L’Ombre – Franck Ollivier

Par Michel Dufour

Date de publication originale : 2023 (Albin Michel)
Genre : Thriller
Personnage principal :
Nicholas Foster, profileur du FBI

Après les cent premières pages, j’ai failli abandonner le roman : cent pages pour décrire quelqu’un, c’est un peu long, même si le livre compte près de 600 pages. Puis, je me suis intéressé à ce personnage principal, le profileur Nicholas Foster, même s’il n’est pas très sympathique, parce qu’il semble brillant et supplanter tous les profileurs du FBI. Enfin, l’enquête finit par décoller.

Un tueur en série,  le prêtre Patrick Hollmann, a massacré plusieurs jeunes femmes au Wisconsin, en Indonésie (où il avait été envoyé par le Vatican) et à Rome. Il est instruit, brillant, charismatique; il séduit d’ailleurs son jeune admirateur Nicholas Foster, qui deviendra écrivain et profileur, et qui racontera d’ailleurs une partie de sa vie. Un seul problème, Hollmann a tendance à se prendre pour Dieu et à considérer l’accomplissement d’un meurtre comme la plus haute expression de la liberté, donc comme un acte voulu par Dieu. Il ira même jusqu’à tuer la conjointe de Nicholas. Exécuté en 1998, on découvre une quinzaine d’années plus tard une jeune femme, Myriam Lehren, assassinée et mutilée selon un modus operandi qui rappelle les victimes de Hollmann, y compris l’insertion dans son utérus d’une petite statuette de la méchante divinité indonésienne de Leyac.

Ce crime est bientôt suivi du meurtre de la journaliste Gina Bartoli qui préparait une série d’articles dévastateurs contre Foster. Elle est massacrée à son tour après une nuit passée avec Foster, qui devient le principal suspect, ce qui fait l’affaire des dirigeants du FBI qui souhaitent se débarrasser de lui. Seule son adjointe Michelle Ventura le soutient et continue l’enquête. Ce thème du poursuiveur poursuivi est habilement traité par Ollivier.

L’auteur ne manque pas de souffle et sait comment susciter l’intérêt. Il cède comme plusieurs à l’attrait pour le gore, mais on peut sauter aisément ces descriptions complaisantes. Ce qui m’agaçait un peu au cours de ma lecture, c’est l’ensemble des notions psychologiques pseudo-freudiennes qui cherchent à expliquer la supériorité de Foster comme profileur, sa capacité à se transporter dans la tête du tueur, qui n’a rien à voir avec les méthodes courantes. Tant que ces « explications » restent au second plan, ça reste supportable. Malheureusement, la finale semble montrer que cet aspect du roman importait plus à l’auteur que l’enquête proprement dite.

Extrait :
Pour la première fois, la vision d’un corps (Gina) le fragilisait intérieurement. Il avait été bouleversé par la vue de la dépouille de Lisa, mais les images avaient créé un choc existentiel plus qu’émotionnel, et le sentiment que ce meurtre avait changé sa vie avait pris le pas sur le traumatisme. Quant aux autres, toutes ces victimes qu’il avait observées minutieusement au cours de sa carrière, s’il ressentait leur douleur avec une acuité et une précision aiguës, c’était une sensation qui atteignait son cerveau, ses tripes parfois, mais jamais son cœur.
Sa véritable curiosité et son authentique empathie allait aux tueurs. C’était son inavouable secret. Il n’y pouvait rien (…).
Qui étaient-ils pour commettre ces horreurs que l’on qualifiait stupidement d’inhumaines? Quelles souffrances éprouvaient-ils pour avoir besoin de faire souffrir ? Pour trouver leur catharsis dans le crime ?

Niveau de satisfaction :
3.9 out of 5 stars (3,9 / 5)

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