte de commerce de jeunes femmes. Tout cela est loin d’être clair. Espérandieu suit la trace tout seul à Paris, mais il disparaît.
Ce sera sans doute difficile de mettre de l’ordre là-dedans et de relier tous les fils. Et, au moment où Servas songera peut-être à récupérer un brin, il apprend que son grand ennemi, l’impitoyable tueur en série Julian Hirtmann, vient de s’évader.
J’abrège un peu. Ce n’est pas l’action qui manque. Et surtout : nous sommes en face de plusieurs problèmes mystérieux qui accaparent notre attention et suscitent des émotions troublantes. Le fait que le centre d’intérêt est constitué par le cinéma d’horreur et ses artisans, et que les meurtres sont vraiment horribles, augmentent la tension. La façon d’expliquer ces situations énigmatiques, cependant, manque un peu de conviction : l’insuffisance des observations des policiers et l’imagination excessive de Judith sont loin de satisfaire un esprit, sinon rationnel, du moins exigeant. Pour l’auteur, dans ce roman comme dans le précédent, les problèmes sont plus captivants que les solutions.
Extrait :
LE CLIQUETIS. Cette fois, elle l’entendit plus distinctement. Quelqu’un descendait l’escalier.
Judith se figea, glacée par une pensée plus paralysante qu’une injection de succinylcholine : ils étaient éveillés. Ils lui avaient tendu un piège et elle était tombée dedans.
Merde, et maintenant je fais quoi ?
La panique montait en elle avec la rapidité d’une rivière en crue, irrésistible.
Les pas étaient parvenus à l’étage au-dessus : ils entamaient tranquillement leur descente des deux dernières volées de marches (…)
Le chien noir la regardait fixement, sans gronder, en silence, de sers petits yeux aussi mortels que des balles – et ce silence était presque pire que si l’animal avait émis un son. Il se tenait immobile au seuil de la cuisine, sa gueule ouverte, langue pendante, évoquant pour Judith maints films d’horreur où les chiens noirs abondaient : Le Masque du démon, Sinister, Le Chien des Baskerville … Pas à dire, elle avait le choix.
Niveau de satisfaction :
(4 / 5)