Par Raymond Pédoussaut
Date de publication originale : 2024 – Albin Michel
Genre : Thriller
Personnage principal : Lisa Leroy, assistante médicale et chroniqueuse littéraire
Lisa Leroy menait une vie tranquille : elle était assistante médicale dans une clinique de chirurgie esthétique pour gens riches et elle tenait sur les réseaux sociaux une modeste chronique littéraire. Elle était méprisée et souvent humiliée dans son travail, ses chroniques avaient un petit succès sur internet. Tout va changer avec le passage d’une mystérieuse dame en noir qui va lui proposer une autre vie. La dame en noir est Hazel Caine, agent de personnalité, qui se targue de fabriquer des stars de réseaux sociaux et de leur faire gagner beaucoup d’argent à condition de faire exactement ce qu’elle leur demande. Dans un premier temps Lisa refuse, mais Hazel Caine finit par la convaincre avec des arguments forts. Lisa devient donc une influenceuse connue, mais le prix à payer pour obtenir le succès est considérable.
Dans ce livre, Patrick Bauwen traite un sujet dans l’air du temps : le monde des influenceurs qui est avant tout celui des influenceuses. Leur rôle est de faire vendre les produits (de mode, beauté, tourisme, voyages …). Pour cela, elles créent des contenus, tels que vidéos, photos, commentaires, qui donnent à leurs followers[1] l’envie d’acheter. Certaines sont très bien payées pour cela. Bref, c’est la publicité moderne. Lisa Leroy, le personnage principal du roman devient ainsi une influenceuse importante passant en quelques jours de 260 followers à plus d’un million. Mais une si grande visibilité entraîne aussi son lot de haters[2]. Certains d’entre eux vont aller jusqu’au meurtre pour satisfaire leur haine. En plus de sa toute nouvelle célébrité, Lisa a la malchance de ressembler à une autre influenceuse dont la mort est restée suspecte. Ce qui lui vaut d’être enlevée par la mafia en plus de plusieurs agressions physiques.
La vie d’influenceuse vue par Bauwen n’est pas vraiment de tout repos ! Il y a beaucoup d’ingrédients dans ce roman : l’univers des influenceuses, un malade mental manipulé par un nain pervers, la mafia, le mauvais œil, un homme étrange appelé le rat blanc, des romances entre jeunes, des romances entre vieux. D’où l’impression que l’auteur a tellement corsé la recette que le plat en devient quelque peu indigeste.
À noter que tous les rôles principaux sont tenus par des femmes : les influenceuses, les femmes d’affaires, les médecins, même la sécurité est assurée par une femme. Les quelques hommes qui apparaissent sont soit des détraqués, soit des rôles de second plan.
Ce roman n’est pas une analyse profonde du monde des influenceuses sur internet, bien que ce microcosme soit décrit dans le cadre des aventures trépidantes d’une influenceuse qui n’en demandait pas tant. Le livre de Bauwen se place dans le domaine de la distraction plus que dans celui de l’étude sociale.
[1] Un follower est une personne qui suit les publications d’une autre personne sur les réseaux sociaux. On peut l’assimiler à un supporter ou un disciple.
[2] Haters désigne en anglais les personnes qui, en raison d’un conflit d’opinions ou parce qu’ils détestent quelqu’un ou quelque chose, passent leur temps à dénigrer des célébrités, des émissions de télévision, des films …
Extrait :
Si la chance pouvait tout vous donner, la malchance pouvait tout vous reprendre.
Sauf qu’on aurait dit qu’il y avait ici à l’œuvre quelque chose de plus sombre, de plus hideux, de plus malveillant. Un ou plusieurs individus, quelque part, avaient décidé que la malchance, ce serait eux. Ils s’étaient arrogé le droit de remettre les pendules à l’heure, d’incarner le destin et de frapper les orgueilleux mortels, tels de petits dieux jaloux les remettant à leur place. Et ils signaient leurs forfaits.
Évidemment, de tels individus ne pouvaient être que des grands malades, ou de pauvres types entraînés par un groupe. Mais après tout pourquoi pas ? Quand on possédait des millions de followers et de haters, n’était-il pas statistiquement probable que certains d’entre eux soient complètement détraqués ?
Niveau de satisfaction :
(3,9 / 5)