Je pleure encore la beauté du monde – Charlotte McConaghy

Par Raymond Pédoussaut

Date de publication originale : 2021 (Once There Were Wolves)
Date de publication française :
2024 – Éditions Gaïa
Traduction (anglais Australie) :
Marie Chabin
Genres : Écologie, roman noir
Personnage principal :
Inti Flynn, responsable du programme de réintroduction du loup en Écosse

Inti Flynn est Australienne et biologiste. Elle est responsable du Cairngorms Wolf Project, programme dont le but est la réintroduction du loup en Écosse. Lors de la présentation du projet à la population locale, l’équipe se heurte à l’hostilité des éleveurs qui ne comprennent pas qu’on veuille réintroduire des prédateurs dont leurs ancêtres ont risqué leur vie pour s’en débarrasser et qui vont maintenant de nouveau menacer leurs troupeaux. Quand Inti retrouve un homme mort en forêt affreusement mutilé, elle sait que les loups seront décrétés coupables. Pour les sauver, elle décide d’enterrer le corps et de ne rien dire. Mais si les loups sont hors de cause, qui a tué cet homme de cette horrible façon ? Inti va chercher à le savoir.

Inti a une sœur jumelle, Aggie, qui est mutique et reste cloîtrée dans sa maison. Inti doit s’occuper d’elle, devenue dépendante à la suite d’un violent traumatisme dont on ne connaîtra la teneur qu’en fin d’ouvrage. Aggie ne parle plus, les deux sœurs communiquent par un langage de signes inventé par Aggie. Les deux sœurs ont des relations fusionnelles exclusives décuplées par le fait qu’Inti est sujette à la synesthésie visuo-tactile. Il s’agit d’une affection neurologique qui fait qu’elle ressent physiquement ce qu’elle voit : elle est les autres pendant quelques instants, eux et elle ne font qu’un et leur douleur ou leur plaisir devient le sien.

Inti voue aussi une vraie passion aux loups. Elle a toujours voulu percer leurs secrets. Elle est fascinée par leur système de communication. Elle pense qu’ils peuvent sauver les forêts en rééquilibrant l’écosystème, comme ils l’ont fait aux États-Unis dans le Parc national de Yellowstone. Quand ils sont accusés à tort d’avoir tué un homme, elle n’hésite pas à faire disparaître le cadavre qui pourrait les accuser.

Un autre thème imprègne ce roman : les violences faites aux femmes. L’autrice montre des femmes qui vivent dans la peur sous l’emprise de maris violents sans que personne ne fasse quoi que ce soit pour les protéger.

Je pleure encore la beauté du monde est une fiction dense, écologique et féministe, elle aborde des thèmes aussi variés que l’équilibre de l’écosystème, la gémellité et les violences faites aux femmes. C’est un beau roman, plein d’émotions.

Extrait :
Des pancartes ondoient au milieu d’une clameur de mécontentement. Jusqu’à présent, Evan avait réussi à contrôler la salle mais le vent est en train de tourner rapidement.

Je me lève.
— Ce qui est dangereux, dis-je, c’est la propagation injustifiée de la peur.
L’éleveur se tourne vers moi, imité par une centaine d’autres visages. Sur la scène, le soupir exaspéré d’Anne aurait pu être drôle, dans d’autres circonstances.
— Si vous pensez réellement que les loups sont des bêtes sanguinaires, c’est que vous êtes aveugle. Parce que c’est nous qui sommes comme ça. C’est nous qui tuons les gens, les enfants. C’est nous les monstres.
Je me rassieds dans un silence pesant. Le froid paraît soudain plus mordant dans l’auditorium.

Niveau de satisfaction :
4.3 out of 5 stars (4,3 / 5)

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