Birnam Wood – Eleanor Catton

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2023 (Birnam Wood)
Date de publication française :
2024 – Buchet-Chastel
Traduction (anglais Nouvelle-Zélande) :
Marguerite Capelle
Genres : Thriller politique, roman noir
Personnages principaux :
Mira Bunting, horticultrice – Robert Lemoine, milliardaire sans scupules – Tony Gallo, militant anti-capitaliste

À Christchurch en Nouvelle-Zélande, Birnam Wood est le nom d’une association locale qui crée des jardins bio et durables dont la production bénéficie aux gens les plus démunis. Mais l’association n’a pas de terrains, elle plante dans des friches, des lieux publics, mais aussi sur des terres privées à l’insu des propriétaires. Mira Bunting est la fondatrice de l’association, c’est elle qui s’occupe de trouver les espaces qui deviendront des jardins. C’est en prospectant sur le site d’un projet de lotissement abandonné qu’elle se retrouve nez à nez avec le futur propriétaire : Robert Lemoine, milliardaire à la tête d’une importante société de fabrication de drones. Après un premier échange tendu et plein de surprises, Lemoine accepte que Mira cultive un jardin en cet endroit et même mieux : il se propose de le financer. Ce n’est pas tant l’intérêt qu’il porte à ces plantations de légumes, c’est plutôt qu’il y voit une bonne couverture pour son propre projet d’une tout autre dimension, mais bien sûr Mira l’ignore.

L’intrigue démarre gentiment en nous montrant les activités d’une bande de jeunes qui jardinent où ils le peuvent. Ils sont anti-capitalistes, idéalistes, avec des idées de partage et d’entraide. Entre eux il y a des discussions animées, parfois des désaccords et des fâcheries. L’arrivée du milliardaire Lemoine va changer radicalement leur quotidien. Il paraît ouvert et sympathique, il est apprécié et il apporte l’argent qui permettrait à l’association d’atteindre une dimension plus importante. Mais cet homme se livre à une autre activité, secrète et illégale, qu’un des membres de Birnam Wood va découvrir. L’intrigue s’accélère alors et le récit vire à la fois au thriller haletant et au roman noir dans une partie finale assez terrifiante.

Les personnages sont complexes. Les filles de Birnam Wood (Mira et sa copine Shelley) passent de l’enthousiasme au doute, elles sont changeantes et pleines de contradictions. Tony Gallo est un militant anti-capitaliste engagé, mais son discours enflammé passe mal auprès des autres membres de l’association. Lui n’est pas sensible au charisme du milliardaire et il est bien déterminé à découvrir ce qu’il cache, mais il n’a pas la puissance et les ressources de son ennemi. Le riche Robert Lemoine a un grand sang-froid et ne se détourne jamais de son objectif, quel que soit le prix à payer pour l’atteindre. À travers ce personnage cynique et manipulateur, l’autrice montre l’appropriation sans scrupules des ressources naturelles par les ultra-riches.

Birnam Wood est un roman étonnant avec une intrigue originale et des personnages solides. Il débute comme une gentille fable écologiste et se termine en un crescendo impitoyable en tragédie dans la plus grande noirceur. C’est un thriller politique dense et captivant.

Extrait :
Non : les millions agités par Lemoine paraîtraient désormais aussi offensants qu’obscènes, une façon de bafouer la mémoire de son mari, un affront envers elle. Elle ne se contenterait pas de revenir sur la vente, ce qui était encore tout à fait en son pouvoir : elle le traînerait très probablement en justice. L’affaire ferait la une des journaux. Ils passeraient des années à faire des allers-retours dans les tribunaux. Ce serait public, ce serait délétère, et ça ferait : un foin d’enfer. Et qu’adviendrait-il pendant ce temps là de la mine de Korowai, des mercenaires qui attendaient ses instructions, de tout leur matériel de traitement, et surtout, de ce filon mère de terres rares ? Non, se dit à nouveau Lemoine, secouant la tête de façon quasi imperceptible, le
menton posé sur les cheveux de Mira, Non : il ne pouvait pas risquer que Jill Darvish découvre la vérité »…, ce qui signifiait que la vérité allait devoir changer.

Niveau de satisfaction :
4.3 out of 5 stars (4,3 / 5)

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